Emilian Broë est un sélectionneur comblé. Ses protégées ont ramené le titre de Championne du Monde, par l'intermédiaire de Julie Bego, à l’issue d’une course collective exceptionnelle de la part de l’équipe de France. “Je n’ai même pas donné une consigne parce qu’elles ont tout fait à la perfection. Je leur ai juste dit que j’étais fier. Le plan qu’on a construit depuis un mois s’est mis en application. J’ai juste envie de savourer ces moments-là”, apprécie le sélectionneur national au micro de DirectVelo.

« ON A SOUFFERT DANS LES DEUX PREMIERS TOURS »

La course est partie sur un rythme rapide. Après un tour, plus de la moitié des concurrentes étaient déjà lâchées. Pour les Bleues, Ema Comte a mis quelques banderilles dans les deux premiers tours mais sans réussir à faire la différence. “On a souffert dans les deux premiers tours”, reconnaît Célia Gery. Julie Bego a testé une première fois ses jambes dans la Montrose Street, juste avant la fin du deuxième tour. Ce qui n’était pas forcément prévu. “Je lui avais dit de rester un peu plus en retrait dans un premier temps pour observer”, reconnaît Emilian Broë.

C’est finalement dans l’avant dernier tour qu’elle a porté son attaque décisive, en deux temps. Quand elle accélère à 22 kilomètres du but, seules Fleur Moors (Belgique), Awen Roberts (Grande-Bretagne) et Célia Gery parviennent à la suivre. “C’était la situation idéale pour nous”, dit l’Ardéchoise. Mais le surnombre est de courte durée. Julie Bego est déchaînée et ressort dès la bosse suivante. “Ça s'est fait instinctivement, assure Célia Gery. On n’a pas eu le temps de réfléchir. Elle en a remis une, c’est ce qu’il fallait faire car tout le monde était cramé. Les autres étaient à la limite, elles l’ont laissé partir”.

« ON ÉTAIT EFFICACE POUR LES GÊNER »

Il reste alors 21 kilomètres et une autre course commence pour les Françaises encore présentes à trois dans un groupe de treize éléments. Célia Gery protège à merveille sa compatriote, elle ne quittera plus les trois premières positions jusque dans le final. “C’était difficile car il y avait des Britanniques, des Italiennes… Ce n’était pas facile à gérer quand même”. Julie Bego reste longtemps avec une avance d’une quinzaine de secondes. “Parfois, on la voyait. J’avais très peur”, sourit Celia Gery. De son côté, Emilian Broë se montre rapidement optimiste. “Chez les Juniors Femmes, il n’y a pas besoin d’avoir un gros écart. Quand elle a attaqué, c’était tellement tranchant et bien réalisé que j’étais confiant”.

Mais pour Célia Gery, leurs adversaires ont compris que le titre leur avait échappé à cinq kilomètres de l’arrivée. “On était efficace pour les gêner”. Et ce n’est pas l’attaque de Fleur Moors dans l’ultime ascension de la Montrose Street qui allait changer quelque chose avec un retard de 30 secondes. “Je n’avais plus rien pour y aller mais Titia (Ryo) n’était pas loin. Je pensais à Julie, j’avais confiance en elle”, indique Célia Gery.

« UN TRUC DE OUF »

Ce samedi, il n’y avait pas cinq individualités mais une vraie et belle équipe de France. “Je savais que c’était des filles exceptionnelles, qu’elles avaient un gros potentiel physique et en plus elles ont la tête, rapporte Emilian Broë. On a eu le droit à des filles qui sont arrivées dans une condition physique exceptionnelle”.

Et avec une seule idée en tête, faire gagner l’équipe de France. “On avait un fort collectif et c’est ce qui a fait notre réussite”, dit Titia Ryo. “On est soudées sur et en dehors du vélo. C’était une chouette expérience, une chouette victoire. On a passé de super moments ensemble. Julie ramène le titre à la maison. On vit un truc de ouf”, savoure Elyne Roussel. “Julie est quelqu’un qui croit en ses rêves et fait tout pour les réaliser. Elle est toujours positive”, confie Ema Comte. “C’est cool que ce soit elle, et on prend toutes ce maillot pour nous”, conclut de concert les coéquipières de la toute nouvelle Championne du Monde.