Nice attend son feu d’artifice
Il s’est (déjà) passé énormément de choses, cette semaine, sur les routes de Paris-Nice. Une météo qui joue les trouble-fête lors du chrono par équipes, des favoris qui se neutralisent au Mont Brouilly, trois outsiders qui prennent une belle option sur le général sous la pluie de la Colle-sur-Loup, et un suspense encore total avant l’ultime journée de course. Autant dire que le meilleur est très certainement à venir. Alors que Tadej Pogacar avait laminé la concurrence l’an passé - trois victoires d’étapes lors des quatre dernières journées de course -, ils sont cette fois-ci encore au moins quatre à rêver d’accrocher « la Course au Soleil » à leur palmarès dans moins de 24h. Et bien malin qui pourrait affirmer ce samedi soir qui l’emportera sur la Promenade des Anglais.
MATTEO JORGENSON ET MATTIAS SKJELMOSE SEMBLENT SÛRS DE LEUR FORCE
Mieux placé sur le papier, Brandon McNulty se lancera au départ de la dernière étape avec la tunique jaune sur les épaules. Un paletot qu’il a bien failli abandonner ce samedi dans les dernières rampes de la Madone d’Utelle après avoir montré des signes de faiblesse. “Ce n’était pas une étape longue mais ça s’est couru à bloc de bout en bout. Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, je ne me sentais pas très bien à la fin. J’ai eu froid et je n’avais plus les jambes mais je me suis arraché jusqu’au bout”. Pour sauver le maillot pour quatre secondes. L’Américain d’UAE Team Emirates n’a pas fait le plus dur, et il en a parfaitement conscience. “Normalement, les parcours comme celui de demain me conviennent mieux qu’une longue arrivée au sommet comme aujourd’hui. Mais ce sera difficile”.
Pour Brandon McNulty, la plus sérieuse menace se nomme Matteo Jorgenson (Visma Lease a Bike), son compatriote américain. L’ancien sociétaire du Chambéry CF est très en jambes et semble particulièrement confiant. “J’y crois pour demain. Ce sera l’étape la plus difficile et tout peut encore arriver”. En termes de confiance, Mattias Skjelmose n’est pas en reste. Le Danois, vainqueur vendredi, s’est senti plus fort que jamais lors de cette avant-dernière étape. “J’ai hâte d’être sur cette dernière étape. J’ai l’impression d’être dans la forme de ma vie. Je n’ai jamais aussi bien récupéré au fil des étapes que cette semaine. Lorsque Remco (Evenepoel) a attaqué dans le final, j’aurais pu y aller mais j’ai simplement préféré laisser les autres faire l’effort”, relate après coup le leader de l’équipe Lidl-Trek. Même chose lorsque le maillot jaune a craqué. “J’étais derrière lui et je n’ai eu aucun mal à faire le saut sur le groupe devant”.
ALEKSANDR VLASOV PREND SA PART DU GÂTEAU
2e ce samedi, Remco Evenepoel n’est toujours pas parvenu à lâcher ses principaux rivaux. Et après avoir laissé filer Santiago Buitrago et Lucas Plapp mercredi, puis Mattias Skjelmose, Matteo Jorgenson et Brandon McNulty vendredi, c’est cette fois-ci Aleksandr Vlasov qu’il a vu s'envoler vers le succès d’étape dans le final (voir classement). Malgré tout, le Champion de Belgique est remonté à la 4e place du général, à 36 secondes du leader. Et, dans le fond, personne ne serait surpris de le voir renverser la table ce dimanche en partant, pourquoi pas, loin de l’arrivée. “Il reste encore une possibilité, ce n’est pas fini”, a-t-il d’ailleurs promis après l’étape.
En attendant, un Russe peut en cacher un autre et c’est donc Aleksandr Vlasov qui a pris sa part du gâteau, ce samedi, en succédant à son compatriote Ilnur Zakarin sur les hauteurs d’Utelle. Après Santiago Buitrago puis Mattias Skjelmose, voilà un autre outsider initial de la course qui enlève son étape. “C’est génial de gagner ici, sur une étape de l’une des courses les plus prestigieuses du calendrier. Qui plus est sur mes routes d’entraînement”, se félicite celui qui n’avait pas véritablement imaginé un tel scénario au pied de la montée finale. “L’idée était plutôt de jouer l’étape pour Primoz (Roglic) ou de suivre moi-même les coups mais une occasion s’est présentée à un moment donné, j’y suis allé et c’était finalement la bonne”. Le duo russo-slovène de la BORA Hansgrohe devrait, lui aussi, avoir son mot à dire sur ce dernier acte de la semaine, même si les deux hommes sont relativement loin au général et que le Slovène explique à qui veut bien l'entendre qu'il n'est pas encore au top de sa condition physique. La part tactique pourrait jouer un rôle important sur cet ultime rendez-vous de la semaine et la présence dans la voiture de la WorldTeam allemande d'un fin tacticien en la personne de Patxi Vila, pourrait aider. L'Espagnol avait lui-même terminé 2e d’un Paris-Nice pour… 9 secondes. C'était en 2006. L’écart sera peut-être encore plus mince demain après-midi.