Le CC Etupes a refait le coup

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo

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Décidément, il faut se méfier du CC Etupes sur les dernières journées de courses par étapes. Et encore plus quand c'est en Côte d'Or. L'an dernier déjà, les Franc-Comtois avaient tenté un coup de Trafalgar le dernier jour, piégeant le maillot jaune Antoine Hue et tant d'autres, pour finalement mettre Simon Baran sur la plus haute du marche du podium. Entre-temps, les hommes de Melvin Rullière et Quentin Bernier ont fait la même au Tour de Moselle avec Henri-François Haquin qui s'est adjugé le général et Simon Baran l'étape, à la Boucle de l'Artois, cette fois en faveur de Bjorn Koerdt, avant de remporter l'Estivale Bretonne grâce à Henri-François Haquin, dans un registre plus défensif cette fois, mais avec une victoire d'étape le dernier jour. Ce dimanche, le CC Etupes a refait le coup sur le Tour de Côte d'Or. Cette fois pour piéger Louis Hardouin, et pour poser le maillot jaune et blanc sur les épaules de Matthew Fox... avec une dernière victoire d'étape d'Henri-François Haquin.

UN STYLO DÉCISIF

Melvin Rullière était forcément tout heureux à Chevigny-Saint-Sauveur. "C'est un peu ma spécialité de renverser le général sur les derniers jours, sourit-il. J'aime les courses à étapes, j'aime bien chercher les tactiques. On est capables maintenant d'être sur plusieurs schémas de course, et on commence à tellement se faire confiance que quand il faut respecter des consignes, ça marche et ça fait notre force. On voit peu d'équipes courir vraiment collectivement. On s'inspire des Rouen, Vendée U qui ont cette culture et ça paie chez nous". Et pourtant, dans une première moitié de course vallonnée, Matthew Fox avait du mal à suivre l'allure. "J'ai eu un passage difficile dans le secteur des bosses de l'étape", concède-t-il. Mais Simon Baran ne l'abandonne pas et joue les anges gardiens. Dans la voiture, Melvin Rullière doit alors trancher entre deux tactiques.

La première, "c'était d'attaquer entre le km 80 et 90, faire une course de mouvement. Puis retomber sur l'échappée et faire ce qu'on a fait là". Quant à la deuxième, il s'agissait de jouer le sprint massif, "et on espère mettre trois places d'écart avec le maillot jaune". Et c'est le sort qui va décider de la suite de la course. "J'ai pris un stylo, je l'ai fait tourner trois fois. Trois fois il est tombé du côté de la tactique « on attaque »". Ni une ni deux, le directeur sportif monte à la hauteur d'Henri-François Haquin. "Melvin m'a demandé « tu connais au-dessus de Chamboeuf ? ». Et ce sont mes routes d'entraînement...", raconte-t-il. "Je lui ai dit : « ici, tu prends Matthew dans ta roue, vous mettez un grand flingue et vous mettez tout ». Henri, qui est très fort et qui a beaucoup à rendre à Matthew, a attaqué et ils sont partis. Morichon les a rattrapés puis ils ont bouché le trou", ajoute Melvin Rullière.

« JE NE SAIS PAS CE QUE LES ÉQUIPES PROS ATTENDENT »

Le plan se déroule parfaitement, et c'est maintenant un bras de fer qui oppose le reste du peloton à un groupe de six costauds à l'avant. Henri-François Haquin n'a pas compté ses coups de pédale. "Dans le final, on ne connaissait pas les écarts. Les directeurs sportifs des autres coureurs de l'échappée leur ont dit de ne plus rouler pour viser la victoire d'étape. Moi, je voulais surtout gagner le général avec Matthew. J'étais le seul à rouler à la fin, avec Matthew". L'Australien lui tire son chapeau. "Henri a été très fort aujourd'hui, je le remercie car sans lui, c'était impossible de gagner". Au fil des petits tours de circuit, l'affaire semble pliée. Mais pourtant, le CC Etupes ne se contente pas de simplement gagner le général. Malgré un petit coup de vice d'Hugo Millet. "Millet attaque aux 600 mètres, Maxime Richard prend sa roue et je saute dans la roue de Max. Je prends un virage sans risques", raconte Henri-François Haquin.

Il ne restait plus qu'une longue ligne droite, où Henri-François Haquin ne sentait plus les efforts de la journée. "Je le déboite pas très loin de la ligne d'arrivée mais je lui mets quand même un vélo. Sur des sprints en résistance, je ne suis pas mauvais. J'étais mort de faim en voyant la ligne d'arrivée au loin", sourit-il. Et c'est donc un nouveau coup de force qui scelle la double victoire (voir classements). "C'est un doublé incroyable, exulte Matthew Fox. C'est ma première victoire dans un classement général, et c'est important pour ma recherche d'équipe pour l'an prochain". Car au grand dam de Melvin Rullière, son coureur est toujours sur le marché. "C'est un gars qui n'est pas sorti des podiums des courses à étapes quasiment. Je ne sais pas ce que les équipes pros attendent. Il faut qu'elles prennent leur téléphone, j'essaye de pousser mais j'ai l'impression que ça ne réagit pas, c'est pourtant un sacré coureur".

« JE CROIS QU'ETUPES N'EST PAS VILAIN »

Quant à Henri-François Haquin, son directeur sportif ne tarit pas d'éloges à son sujet. "C'est super pour lui, il a pédalé sans compter et il gagne. Il est sur une autre planète physiquement en ce moment". Son coureur ne manque pas de lui rendre les compliments. "Il y a une super cohésion et une très bonne stratégie avec Melvin. Tout le monde a fait un super boulot. Matthew a un peu le même profil que moi, il n'est pas hyper à l'aise dans les bosses mais on a fait avec nos qualités, on a joué malin". Avec un petit coup de pouce du destin, et un stylo qui a indiqué la bonne tactique. "On n'allait pas faire le boulot pour Chalette tout le week-end non plus", s'amuse Melvin Rullière.

D'ailleurs, celui qui quittera le CC Etupes l'an prochain estime avoir surtout construit la victoire ce samedi. "Pour moi, on gagne surtout hier. On a couru comme si on était maillot jaune, on a filtré l'échappée, on a roulé quand il le fallait, on a attendu Matthew à toutes les montées", énumère-t-il. L'équipe m'a impressionné hier". Tout le monde a apporté sa pierre à l'édifice. "J'ai un super Jorgen Sekse qui peut monter des bosses et tirer des bouts droits et qui n'a que 18 ans, un super Baran qui peut freiner le peloton dans tous les virages pour emmerder les autres et être au service quand il faut rouler. Et deux coureurs qui ont une force à la Corkery. Et j'aurais pu en avoir trois avec Lovidius... Je suis content de ce qu'on a créé en trois ans, je crois qu'Etupes n'est pas vilain !", conclut Melvin Rullière, sourire en coin.

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Portrait de Matthew FOX
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