Craig MacLean : « Un dixième de seconde, ça peut prendre un ou deux ans »

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

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Craig MacLean, médaillé d’argent de la vitesse par équipes aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000, est depuis cinq ans entraîneur piste au Centre Mondial du Cyclisme. DirectVelo a fait le point avec le Britannique sur son travail et les défis qui s’annoncent en vue de Paris 2024.

DirectVelo : Quel est ton bilan après cinq ans au Centre Mondial ? 
Craig MacLean : Il y a toujours des changements et des défis. J’ai pu établir le programme comme je le souhaitais. C’est très important d’avoir des athlètes sur le long terme. Les progrès peuvent être très lents. Même un dixième de seconde, ça peut prendre un ou deux ans.

Ton plus beau fleuron, Nicholas Paul, a obtenu plusieurs médailles au Championnat du Monde. La prochaine étape est la breloque olympique. Que lui manque-t-il pour rivaliser avec la référence du sprint, Harry Lavreysen ?
L’écart se réduit de plus en plus entre eux. Nicholas a subi un accident horrible l’année dernière. Décrocher une médaille d’argent au Mondial moins de dix mois après, en ayant passé un mois à l’hôpital, c’était un retour incroyable. Aux Jeux, il sera encore mieux. On croise les doigts pour que tout se passe bien. C’est un moment excitant pour le Centre Mondial du Cyclisme.

Quel sera le programme de tes coureurs qui visent les Jeux Olympiques ?
Il faut toujours qu’on se qualifie. Pour y arriver, il y a la Coupe des Nations. Ils doivent faire des minima à la Coupe des Nations. Nous en avons une manche en Australie, une à Hong-Kong et une à Milton au Canada. Ce sont beaucoup de voyages. Ça commence ce week-end. Au-delà de ça, ils font les Championnats continentaux. Par exemple, Nicholas Paul doit aller à Los Angeles et c’est une semaine avant le Canada. Malgré tous ces importants voyages, il faut quand même s’entraîner. C’est un début d’année chargé. En mai, les courses seront finies et nous aurons un stage ici, à Aigle. Puis nous irons à Hyères en France pour s’entraîner là-bas pendant une courte période. On passera plus de temps sur une piste plus longue juste avant les JO car l’anneau à Aigle ne fait que 200 mètres.

« HARRY LAVREYSEN EST UN ATHLÈTE PHÉNOMÉNAL »

Toi qui as été un sprinteur de haut niveau, considères-tu Harry Lavreysen comme le meilleur sprinteur de tous les temps ?
Harry est le coureur le plus rapide de tous les temps. C’est un athlète phénoménal. Mais il y a eu l’évolution des équipements et la climatisation, ça joue un rôle. Si tu le propulses dans des conditions similaires vingt ans en arrière, peut-être que ce serait différent. Ma dernière Coupe du Monde en tant que coureur remonte à fin 2008. C’est amusant de comparer avec les courses de maintenant, elles paraissent tellement lentes. L’équipement et les combinaisons des athlètes ont évolué. Les braquets sont devenus phénoménaux. La transition est plus facile entre le fait d’être fort en musculation et être capable de pousser les plus gros développements. Ça nécessite plus de force. Avant, il y avait un grand écart entre le fait d’être musclé et de faire du 150 tours par minute. De plus, la plupart ont une meilleure compréhension de l’aérodynamique. Quand j’étais coureur, il y avait beaucoup de mouvement sur le vélo et on sait que maintenant, il n’y en a plus du tout quand tu vas à plus de 75 km/h… Ça a un gros impact.

Penses-tu que c’est une bonne idée de regrouper les stars du sprint à la Ligue des Champions ?
C’est une situation difficile. Un certain nombre de coureurs ne veulent pas participer à la Ligue des Champions car ça peut avoir des conséquences pour les Jeux Olympiques, avec du temps d’entraînement en moins, les voyages… C’est difficile de trouver cet équilibre parfois. La piste ne sera jamais considérée comme la route, nous devons l’accepter. La Ligue des Champions permet d’avoir plus de possibilités de sponsors. Mais ce ne sera jamais un sport grand public.

Pour le moment, l’Afrique n’est pas encore présente dans les premiers rôles sur la piste. À quand une amélioration ?
Le talent est grand en Afrique mais il y a un manque de structures. Il n’y a pas beaucoup de vélodromes. Même si tu es bon sur la piste, tu es plus orienté vers la route, c’est dur d’être supporté par sa fédération pour progresser sur la piste. Ce n’est pas qu’un problème africain. C’est très difficile d’attirer des athlètes sur la piste pour les tester.

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