Cholet-Pays de Loire Dames : Les réactions
Audrey Cordon (Vienne-Futuroscope) a remporté en solitaire dimanche la 9e édition de Cholet-Pays de Loire Dames, première épreuve de la Coupe de France Capdet-Raynal. Elle devance sa coéquipière Pascale Jeuland et Emilie Moberg (Hitec Products-UCK). Ce doublé rapporte 70pts UCI à l'équipe Vienne-Futuroscope. Soit presque autant qu'une victoire sur une manche de Coupe du Monde (90).Retrouvez ci-dessous les réactions des deux Françaises et de leur directeur sportif, Paul Brousse.
Audrey Cordon (Vienne - Futuroscope)
Vainqueur de Cholet-Pays de Loire Dames
« L'équipe a fait une superbe course. On a vraiment respecté les consignes à la lettre, voire mieux... puisqu'on a su se prendre en main dans les moments-clés. L'attaque de Julie Beveridge, qui a fait un gros boulot à l'avant, nous a permis, derrière, d'être sereines, et d'appréhender la course d'une autre façon. On pensait vraiment que Julie allait aller au bout. Il n'y avait pas beaucoup d'équipes qui essayaient de s'organiser pour revenir sur elle. Les Belges de Topsport Vlaanderen y sont parvenues, à deux tours de l'arrivée. On avait pour consigne de repartir, ou du moins, de retenter quelque chose avant le sprint final. Même si pour ça, on avait la carte Pascale Jeuland. Mais c'est toujours compliqué de dire à l'avance comment va se passer un sprint...
À titre personnel, je suis très contente. C'est ma première victoire de la saison. Je voulais gagner ici depuis longtemps... quatre ans à tourner autour. Et maintenant, c'est fait !
J'ai tenté ma chance à quinze kilomètres de l'arrivée. J'ai la faculté de pouvoir rouler assez vite, et assez longtemps... Le chrono c'est l'un de mes trucs (elle est championne de France espoirs de la spécialité, NDLR). J'ai su gérer ma "deuxième course", mon petit chrono individuel. J'ai quand même eu peur du retour du peloton, au début. Sur les cinq premiers kilomètres de chasse, il n'était qu'à dix secondes de moi. Ça roulait fort derrière. Il me fallait tenir les filles en respect. Je pense qu'elles ont baissé les bras, en voyant que ça ne rentrait pas, et que j'insistais vraiment. Puis quand on m'a dit que j'avais une minute d'avance à trois kilomètres de la ligne, je me suis dit que c'était bon... J'ai pu savourer le moment. Et je me suis préparée à lever les bras.
C'est vraiment super pour l'équipe. En plus, on était quasiment à domicile. C'est génial !
Je tenais surtout à ne pas m'énerver dans les virages, à prendre mon temps. C'était très glissant. J'assurais en relançant sur les parties roulantes. Plutôt que de faire n'importe quoi, et de risquer la chute. Ça aurait été trop bête !
Le week-end prochain, je vais en Italie, pour disputer le Trophée Binda (deuxième manche de la Coupe du Monde, NDLR). Ce n'est pas du tout un circuit qui me convient. C'est très dur ! Je vais surtout là-bas pour défendre ma douzième place au classement actuel de la Coupe du Monde. Et aussi pour aider les filles de l'équipe qui ont à cœur d'y faire quelque chose. Si je suis dans la même forme qu'aujourd'hui (dimanche), je devrai pouvoir m'accrocher. Mais ça ne sera pas simple...
Dans trois semaines, il y aura la deuxième manche de la Coupe de France, à Pujols. Mais avant cela, dans quinze jours, il y aura le Tour des Flandres, qui sera davantage à ma portée. C'est une course que j'affectionne depuis que je suis gamine. J'ai toujours rêvé d'y faire quelque chose. J'ai d'ailleurs une anecdote à ce sujet. Il y a quatre ans, quand je suis arrivée dans l'équipe Vienne-Futuroscope, et que je l'ai fait pour la première fois, Marina Jaunatre m'avait dit que j'avais le gabarit pour marcher sur de telles courses. Ça m'est toujours resté dans la tête... Et depuis, j'y vais tous les ans avec la rage de vaincre. Vu ma forme du moment, et le fait que je sois bien passée sur les pavés, la semaine dernière, au Tour de Drenthe (première manche de la Coupe du Monde, NDLR), j'irai là-bas avec l'envie de faire un truc.
