Dorian Lagrave : « Je n’étais pas sûr de pouvoir reprendre le sport »

Crédit photo Photos courses cycliste pdl

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Le 14 mars dernier, Dorian Lagrave subissait une opération du cœur à cause d’une artère mal placée. Sans cette opération, son cœur pouvait s’arrêter à tout moment. Recevoir une nouvelle pareille n’est jamais facile mais à force de persévérance, l’athlète de 19 ans a pu reprendre l’entraînement puis la compétition dimanche dernier lors de la Yellow Race où il a terminé proche du Top 10 (voir classement). Pour DirectVelo, le Pyrénéen revient sur ces mois difficiles et sa reprise du vélo.

DirectVelo : Comment ce problème d'artère au coeur  a-t-il été diagnostiqué ?
Dorian Lagrave : Vendée U et TotalEnergies nous permettent d’effectuer des tests et c’est lors de l’un d’eux, en début de saison, qu’on a vu mon anomalie. J’ai donc fait un test à l’effort et tout allait bien, mais sur l’échographie ils n’arrivaient pas à voir l’artère coronaire droite. J’ai donc passé un « coroscanner » et c’est à ce moment-là qu’ils ont vu l’artère qui était mal placée. J’étais asymptomatique même si j’avais ce problème depuis la naissance. On m’a quand même dit que j’avais de la chance car on me l’a détecté assez jeune. Le risque principal était l’arrêt cardiaque. L’année dernière, j’avais quand même réalisé le même test et la médecin avait vu mais ne m’avait rien dit. Cette année, elle a quand même voulu vérifier et après des tests plus poussés, on a pu détecter l’anomalie.

Comment as-tu vécu cette période ?
C’était très difficile d’apprendre une nouvelle pareille, surtout quand on ne s’y attend pas. Les médecins m’ont dit qu’il fallait que j’arrête tous les sports à haut niveau et le sport en général. Au début, il n’y avait pas de réelle solution. Finalement avec les médecins de Nantes, on a vu l’opportunité de l’opération. J’avais deux solutions : soit je ne voulais pas l’opération, mais je ne pouvais pas refaire de sport, soit on m’opérait, mais avec les risques que ça pouvait encourir. Quand j’ai décidé de me faire opérer, je n’étais même pas sûr de pouvoir reprendre le sport. En plus de ça, mon problème était rare et l’opération n’était pas commune donc ça a ajouté une complication.

« UN SOULAGEMENT ÉNORME »

Comment se sont déroulées l’opération et la convalescence ?
C’est allé plutôt vite, j’ai été diagnostiqué en janvier et je me suis fait opérer en mars donc ça a été assez rapide. Après l’opération, je suis resté une semaine à l’hôpital, puis je suis parti en rééducation deux semaines après autour de Pau, vers chez moi. Cette rééducation m’a fait beaucoup de bien, que ce soit mentalement ou physiquement car j’ai pu repasser des caps. J’ai compris que j’allais pouvoir recommencer le vélo à l’entraînement et en compétition. J’avais quand même du stress en attendant le verdict pour savoir si j’allais pouvoir reprendre à haut niveau mais finalement tout s’est bien passé.

Tu devais être vraiment soulagé au moment du verdict…
Oui, c’était un soulagement énorme, d’autant plus qu’ils ne se sont vraiment pas posés de questions. Tous les tests étaient bons et ils ont même dit que le chirurgien avait réalisé un boulot incroyable. Ils avaient rarement vu ça. Remettre une artère qui n’était pas au bon endroit demande une vraie expertise et je remercie le chirurgien pour son travail.

Tu as pu reprendre le vélo combien de temps après ton opération ?
J’ai directement repris pendant la rééducation. Pendant deux semaines, je faisais du vélo chez le kiné. Fin avril, je me suis mis tranquillement au home trainer en attendant la décision ferme des médecins. Je suis retourné sur la route avec des sorties d’endurance sans taper dedans. J’ai repris les entraînements intensifs début juin. Tous les médecins ont été surpris de l’évolution très rapide. Pour eux, j’allais faire une année blanche et finalement j’arrive à revenir pour la fin de saison. J’en suis très content.

« MA MENTALITÉ A CHANGÉ »

Et tu as retrouvé la compétition dimanche dernier lors la Yellow Race !
Pour une reprise, ça s’est super bien passé. C’était aussi un cap à passer, remettre un dossard était un objectif. Je voulais voir comment mon cœur réagissait et comment je me situais par rapport aux autres. Ma dernière course remontait à il y a neuf mois, donc je ne savais pas à quel niveau j’étais. J’ai pu courir comme je le faisais avant mon opération et je vais chercher une 11e place, je suis très satisfait. J’étais aussi très content de retrouver l’équipe et les autres coureurs après ces mois de galère. Ma famille était également présente, c’était important pour moi qu’ils soient à mes côtés après tout de ce qu’on a vécu ensemble.

Avec ce qui s’est passé, vois-tu le vélo différemment ?
J’ai beaucoup plus de motivation qu’avant ça c’est sûr. Ma mentalité a changé, j’essaye de prendre beaucoup plus de plaisir et de moins me poser de questions. Il y avait également un petit stress car je ne savais pas comment allait se passer cette première course et comment mon cœur allait réagir. Mais plus le temps passe et moins je me pose de questions, donc je pense que ça ira de mieux en mieux dans le futur.

As-tu quand même des objectifs pour la fin de saison ?
J’ai un bon programme avec l’équipe. Ce n’est pas encore sorti, je ne sais pas exactement sur quelle course je serai mais j’ai déjà hâte. L’équipe me fait confiance, ils m’ont toujours soutenu et apporté de la motivation. Maintenant je suis guéri, les médecins ont effectué tous les examens et tout est ok. Il reste plus qu’à faire la fin de saison à bloc.

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