Pourquoi cette « anti-course » au Tour des Alpes-Maritimes ?
Un décor de rêve, pour l’un des plus beaux départs de la saison, en bord de mer, sous le doux soleil hivernal de Villefranche-sur-Mer avant d’attaquer directement le mythique Col d’Eze puis de s’enfoncer dans les terres. Un plateau intéressant avec les collectifs d’Arkéa-B&B Hôtels, de Decathlon AG2R La Mondiale, de Groupama-FDJ, d’Israel-Premier Tech ou du Team dsm-firmenich - liste non-exhaustive - prêts à jouer sur leur force collective. Une étape courte (131 km), au parcours musclé, pour rendre le scénario indécis et imaginer une multitude d’offensives. Et à l’arrivée, un groupe imposant qui se joue la victoire d’étape et le classement général final dans les rues de Vence.
“C’est un peu décevant. L’an dernier, les coureurs avaient vraiment exploité la course. Cette année, ça a été une anti-course jusqu’à la dernière ascension”, regrette Romain Bardet, offensif dans le final samedi, et frustré par l’étape dominicale. “On a pris l’initiative de durcir la course avec Thomas (Champion) dans Châteauneuf mais ensuite, c’était compliqué”, confirme Anthony Perez. Son leader Guillaume Martin était lui aussi fataliste après l’arrivée. “Sur deux jours, un général ne se joue à rien. Tout le monde a peur de se dévoiler. Le parcours n’était pas assez difficile”. Le parcours, vraiment ? Romain Bardet va dans le même sens. “Les 50 derniers kilomètres n’étaient pas propices. L’an dernier, tout le monde était plein de bonnes intentions. Finalement, ça s’était regroupé à 50 bornes de l’arrivée. De Carros à Saint-Paul-de-Vence, ce n’est pas très favorable aux échappés. Cette année, tout le monde était plus sur la défensive. Après, c’était plus une course stratégique. Et finalement, c’est un sprint…”.
FATALISTES DANS LE FINAL
Romain Grégoire faisait, comme les coureurs cités précédemment, partie des favoris à la victoire sur ce Tour des Alpes-Maritimes (2.1). Et lui aussi est resté sur sa faim. “Je suis forcément déçu et frustré. Je ne m’attendais pas à une course comme ça. On n’a pas l’habitude que ça coure comme une course Juniors. À la fin, ça se joue à des petits détails et ça n’a pas tourné en notre faveur. Je ne pensais pas qu’on pouvait faire grand-chose d’autre vu le scénario de course. Il fallait juste être patient et espérer avoir la giclette au sprint”.
Si le puncheur de la Groupama-FDJ, comme Romain Bardet ou Guillaume Martin, a fini par se résoudre à ce scénario, d’autres l’ont souhaité. L’équipe Decathlon AG2R La Mondiale a, en effet, parfaitement joué le coup en envoyant d’abord Nans Peters en éclaireur, avant de ramener les derniers attaquants et de favoriser une arrivée au sprint. “Heureusement pour moi, le scénario a plutôt joué en ma faveur, explique Benoît Cosnefroy, parce que des Romain Grégoire ou Romain Bardet ne se sont pas isolés à l’avant comme hier (samedi)”. Bingo pour le Normand et la WorldTeam savoyarde, qui réalise le doublé avec Aurélien Paret-Peintre (voir classement), lauréat dans la même ligne droite il y a un an.
PAS SUFFISAMMENT DE MOUVEMENT
Rémi Capron (Van Rysel-Roubaix) bien qu’il ait tenté en cours de route, n’était pas mécontent de cette arrivée groupée. “J’ai fait les bons efforts au bon moment donc ça pouvait faire un bon résultat. Un Top 10, c’est bien pour l’équipe”. Du côté de la formation TotalEnergies, on avait cherché à éviter le sprint. En vain. “Alan (Jousseaume) a fait le début de course puis on a essayé de relancer”, explique Matteo Vercher pour DirectVelo. Ce dernier a attaqué dans la côte de Châteauneuf. “Je pensais qu’il allait y avoir plus de mouvement. Le but était d’avoir un coup d’avance pour aider les mecs dans le final. Finalement, un groupe de contre s’est formé mais il y a eu une mésentente…”.
Chez Arkéa-B&B Hôtels, alors que le tenant du titre Kévin Vauquelin a fait au mieux malgré ses blessures, c’est Ewen Costiou qui a été le plus entreprenant, passant de longs kilomètres en tête. Le Breton a été la menace la plus sérieuse pour les hommes à la plus belle pointe de vitesse. “Mais Romain Grégoire a tout ramené, je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça…”, pestait-il à chaud (lire ici). Et le dernier mot est donc revenu à Benoît Cosnefroy. “Il n’a pas bougé de l’ascension… C’est dommage qu’on n’ait pas exploité les belles difficultés qu’il y avait en début d’étape pour faire une course de mouvement. Mais je suis très content pour lui”, conclut Romain Bardet.