Kneisky-Coquard : La force et l'expérience

Morgan Kneisky et Bryan Coquard sont devenus Champions du Monde de l'Américaine ce dimanche. C'est le 3e titre mondial pour Morgan Kneisky (un en scratch et deux en Américaine, le premier avec Vivien Brisse). C'est le premier maillot arc-en-ciel chez les Elites pour le coureur d'Europcar.
DirectVelo.com a recueilli leurs réactions.

Morgan Kneisky
« Si j'ai embrassé la piste après l'arrivée c'est parce que si on en est à ce niveau c'est grâce à cette piste. Nous avons un lieu où nous pouvons nous entraîner tout au long de l'année, ce que nous n'avions pas avant. Même si on est poursuiteur, on a besoin de rouler sur piste.

Tous les ans nous avons une chance de gagner le titre dans cette discipline. La sélection n'a pas été facile à établir. Nous étions quatre à pouvoir devenir Champions du Monde à chaque fois. Nous n'avions le droit de nous louper.

Nous sommes complémentaires. Bryan est le plus fort d'entre nous physiquement. Je suis certainement celui qui a le plus d'expérience en France avec notamment tous les Six-Jours que je dispute. L'association de la force et de l'expérience est toujours un bon mélange.

Nous n'avons pas décidé de qui allait faire les sprints. On sait aussi bien se placer l'un que l'autre. On s'est partagé les tâches pour être à peu près au même niveau physique dans le final.

« IL A FALLU METTRE LA POIGNEE DANS L'ANGLE »

Je connaissais bien l'Anglais Mark Christian qui était mon équipier l'an dernier chez Raleigh. Je le redoutais. Mais ils n'ont pas la technique ni l'expérience. Avec les Belges et les Espagnols, je savais qu'ils finiraient par plier, d'autant plus qu'ils allaient chercher tout le monde. Un moment il a fallu serrer les dents, mettre la poignée dans l'angle, rouler à 200% pour que ça pète. Quand les Anglais ont doublé, ça a excité tout le monde mais moi, cela m'a enlevé de la pression. Ensuite ça s'est fait à la pédale. A 60 tours de l'arrivée, on s'est retrouvé à contre-temps. En bouchant un trou, ça a créé le groupe qui a doublé dans le final.

J'ai senti Bryan un peu dans le dur dans le final par manque d'expérience dans l'Américaine mais il s'est accroché. Il a tenu son range. Faire les points au début et doubler dans le final ce n'est pas facile. Quand on a gagné avec Vivien Brisse, cela s'est fait aussi dans le final là où se jouent souvent les Américaines.

Nous ne nous sommes pas beaucoup entraînés tous les deux car Bryan s'est beaucoup investi dans la poursuite par équipes. Mais je n'étais pas du tout inquiet. Le sens du placement il l'a sur la route. La technique, c'est le seul point où on pouvait douter un peu mais il est léger, moi aussi. Nous n'avons loupé aucun relais. Pour la sélection, nous avions fait un essai ensemble, ça s'est fait naturellement. Nous avions déjà couru ensemble les Six Jours de Grenoble en 2012 [2e, NDLR].
J'ai toujours eu des équipiers excellents. Je fais parler mon expérience, même si physiquement je ne suis pas nul.

RETROUVER UNE EQUIPE EN FRANCE

C'est la première fois que je n'avais pas couru sur route (lire ici). Avec Raleigh, je n'ai pas accès à des courses de très haut niveau. J'espère que grâce à ce titre je pourrai retrouver une place dans une équipe française pour y faire un travail d'équipier tout en faisant de la piste. Mais ce n'est pas dans les mentalités françaises.

Cette année, je vais pouvoir rouler sur piste quand je serai en Angleterre. Je suis basé à Derby et un vélodrome y a ouvert en septembre. C'est un outil magnifique qui ressemble à celui de Saint-Quentin. La semaine prochaine j'y mettrai un petit vélo pour travailler quand je serai là-bas.

Le retrait de l'Américaine du programme des Jeux Olympiques c'est la plus grosse déception de ma carrière. Je me contente des titres de Champion du Monde. »

Bryan Coquard
« Depuis que je savais que les Championnats du Monde allaient avoir lieu en France, c'était dans un coin de ma tête. Avec Morgan, nous étions motivés comme des cadets. C'était la chance de notre vie d'être Champions du Monde en France. C'est mon premier titre de Champion du Monde Elites !

Nous avons pris le risque de ne pas prendre la course en main dès le début. On ne peut pas courir après tout le monde, il fallait laisser travailler les autres. Avec Morgan, nous avions le même braquet. On a pris le tour sur le final. Sur la fin c'était dur avec la chaleur, la déshydration. Nous sommes allés chercher la victoire mais ça n'a pas été facile.
 
J'avais fait le choix de revenir sur la piste pour devenir Champion du Monde d'Américaine. Et on l'a fait. Le public nous a poussés, Morgan aussi m'a bien poussé.

PROUVER AUX MANAGERS QU'ON PEUT MARIER ROUTE ET PISTE

C'est un super Championnat pour l'endurance. La médaille de Julien Morice me fait super plaisir. J'espère que ça va continuer comme ça.
Le retour sur route ne me fait pas peur. J'espère prouver aux équipes pros, aux managers qu'en faisant de la piste on peut être bon sur la route. Jean-René Bernaudeau le sait déjà, mais c'est pour les autres.

Pour la poursuite par équipes, dès le Championnat d'Europe et la première Coupe du Monde, il faudra emmener la meilleure équipe possible pour décrocher la qualification pour Rio. »

Crédit photo : Cédric Congourdeau - DirectVelo.com
 

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