Jimmy Casper : « A 140 dans la voiture »
Depuis 2015, Jimmy Casper, 37 ans, est Directeur sportif de l'équipe cycliste de l'Armée de Terre. L'ancien sprinter, vainqueur d'étape sur le Tour de France 2006, explique sa vision de son nouveau métier pour DirectVelo.
SA RECONVERSION
« Quand j'étais jeune, je ne pensais pas vraiment de devenir Directeur sportif. Puis j'ai passé mon diplôme en 2010-2011. J'avais alors l'idée de rester dans ce milieu. Je n'ai fait que du vélo dans ma vie, je n'ai pas beaucoup bossé à l'école étant jeune. Vivre de sa passion, ce n'est pas travailler. Je me voyais vivre que dans le vélo. Je dis toujours en rigolant : "je n'ai jamais travaillé, je ne vais pas commencer maintenant". C'est un plaisir de côtoyer les jeunes, de communiquer mon expérience. Je ne voyais pas ma vie autrement. »
SON PASSAGE CHEZ LES AMATEURS
« J'ai vu au CC Nogent-sur-Oise, en 2014, que c'est bien beau de connaître des techniques de course, c'est très peu applicable chez les amateurs. Il est difficile de dire à un jeune d'aller rouler alors que chaque coureur veut passer chez les pros. Si le jeune se sacrifie, il ne passera jamais pro. Je ne connaissais ni les courses ni les adversaires. Il aurait fallu rester au moins cinq ans pour tout maîtriser. Je reconnais que je préférais largement travailler chez les pros. »
SA PREMIERE ANNEE CHEZ LES PROS
« J'étais un peu comme les coureurs. Nous avons mis du temps à nous mettre en route. Nous étions encore des amateurs dans notre démarche. J'ai décidé de me remettre en question, de m'améliorer dans la préparation des courses, dans les briefings... Je suis plus pointilleux. Cela enlève beaucoup de stress. L'an dernier, je suis parti de Bessèges en étant rincé. Cette année, je suis détendu. Mes courses sont mieux préparées. J'ai essayé de m'améliorer. Il faut toujours se remettre en question. »
SA METHODE
« Elle est "bon enfant". Je suis convivial, jovial... Je suis proche des coureurs. Mais il faudrait aussi leur demander. Je suis dur de temps en temps. Je ne prends pas de gants quand je leur mets une rouste. Ils doivent dire parfois que je suis un sacré con... J'ai appris dans l'Armée que commander, ce n'est pas toujours faire plaisir. Il faut prendre des décisions, que ça plaise ou non. Jeudi, au départ de Nîmes, sur l'Etoile de Bessèges, les coureurs ont rejoint le départ en vélo. Deux n'avaient pas pris le casque. Je leur ai dit de monter dans une voiture, et de ne pas faire le court trajet en vélo. Ils vont dire "on est des pros, on sait faire un kilomètre de vélo". Mais non, c'est comme cela et point barre. Je peux être un con, mais j'ai des règles. »
SON RAPPORT AVEC LES SPRINTERS
« Je suis plus à l'aise pour conseiller un sprinter qu'un grimpeur. Les grimpeurs, j'en ai entendu parler (sourires). Je sais comment cela se passe au pied d'un col, mais après trois kilomètres de montée, je l'ignore. J'ai toujours pété avant. Je suis plus crédible quand je parle aux sprinters. Je n'ai aucun soucis à dire à un sprinter qu'il n'était pas à sa place. Dans le final d'une course, il y a toujours de l'adrénaline. Dans la voiture, cela palpite. Si j'avais le cardio, on verrait que je suis à 130-140 pulsations dans la voiture ! »
Crédit photo : www.velofotopro.com