Généralement, l’impression visuelle ne trompe pas. À l’entame de la dernière heure de course de Paris-Tours, alors que les visages des uns et des autres se voulaient de plus en plus grimaçants, Christophe Laporte semblait encore aérien. Puis le Varois a placé un démarrage, avec le seul Mathias Vacek flanqué dans la roue. Le duo franco-tchèque rentre alors sur un autre duo de coureurs de Visma-Lease a Bike et Lidl-Trek, Edoardo Affini et Mads Pedersen. Les autres favoris ne verront plus jamais le futur vainqueur. “C’était une course de guerriers. C’était très nerveux et assez dangereux mais j’aime ces conditions, avec la boue et les chemins”, déclare Christophe Laporte après la course. Il ne voulait surtout pas s’enflammer trop tôt dans la course. “Sur Paris-Tours, c’est souvent comme ça : on s’affole dans les premiers secteurs mais finalement, ça ne casse pas. Je suis resté en retrait sur les premiers secteurs. Au bout d’un moment, ça se fait à la jambe et après, c’est plus facile à gérer”.

C’est ainsi, une fois que nombre de ses adversaires se sont retrouvés dans le dur, qu’il a décidé de se lancer. “Je ne voulais pas laisser les Alpecin et les Trek contrôler comme ça alors j’ai attaqué au bon moment. J’ai fait un gros effort pour rentrer sur Edo et Pedersen, avec (Mathias) Vacek dans la roue. Ensuite, on a perdu Edo puis Pedersen qui avaient déjà fait de gros efforts avant”. Mais le Tchèque, lui, n’a jamais cédé. “J'ai vite vu qu'il était très fort”. Le maigre peloton des favoris n’est jamais parvenu à revenir, malgré les relais appuyés d’Arnaud De Lie ou Jasper Philipsen en personne. Et c’est dans un sprint à deux que s’est jouée la victoire sur la prestigieuse Classique d’automne. “J’ai vu qu’il y avait un gros écart alors j’ai joué avec lui dans le dernier kilomètre. Je me suis déjà fait avoir sur un final comme ça, à Gand-Wevelgem. J’avais trop attendu pour lancer, alors j’ai lancé en premier cette fois-ci”. Avec succès (voir classement).

Bredouille jusque-là cette année, Christophe Laporte a enfin pu lever les bras et s’offrir l’une des plus belles victoires de sa carrière. “Je suis très heureux. Je ne l’espérais presque plus, je n’avais pas gagné depuis le Championnat d’Europe l’an passé. Malheureusement, je n’ai pas réussi à gagner avec le maillot de Champion d’Europe. Ça n'a pas été une année facile, tout ne s'est pas passé comme prévu même s’il y avait eu la grosse satisfaction de cette médaille aux Jeux Olympiques. Mais je n’avais pas gagné depuis plus d'un an et ça ne m'était pas arrivé souvent dans ma carrière jusque-là alors forcément, il y a eu des moments de doutes. Les sensations étaient là, mais au niveau de la motivation c’était plus difficile”, concède-t-il après coup. Mais tout vient à point à qui sait attendre. “Je voulais finir la saison du mieux possible et c’est chose faite. Vu le contexte de la saison, ça rajoute encore un petit plus à cette victoire”.