Saint-Martin-de-Landelles, c'est chez Paul Lapeira
Il y a presque deux mois, Paul Lapeira mettait l'accélération décisive dans un sprint avec Julien Bernard pour s'offrir son maillot bleu-blanc-rouge. Chez lui, à Saint-Martin-de-Landelles, dans une foule totalement acquise à sa cause, le coureur de Decathlon AG2R La Mondiale décrochait la plus belle victoire de sa carrière. Ce dimanche 11 août, le public est encore là, toujours le même, pour encourager l'enfant du pays sur la Polynormande. Et comme un air de déjà vu, le coureur de Grandparigny a remis ça. Cette fois au sprint avec Pascal Eenkhoorn et Brieuc Rolland (voir classement). "Je suis super heureux de gagner une deuxième fois à la maison. C'est un peu comme le Championnat, si on avait fait le scénario ça aurait été trop beau. Mais on n'avait pas du tout prévu de courir comme on l'a fait".
Contrairement à juin dernier, Paul Lapeira ne portait pas le maillot de son équipe, mais évidemment celui aux trois bandes. Alors au départ, il imaginait bien avoir du monde sur son porte-bagages. "On s'était dit que je serais pas mal surveillé, alors si ça pouvait avantager un autre coureur de l'équipe... Au début ça bataillait pas mal en arrivant sur le circuit, j'ai suivi un Lotto-Dstny. Je l'ai vu faire, j'étais dans sa roue. J'ai eu de la chance là-dessus", raconte Paul Lapeira. Il restait plus de 130 kilomètres pour rejoindre cette ligne d'arrivée qu'il aime tant, mais le destin était avec lui. "C'est une course où l'échappée de départ peut avoir des chances. Et on en avait parce qu'on avait un beau groupe. C'est le format que j'aime bien, la répétition des efforts courts m'avantage. C'est vraiment une course taillée pour moi".
« UN BEAU SYMBOLE »
Dans le final, c'est Pascal Eenkhoorn qui a allumé la mèche. Imité par Paul Lapeira et Brieuc Rolland, lesquels se sont retrouvés avec une poignée de secondes d'avance dans les derniers instants. "Je ne connaissais pas énormément les qualités au sprint des deux autres coureurs. J'ai demandé au DS des informations, il m'a dit que sur le papier j'étais le meilleur donc je n'ai pas eu peur. Mais j'avais des débuts de crampes en arrivant dans le dernier tour. Je n'étais pas très, très serein. J'ai voulu garder un aspect tactique". Et comme pour le Championnat de France, à l'arrivée, c'est Paul Lapeira qui gagne. "Je savais qu'il ne fallait pas lancer trop loin, surtout avec le début de crampes. Je ne voulais pas prendre trop de risques. J'ai lancé au bon moment, quand Pascal s'est retourné. Comme ça j'ai pu prendre un avantage directement. En petit comité c'est souvent le premier qui lance qui gagne".
À la sortie de son premier Tour de France, et du haut de ses 24 ans, Paul Lapeira ne ressent pas le poids de son maillot. "Je ne me mets pas la pression, j'étais à la maison, je voulais juste bien faire et ne pas avoir de regrets ce soir. Mais c'est un beau symbole pour la région et moi. J'ai roulé pendant onze ans ici", rappelle-t-il. Depuis ce sacre, des choses ont changé pour lui. "C'est l'un des plus beaux maillots du peloton ! Ma vie de coureur a changé mais moi je reste le même". Pour le plus grand bonheur de son public qui n'a pas manqué, encore une fois, de le porter aux nues. Des fans qui seront peut-être encore fidèles dans quinze jours à Plouay, pour la Bretagne Classic, mais qui seront peut-être moins nombreux de l'autre côté de l'Atlantique, sur les Classiques canadiennes qui l'attendent.