Louka Lesueur : « Je n'ai jamais lâché l'affaire »
Louka Lesueur l'attendait depuis plus d'un an ce moment et cette ambiance. Animateur de la première échappée du Championnat de France Amateurs, le coureur du VC Rouen 76 a eu les frissons sur le circuit ensoleillé de Saint-Martin-de-Landelles. "J'étais transcendé dans l'échappée, pour un retour au premier plan, en Normandie. J'avais des centaines d'encouragements, ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça", commente-t-il pour DirectVelo.
INCAPABLE DE FINIR UNE TOUTES
Sa mission était de ne pas rater l'échappée. "Je ne suis venu que pour ça", glisse-t-il. Et sur la ligne de départ de Saint-Hilaire-du-Harcouët, il était le représentant de son club envoyé au premier rang. Sur le tronçon entre le départ et le premier passage sur la ligne, il fait partie des premiers à fausser compagnie au peloton avec Victor Jean (VC Villefranche Beaujolais), Thomas Bibet (Océane Top 16), Louis Dudek (Hexagone-Corbas Lyon Métropole) et Benjamin Marais (Vendée U). D'autres coureurs vont faire le saut au fur et à mesure de la course mais le Normand affiche une belle santé. "Quand j'ai vu que des équipes mettaient à rouler, ça nous avantageait qu'elles roulent le plus possible alors j'ai relancé l'échappée. Dans le final, il y avait Chaussinand qui était un des favoris, Jean-Phi(lippe Yon, le DS de Rouen, NDLR) ne voulait pas que j'emmène quelqu'un pour faire 2e, on ne voulait que gagner".
Son aventure devant le peloton se termine à 40 kilomètres de l'arrivée. "J'ai rempli ma mission", souligne-t-il. Il y a un an, Louka Lesueur terminait 11e de la Nocturne d'Abbeville (voir sa fiche) au cœur d'une saison difficile pour l'ancien Champion de France Juniors de cyclo-cross (devant Léo Bisiaux). Affaibli par le Covid, le coureur de 20 ans a connu une saison 2023 très difficile. "J'étais au fond du trou, j'étais malade et j'ai travaillé tout l'hiver. Je n'ai jamais lâché l'affaire", dit-il. Ses prestations sont loin de celles qu'il imaginait. "Le temps est long quand tu fais douze mois de vélo sans jambes et sans être capable de finir une Toutes, quand on veut rejoindre le monde professionnel et gagner des Élites", rappelle-t-il.
LE DÉCLIC AU CIRCUIT DU MENÉ
Louka Lesueur a donc su rebondir et a su trouver du soutien. "Rouen m'a laissé tranquille, j'ai très peu couru en 2023, je n'avais aucune pression. Philippe Raimbaud, mon agent, a été d'un énorme soutien, tout comme ma médecin qui m'a sorti du trou et mon entraîneur, sans eux ça aurait été très très dur", reconnaît-il. Au bout de quelques semaines en début de saison 2024, il ressent le déclic au Circuit du Mené où il termine 6e du contre-la-montre matinal. "Les jambes étaient meilleures mais il m'en manquait encore beaucoup. L'après-midi, j'ai craqué à trois bornes de l'arrivée alors qu'il n'y en avait que 120". Mais la belle mécanique est relancée. "Chaque semaine je passe des paliers. Depuis le Tour de la Manche, je joue la gagne dans les Élites". Au point de s'imposer aux Boucles Luneraysiennes, en tête d'un tir groupé du VC Rouen 76.
Le citoyen de Saint-Ouen-du-Breuil (Seine-Maritime) se fond dans le groupe du club en tête de la Coupe de France N1. "Je suis rempli de confiance aussi grâce à notre collectif qui est incroyable. Au Tour de la Manche, j'aurais pu jouer une place anecdotique mais on venait pour gagner. On a eu de la malchance mais je me suis sacrifié à 100 %, insiste-t-il. Je sais me sacrifier avec un réel plaisir mais on sait me rendre la carte". C'était le cas deux semaines plus tard à la Route Vendéenne qu'il termine 4e, meilleur jeune, alors que son coéquipier Clément Petit remporte le général. "Depuis début mai, je suis à mon meilleur niveau depuis que je fais du vélo". Il entend encore en profiter jusqu'à la mi-juillet avec, dimanche, les Boucles de l'Austreberthe à deux kilomètres de chez lui, l'étape du Tour et le Tour des Deux-Sèvres. Avant de souffler un bon coup.