Brieuc Rolland : « Une manière de remercier l'équipe »
Brieuc Rolland a conclu une saison mémorable sur une victoire qui l'est tout autant. Samedi dernier, le coureur de la Conti Groupama-FDJ est sorti par la grande porte, en remportant le Tour de Lombardie U23 (voir classement). Sa première victoire avec la réserve puisqu'il avait décroché deux succès à la Course de la Paix sous les couleurs de l'équipe de France. Avant de faire le bond en WorldTour, le Breton est revenu avec DirectVelo sur cette année faste, retraçant ses souvenirs, les bons comme les mauvais du côté de Zurich, qui l'ont mené à la 3e place du Challenge DirectVelo Elite.
DirectVelo : Tu finis en beauté avec une victoire au Tour de Lombardie Espoirs !
Brieuc Rolland : On venait avec beaucoup d'ambitions. Malgré un Mondial complètement raté, je savais que j'avais de bonnes jambes, c'était encore plus frustrant de passer à côté sur un Championnat comme ça. Je pensais que la forme ne partirait pas, et qu'au Lombardie je me sentirais toujours aussi bien. Finalement j'étais revanchard des Mondiaux. Ça s'est bien goupillé pour moi, je me suis retrouvé à l'avant, j'ai durci à deux reprises. Il me restait un peu de forces au sprint et au jeter de vélo (sourire).
Il y a d'ailleurs eu un moment de doute pour désigner le vainqueur...
C'était vraiment serré, il y a une jante à peine, je crois. Je revenais avec de la vitesse, j'avais le doute si je l'avais passé ou non. Il y a eu quelques minutes d'attente. Et finalement j'ai été annoncé vainqueur.
« JE M'EN VOULAIS PAR RAPPORT À LA FÉDÉ ET L'ÉQUIPE DE FRANCE »
Le Lombardie conclut une sacrée saison pour toi...
Je suis complètement satisfait de ma saison, je n'ai pas énormément de regrets. Je ne m'attendais déjà pas trop à une telle saison. Finir sur une victoire, pour ma dernière course avec la Conti... Je n'avais jamais gagné avec eux, c'est une manière de remercier l'équipe qui en plus n'avait jamais gagné le Lombardie U23.
Quels souvenirs t'ont marqué dans ta saison ?
Je dirais la Course de la Paix, c'est là où j'ai relevé les bras, ça faisait longtemps (sourire). Peu importe la course, lever les bras est quelque chose d'assez exceptionnel et très important quand on est un coureur. Je dirais aussi le Tour de l'Avenir, surtout la dernière étape. Je me suis prouvé à moi-même que je pouvais grimper longtemps et que c'était quelque chose où je pouvais progresser. Ça m'a conforté de ce côté. C'était deux beaux moments et évidemment il y a la cerise sur le gâteau au Lombardie.
Tu l'as déjà évoqué, on peut imaginer que le Mondial est ton gros point noir de l'année...
Oui, j'y allais avec de belles ambitions, les jambes étaient vraiment là. J'ai eu la préparation idéale avec le Tour du Luxembourg où le niveau était relevé. J'étais au top. Le jour du Mondial, clairement j'étais gelé, j'ai essayé de lutter le plus longtemps possible mais j'ai perdu contre le froid. J'avais du mal à freiner, j'avais mal au crâne, ce n'était plus possible. Abandonner mon premier Mondial m'a fait mal, je m'en voulais par rapport à la Fédé et l'équipe de France, ça fait chier d'abandonner. Mais je suis resté motivé, je suis resté focus, je me suis entrainé dur pour le Lombardie pour finir sur une bonne note.
Penses-tu que tu n'es pas encore assez résistant aux conditions de froid, ou tu t'étais simplement mal couvert ?
Je sais que de base je ne suis pas top dans les conditions froides et humides. Je perds mes sensations, j'ai la patte dure. Là ce n'était pas prévu que la météo soit aussi rude, je n'étais pas parti super équipé. Une fois que j'ai froid, c'est délicat de continuer à bagarrer, la course m'a échappé petit à petit.
« C'EST CE QUI ME FAIT RÊVER DEPUIS QUE JE SUIS PETIT »
Plus tôt dans l'année, tu n'étais pas passé loin de ta première victoire pro sur la Polynormande !
Sur le coup c'était de la déception, parce que l'équipe me faisait confiance une fois que derrière c'était plié. J'avais de bonnes sensations, je me suis battu. Au début je me suis dit « putain tu es passé à côté de ta première chez les pros ». Mais en me refaisant le film, je pense que dans tous les cas, Paul (Lapeira) serait venu me chercher, je n'étais pas assez fort pour le décrocher. Le sprint était inévitable et j'ai fait de mon mieux.
Tu confiais dans une précédente interview (lire ici) vouloir discuter avec l'équipe pour développer tes qualités de grimpeur. L'as-tu fait et qu'est-ce que ça va changer pour ton hiver et la suite ?
Personnellement, j'étais déjà parti cinq-six fois en stage perso à la montagne avant la Paix et l'Avenir, pour m'imprégner des cols. Ça m'a fait du bien. C'est ce qui me fait rêver depuis que je suis petit, jouer les classements généraux. C'est le coureur que je souhaite être. Cette perf au Finestre m'a un peu rassuré, je me suis dit que j'étais capable de grimper longtemps. Mais je n'ai pas encore de programme avec l'équipe, on va commencer les entretiens début de semaine pro pour discuter du calendrier. Mais on est forcément en accord sur mes qualités et défauts. Il y a le contre-la-montre par exemple, où je dois progresser si je veux devenir un coureur de général, et évidemment solidifier le punch et la montagne.
Tu seras malgré tout encore Espoir. Vas-tu encore courir avec la Conti l'an prochain régulièrement ?
Je n'en ai pas discuté avec l'équipe, mais ça va aussi dépendre de moi et de mon évolution, selon le calendrier. Après, le calendrier du WorldTour est déjà bien fourni donc on verra s'il y a de la place et si l'équipe souhaite m'envoyer sur des courses Espoirs.