Kasper Borremans, mi-Belgique, mi-Finlande, mais complètement Bahrain
Sous la tunique blanche et bleue de l’équipe de Finlande, à l’occasion du contre-la-montre du Championnat d’Europe Juniors, Kasper Borremans n’a pourtant pas le nom de l’emploi. "Mon papa est belge et parle néerlandais. Je dois encore améliorer mon néerlandais mais je me débrouille bien, c’est vrai. Je parle finlandais, anglais et néerlandais", raconte le principal intéressé, dont la mère est elle finlandaise. Mais c’est bien dans les pas de son père qu’il pratique le sport de haut-niveau. "Mon père a fait du triathlon. Mon rêve est de pouvoir faire quelque chose dans le cyclisme. Je ne sais pas vraiment d’où j’ai attrapé le virus. Mon idole est Tom Pidcock, sourit-il. Je ne me mets pas de pression particulière et je ne pense pas qu’être attendu m’en mettra davantage".
Mais pourtant, c’est en Finlande qu’il trouve le principal de sa notoriété. "Je pense tout de même être un peu plus connu en Finlande mais je connais de plus en plus d’intérêt “médiatique” en Belgique. J’habite en Finlande car j’ai encore deux années d’études là-bas. Je ne viens en Belgique que pour les courses. Je loge alors chez Francis (Van Mechelen, manager de Cannibal, NDLR)". Justement, c’est ce dernier qui lui a mis le pied à l’étrier de Cannibal B Victorious, anti-chambre de Bahrain-Victorious. "Je connais son papa depuis quelques années. Kasper faisait surtout du triathlon et du “triathlon d’hiver” composé de VTT et de ski cross-country. J’ai vu qu’il était bon et je lui ai proposé un stage en février avec nous à Calpe. Il n’avait comme expérience que quelques courses en Finlande. Là-bas, en stage, j’ai programmé un test, une course sur une ascension de 8 kilomètres".
« C’EST ICI QU’ON S’ARRÊTE ? »
Et voilà comment l’histoire commence. Débutant, et sans avoir de grandes références dans les jambes, Kasper Borremans impressionne le manager. "On s’attendait à ce que Jack (Mackohon), notre grimpeur américain, arrive en première position. Mais c’est Kasper qui arrive en premier, c’était incroyable. Il arrive en haut et il demande en étant encore tout frais : « c’est ici qu’on doit s’arrêter ? », alors que tous les autres qui sont arrivés ensuite ont dû se coucher au sol pour récupérer de l’effort", rigole Francis Van Mechelen. Par effet de ricochet, Bahrain-Victorious entre dans le répertoire de celui dont le grand-père habite près de Bruxelles, et la tante à Louvain. "Le contraste était énorme. J’ai très vite appelé Bahrain. Je leur ai dit « j’ai un coureur spécial ici. Ce serait bien que tu le testes »".
Bahrain-Victorious entend alors l’appel et suit les recommandations du technicien belge. "Directement après le stage, on l’a envoyé en Italie au centre de test de Friuli. Il est revenu de test, et trois jours plus tard, il avait un contrat pour une durée de six ans : deux ans chez Cannibal, deux ans au Team Friuli, et deux ans dans la WorldTeam". Francis Van Mechelen et Bahrain-Victorious pensent tenir une pépite. "Il a des qualités physiques formidables. Puis, il a un potentiel de progression énorme. Il doit encore tout apprendre. Il vient d’arriver sur le vélo. Il a tendance à bien appliquer ce qu’on lui explique et ce qu’on lui apprend. On prend beaucoup de plaisir, on ne peut pas se fâcher avec un garçon comme ça. Kasper, c’est une feuille blanche, il faut encore tout écrire. La différence est immense entre lui et des garçons qui sont sur le vélo depuis qu’ils ont 7 ans. C’est très plaisant d’être l’un de ses formateurs".
« L’AN PROCHAIN SERA IMPORTANT POUR LUI »
Outre l’aspect physique, les choses simples du vélo sont encore étrangères pour Kasper Borremans. "On lui explique des choses simples comme par exemple la manière d’enfiler une veste de pluie sur le vélo. On passe aussi du temps sur des choses plus techniques comme la manière d’aborder un contre-la-montre, par exemple". Un contre-la-montre auquel il a donc participé ce mercredi, à Emmen. Sans réussite, avec une 45e place, mais des circonstances atténuantes. "Je ne suis pas satisfait de ma course. J’avais de mauvaises jambes et un nouveau vélo. Je n’ai pas pu m’entraîner dessus, c’est seulement la troisième fois que je l’utilise. Ce chrono n’était pas vraiment un objectif. Je me concentre plus sur la course en ligne, que j’ai bien préparée". Avec l’espoir de récupérer d’une chute au Keizer der Juniores. "Je suis un peu blessé au bras et à la jambe".
Vainqueur d’une étape du Tour de DMZ (3e du général), 3e de l’EX Saxo Bank Classic ou encore 9e du Watersley, entre autres, Kasper Borremans est content de sa découverte. "Ma saison s’est bien passée, tout est en ordre". Le Belgo-Finlandais va poursuivre sa progression tranquillement. "Aujourd’hui, il s'entraîne comme un Junior 1 comme un autre. Il peut aussi se développer en prenant du muscle. Maintenant, dans sa famille, on fait énormément de sports et d’activités physiques. Chez lui, on a accès à Internet que quand le temps n’est pas couvert. Du coup, ils font du sport", plaisante Francis Van Mechelen. L’année prochaine, il devra confirmer les premières promesses. "L’an prochain sera important pour lui. Il doit continuer à passer des caps à tous les niveaux. On espère qu’il gagnera plusieurs grandes courses, c’est la prochaine étape". L’une des nombreuses pour Kasper Borremans.