Coup de froid puis coup de pompe pour les Juniors français
En zone mixte du Championnat du Monde de Zurich, il était difficile de savoir quel était le mois de l'année. Un à un, les Juniors avaient bien du mal à se réchauffer en répondant aux questions des journalistes. Les corps tremblants, autant que les voix, les visages et vêtements trempés par la pluie, c'était un petit chaos en attendant de retrouver un peu de chaleur. "Un Championnat du Monde, c’est toujours fou, souvent dur et souvent spécial, on s’attendait donc à ce genre de course et c’est la météo qui a rendu ça encore plus difficile", souffle Aubin Sparfel. "J’ai senti le froid tout au long de la course. Au début, c’est parti tellement fort qu’on ne l’a pas senti, mais au fur et à mesure de la course ça devenait tellement usant que le froid commençait à nous rattraper. J’ai essayé de faire le maximum pour essayer de survivre, de ne pas relâcher l’effort et de ne pas lâcher mentalement", ajoute Paul Seixas.
Car il y avait une course, quand même. Et pas des moindres. La grande explication a eu lieu et les écarts à l'arrivée témoignent d'une course dantesque sur tous les plans. Mais à ce petit jeu, les Français ont dû s'incliner (voir classement). Le scénario était pourtant idéal dans un premier temps. "Au départ on voulait être offensif. On savait que Paul était très fort, mais les conditions météo ont vraiment joué un rôle très spécial avec une cassure dès le départ où on n'était qu’une quinzaine à l’avant. On a essayé de suivre mais la météo était contre nous", regrette Aubin Sparfel. Benoit Malaval, directeur sportif, a noté aussi cette météo capricieuse comme problème. "Les conditions météo ont changé beaucoup de choses. Quand ils étaient une vingtaine à l’avant on avait dit, sur le bord de la route, que la course serait longue et qu'il fallait arrêter de rouler et de faire la guerre. C’était vraiment une course de guerriers".
« JE N'AVAIS PLUS DE FORCES DU TOUT »
Lorenzo Finn a rapidement montré qu'il était dans un grand jour en sortant seul à quelque 60 km de l'arrivée, avant de remettre le couvert et de filer pour de bon vers le sacre. "On a passé une semaine avec lui en Italie et on l’avait vu très costaud", révèle Benoit Malaval. Derrière, Paul Seixas est encore à la bagarre pour la médaille. "Même quand il n’était pas dans le groupe de tête, on y croyait un peu. Il était avec Senna (Remijn). On était dans le dernier tour, il restait la bosse donc on s’est dit qu’il allait peut-être retrouver ses qualités. On a toujours espéré. Mais quand c’est revenu de l’arrière, il n’a pas pu suivre le groupe avec l’Allemand (Paul Fietzke, NDLR)". Le froid tétanise le Champion du Monde du chrono. "C’était impossible de prendre un bidon, je n’avais plus de forces du tout. C’était comme essayer de prendre quelque chose avec de l’huile dessus, ça glissait, je ne pouvais rien faire".
Heureusement, Benoit Malaval vole à son secours mais constate les dégâts. "Il ne parlait pas, on l’a forcé à manger et à boire. C’est vraiment le froid qui lui a fait mal, c’est ça qui a joué en notre défaveur", regrette le technicien, avant d'applaudir le numéro de l'Italien. Car au-delà du problème pour se ravitailler, les jambes de Paul Seixas se sont simplement coupées, et plus rien ne répondait. "La fin était difficile, je n’avais plus rien, même dans les mains je n’avais plus de forces. Je n'étais pas à l'aise du tout dans les descentes, j'ai payé mes efforts et ce n'était pas forcément ma meilleure journée aujourd’hui". Les descentes par cette météo restent un exercice à travailler, selon lui. "Je descendais très mal, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Il faut que je progresse dans les descentes humides. À la fin, je n'avançais plus, j’étais complètement mort. J'étais gelé".
« SURTOUT DE LA PEINE »
Son directeur sportif ne lui en veut pas du tout. "Il faut comprendre la petite défaillance de Paul, ils ont beaucoup fait la guerre en début de course et quand ça a vraiment accéléré il a eu sa défaillance. Malgré tout, même avec sa défaillance, on a vu qu’il respectait ce Championnat du Monde et il s’est battu pour aller chercher la 7e place. C’était notre leader mais les autres coureurs avaient aussi leur chance. Aubin Sparfel a fait aussi une super course". Un Aubin Sparfel forcément déçu à chaud, malgré tout. "Je me suis retrouvé à jouer la 11e place. J’ai pris un gros coup de froid donc c’était vraiment difficile de finir. Pour l’instant, je suis déçu. Je ne sais pas si je suis assez costaud pour supporter ces températures, c’est difficile".
Une déception évidemment partagée par Paul Seixas. "J’ai beaucoup de regrets… Enfin, surtout de la peine. J’ai fait avec les armes que j’avais". Un petit coup d'arrêt après son succès en contre-la-montre, qui peut aussi lui faire du bien. "Je pense que c’est une bonne leçon de cyclisme. Il va falloir que je me remette à travailler plus dur. Le meilleur a gagné aujourd’hui, les plus forts sont devant, et ça montre que personne n’est invincible, personne n’est au-dessus du lot, il y a toujours du travail". Les Juniors sont loin d'être passés à côté du rendez-vous, et Benoit Malaval tient à le souligner. "C’est un magnifique Championnat. C’est sûr que le meilleur terrain d’expression pour Paul était la course en ligne, mais on ne peut pas dire qu’il se soit loupé. Faire 7e ne signifie pas passer à travers", insiste le directeur sportif. Il n'y a donc pas de médaille, mais des leçons à tirer pour le futur.