Nouveauté 2016 : La mode des chemins de terre
2016, année sans goudron ! La mode se propage des épreuves d'un jour, voire par étapes, qui emprunte des pavés, graviers, sentiers... Tout sauf la route ! Point culminant de la saison, l'Enfer du Sud accueillera pour la première fois une manche de Coupe de France DN2 (voir le programme), le 3 avril, sur les chemins de terre dans l'Hérault – il y avait au total 36 kilomètres sans asphalte sur le parcours 2015. En attendant peut-être de recevoir la Coupe de France DN1 comme dans les années 90 le Paris-Roubaix Amateur servait de support à la Coupe de France Mavic...
« LE VELO DE L'ANCIEN TEMPS, LE VRAI VELO ! »
« Ces passages sur les chemins nous ramènent dans l'ancien temps, celui du 'vrai vélo' et des guerriers », estime Patrice Pion. L'organisateur du Tour des Pays de Savoie, ne se contentant pas de la montagne comme juge de paix, a inscrit au tracé le Plateau des Glières ces deux dernières années, avec une portion sans asphalte (lire les réactions des coureurs en 2014). Pour l'heure, il n'est passûr que l'édition 2016 renouera avec cette escalade « de légende », mais l'itinéraire devrait inclure quelques « routes atypiques », en plaine ou en altitude. « J'aime beaucoup regarder des articles dans les vieux magazines, les photos des coureurs avant et après la seconde guerre mondiale, par exemple dans le Col du Galibier, sont une bonne source d'inspiration », confie Pion.
Le passé pour trouver une nouvelle jeunesse. C'est ainsi que le Prix de Marchaux, dans le Doubs, s'est relancé en septembre dernier avec deux demi-étapes, avec le franchissement des « strade bianche » comme principal argument (lire ici). « A terme, nous espérons créer une véritable petite classique de fin de saison », explique Jean-Baptiste Quiclet, co-organisateur. L'épreuve, qui espère attirer encore plus de clubs de premier plan cette année, vise elle aussi l'accès au calendrier Coupe de France.
PARIS-NICE S'INSPIRE DU TOUR DU LOIR-ET-CHER
La tendance, qui fait florès dans le cyclisme amateur, finit par inspirer les organisateurs du Tour de France. De façon indirecte, mais tout de même... Paris-Nice 2016 qui se la joue « off road » sur sa première étape ? A première vue, il s'agit de contrer Tirreno-Adriatico, l'épreuve rivale, qui se tient au même moment, montée par le groupe RCS, proche de l'UCI et du groupement d'équipes Velon. Depuis 2007, les Italiens organisent les Strade Bianche -en reprenant l'idée de la cyclo l'Eroica- et ont même glissé ces chemins sur les routes du Giro depuis 2010, à travers le pays du mabre de Carrare. Paris-Nice réplique avec un terrain dans la même veine. Pour atténuer la réputation inventive des organisateurs transalpins. Mais la trouvaille revient aux chevilles ouvrières du Tour du Loir-et-Cher, qui ont glissé des « ribins » depuis 2014, précisément autour de leur étape de Vendôme. En déplacement sur l'épreuve, François Lemarchand a été séduit par le parcours et en a copié le principe pour la Course au Soleil.
Du reste, l'idée du Tour du Loir-et-Cher a été puisée par un voyage d'étude sur le Tro Bro Leon. Qui lui-même rêvait d'importer en Bretagne un petit peu de la référence ultime, Paris-Roubaix...
Ils s'inspirent les uns les autres pour revenir aux sources d'un cyclisme de mouvement. Même esprit, mais routes différentes. Pas la même composition géologique pour les chemins. Le Prix de Marchaux est en poussière, le Tro Bro empierré, les courses nordistes sur les traditionnels pavés... Paris-Nice a d'ailleurs trouvé des secteurs voisins de ceux annexés par le Tour du Loir-et-Cher. Preuve que la France dispose d'un sacré réseau pour les balades.
SECURITE ET INTERET SPORTIF
Ce goût vintage n'est pas sans inquiéter les équipes, qui craignent le risque de casse matérielle hors goudron. « Heureusement, nous avons eu une seule crevaison en 2015 ! », rappelle Alain Carré, du Tour du Loir-et-Cher. La sécurité serait même supérieure sur les chemins de terre que sur les routes habituelles. « Mieux vaut éviter de passer par les grands axes », rappelle Jean-Baptiste Quiclet. Au Tour des Pays de Savoie, la montée du Plateau des Glières avait fait l'objet d'aménagements : 50 000€ pour refaire la chaussée, ce qui a profité au public pendant mais surtout après la course.
Pour Patrice Pion, réputé novateur dans ses parcours, il subsiste quand même « des limites » : « Un trop long chemin risque d'étirer le peloton et donc de compliquer le passage ensuite sur des routes en goudron, car la circulation serait bloquée trop longtemps. » L’organisateur du Tour des Pays de Savoie entend « concilier l'intérêt sportif et la sécurité ». Le reste est de l'ordre du rêve. Comme cette traversée du Col de Bassachaux, à 1778m, entre Chatel et Avoriaz. Pour le moment réservé aux VTT.
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Crédit photo : www.velofotopro.com