Pour la Coupe de France, je n'avais pas prévu de jouer le classement général. Mais maintenant que j'ai le maillot, je vais quand même le défendre. Sur les manches restantes, je devrai pouvoir tirer mon épingle du jeu. À part sur la prochaine (à Pujols), où là, je devrai avoir du mal à jouer la gagne. Et j'espère briller sur la manche de Plumelec, où je serai à domicile... »
Pascale Jeuland (Vienne-Futuroscope)
2e
« Julie (Beveridge) est partie dès le départ. Donc nous, derrière, on s'est contentées de contrôler. C'était assez simple, car on n'avait plus à prendre la course en main. Quand elle a été reprise, plusieurs filles ont essayé de sortir. Audrey a réussi. Elle s'impose en solitaire... Les filles m'ont emmenée pour le sprint. Je le remporte, et termine deuxième de la course... C'est bien. Carton plein pour l'équipe Vienne - Futuroscope ! D'autant plus que Julie a empoché le classement des sprints, et celui de meilleure grimpeuse.
Je fais le plein de confiance. À une semaine de partir pour Melbourne, et les Championnats du Monde sur piste. Mais c'est une discipline différente. En plus, sur l'omnium (seule compétition qu'elle disputera, NDLR), il y a six épreuves. Avec pas mal de sprints. Ça se joue donc à vraiment pas grand chose. Toutes les filles ont quasiment les mêmes qualités. Ce sont toutes des battantes. Elles veulent toutes réussir. Il n'y a pas de grande différence de niveau entre chacune. Il faut être en forme le jour-J, et le lendemain. Avoir aussi une part de chance. Ce n'est pas évident...
Pour l'instant, au classement mondial de la spécialité, la France est la huitième nation européenne. C'est-à-dire la dernière du continent à qualifier une de ses représentantes pour les Jeux Olympiques. Nous avons treize points d'avance sur la Lituanie, avec qui nous nous disputons l'ultime place. À Melbourne, mon seul objectif sera d'être devant leur représentante, Ausrine Trebaite. En gros, si elle termine devant moi, c'est elle qui ira à Londres. Sinon, ce sera moi. En tout cas, ça va se jouer à peu de choses. La situation n'est pas facile... L'an dernier, j'ai eu pas mal de soucis. Donc cette année, j'ai dû reprendre alors que je n'étais pas en forme. De ce fait, je n'ai pas pu marquer beaucoup de points. Et mon retour en forme est peut-être trop tardif pour me qualifier. Mais c'est comme ça. On verra bien...
La semaine dernière, après les courses sur route aux Pays-Bas, je suis allée faire un stage à l'INSEP. Et de demain (lundi) jusqu'à vendredi, je serai en stage à Bordeaux. Puis je partirai pour l'Australie. À l'INSEP, je me suis entrainée avec les sprinteurs. Et aussi avec Bryan Coquard, qui sera notre représentant sur l'omnium masculin. J'ai fait des efforts dans la roue de Virginie Cueff. Ça m'a permis de travailler la force explosive... C'est ce qui me manque sur les épreuves de sprint de l'omnium. C'était donc très bien. »
Paul Brousse, directeur sportif Vienne-Futuroscope
« La journée a été exceptionnelle pour l'équipe. Depuis les courses aux Pays-Bas, je le sentais ! Tout le groupe était bien physiquement. Et moralement aussi. Quand je les ai vues arriver à table, hier (samedi), elles avaient toutes une bonne mine. Elles avaient bien récupéré. Ce sont des choses qui se sentent ! Elles étaient là, elles avaient envie. J'avoue que j'ai eu du mal à faire ma sélection. Il y a quinze filles dans l'effectif, et il ne pouvait y en avoir que sept ici. Ce matin (dimanche), je les ai mises devant leurs responsabilités, de ne pas me décevoir. Mais dans ma tête, je savais qu'on allait gagner !... Grand numéro de Julie Beveridge à l'avant. J'y ai cru à un moment donné, quand elle avait trois minutes d'avance. Comme c'est une rouleuse (championne du Canada du CLM en 2010, NDLR), qu'elle était en forme, et bien dans sa tête, je me suis dit qu'elle allait aller au bout. Mais c'est rentré vite... Le peloton lui a repris deux minutes en dix kilomètres. Je savais que là, il y aurait des filles qui allaient y laisser des plumes. Et que nous, on allait se friser les moustaches. Quand elle a été reprise, je pense que toutes ses co-équipières avaient envie d'y aller. Andrea Graus y a été, Amélie Rivat aussi. Audrey Cordon a également attaqué une première fois. Elles ont toutes attaqué. Elles se marchaient dessus pour être devant. Ça veut dire qu'elles étaient vraiment fortes. Que dire de mieux ? C'est un grand moment ! J'ai ressenti la victoire comme quand j'étais coureur... C'était assez impressionnant. Je suis très content !
Maintenant, c'est sûr qu'avec ces résultats, je vais un peu avoir la pression sur les prochaines épreuves. Là, c'était quand même une course UCI. Ce matin (dimanche), je leur ai dit qu'il n'y avait aucun cadeau à faire, qu'elles étaient dans une année olympique, qu'il y avait des points UCI à aller chercher, qu'elles devaient montrer leurs valeurs au niveau international, et qu'à part leurs co-équipières, toutes les autres filles étaient des adversaires. Je pense qu'elles l'ont bien compris. Elles ont été agressives pendant toute la course. Elles se sont battues comme de vraies guerrières ! Et c'est ce que je voulais... En plus, avant le départ, on se doutait qu'il allait pleuvoir, et y avoir du vent. Que si c'était le cas, ça allait être encore plus à leur avantage. Et ça l'a été...
Depuis le début de saison, il nous manquait la victoire. Quand on fait du sport de haut niveau, on veut gagner. Sur les premières courses, l'objectif était surtout de s'accrocher, de faire des places, et d'essayer de marquer des points UCI. Et là, au départ, mon discours a été clair. Je leur ai dit qu'on était là pour gagner... Et elles y ont parfaitement répondu ! C'est un groupe qui fonctionne bien. Qui va, en plus, être en pleine confiance maintenant. C'est important ! Notamment pour Pascale Jeuland, avant qu'elle ne parte en Australie. Je la découvre depuis un mois et demi. Elle m'a déjà ramené deux victoires. De la première manche du Trophée Fenioux, à Bordeaux. C'est une fille qui n'a pas été championne du monde (du scratch en 2010, NDLR) par hasard... Elle sait ce qu'elle a à faire sur le vélo. Elle sait rigoler en dehors. Elle a toujours le moral, et le sourire. Elle va de l'avant. Elle veut gagner. C'est une vrai championne !
Le week-end prochain, Trophée Binda (deuxième manche de la Coupe du Monde, NDLR)... Encore un gros objectif ! Ce qui m'embête, c'est qu'on a perdu Carlee Taylor (blessée au scaphoïde, NDLR). Elle avait cette course en tête depuis des mois. C'est le point noir... Malheureusement, il en faut. On ne peut pas passer toute une saison sans en avoir. Du coup, j'ai sélectionné Julie Beveridge, Karol-Ann Canuel, Audrey Cordon, Andrea Graus (la championne d'Autriche sur route, NDLR), Amélie Rivat, et Manon Souyris (la championne de France junior sur route, NDLR). Cette dernière va découvrir les manches de Coupe du Monde. On y va confiants. Audrey aura sa douzième place au classement à défendre. Je pense qu'avec ce qu'elle a réalisé ces dernières semaines, son capital confiance, et qu'elle est dans la forme de sa vie, elle peut passer partout. Il faut battre le fer quand il est chaud... Je pense qu'on n'est pas au bout de nos surprises, même au niveau mondial.
Je n'oublie pas Fiona Dutriaux. Elle aurait très bien pu être là, à Cholet. C'est surtout là que j'ai eu du mal à faire ma sélection. Elle m'a démontré qu'elle était revenue à son meilleur niveau. En allant faire septième d'une course internationale la semaine dernière, à Oostduinkerke. Il y avait toutes les équipes UCI. Même si ce n'était pas une course UCI, il y avait quand même un gros niveau. Ça m'a fait un peu mal au cœur de ne pas la mettre. Mais je n'avais dit que je ne prendrai qu'une sprinteuse... Pascale ou Fiona. Mon choix s'est donc porté sur la première. Mais je pense qu'on verra rapidement LA grande Fiona... Son objectif est le Tour des Flandres (troisième manche de la Coupe du Monde, NDLR), dans deux semaines. Elle connait parfaitement les routes. Je crois en elle sur cette course ! »
Crédit Photo : Cédric Congourdeau - www.directvelo.com