Toujours des médailles pour Michel Thèze

Sa médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992, ne lui a pas suffi. Ni les titres qu'il a collectionnés, comme entraîneur des jeunes, avec la génération Jalabert et Virenque. A 76 ans, Michel Thèze sort d'une nouvelle campagne de succès avec l'Equipe d'Algérie sur les Championnats d'Afrique de Cyclisme, qui se sont tenus cette semaine à Casablanca (Maroc). Neuf médailles décrochées sur route, un doublé chez les Juniors et une présence tous les jours sur les podiums : "satisfaisant", juge le Français.

Michel Thèze conserve sa précision et sa mesure. Dimanche dernier, dans le contre-la-montre par équipes, il demande à son collègue algérien de ne pas trop encourager les coureurs. Assis à la place du passager, pendant les 59 kilomètres d'un parcours cisaillé par le vent, Thèze note les rares temps intermédiaires disponibles, fait quelques calculs et prédictions. Les Algériens sont annoncés en tête au bout de 15 kilomètres, devant les Erythréens et les Marocains qui finiront par renverser la tendance.

« Laisse les coureurs se concentrer, demande Thèze. De toute façon, meilleur temps ou pas, ils vont se mettre à bloc. » Il glisse : "Tout va se jouer dans le dernier tour, sur la ligne opposée". Effectivement, les Algériens accusent le coup sur le très long faux plat montant. "Dans un chrono, t'es dans le coup dans la première partie, et tu gagnes dans la deuxième. Nous, on est juste dans le coup".

« UN IMMENSE CAPITAL DE CONNAISSANCES »

L'exercice est un peu sa marque de fabrique. Michel Thèze, ancien CTR de la Région Centre, se fait d'abord connaître  en propulsant les coureurs de son comité sur le podium des Championnats de France de contre-la-montre par équipes. Il dirige l'Equipe de France Juniors à partir de 1984, puis l'Equipe de France dans les 100 km contre-la-montre (la médaille olympique, c'est dans la spécialité) à partir de 1987 et l'équipe de France Amateurs l'année suivante. Il finit adjoint à la Direction technique nationale. Il part faire une pige en 2005 au Centre Mondial du Cyclisme et y reste sept ans. Modelant de parfaits inconnus tels Chris Froome et Daniel Teklehaimanot (lire ici).

Il ne s'arrête jamais. Accepte le poste d'entraîneur national de l'Algérie en 2013. "Je me suis laissé prendre, résume Thèze. Les Algériens me font confiance, me donnent les moyens de travailler, et j'ai toujours autant de plaisir à voir de belles choses sur la route : le travail qui paie, le geste homogène d'une équipe dans un chrono..."

Les Algériens sont conquis. "Il nous apporte un immense capital de connaissances", observe Lounis Abderzac, entraîneur du groupe Juniors. "Michel m'a fait prendre confiance en moi, il m'a donné ma chance et il m'a beaucoup apporté dans la technique du contre-la-montre", dit Adil Barbari, 5e du chrono individuel aux Championnats d'Afrique.

OBJECTIF : TOUR DE L'AVENIR

Pendant la semaine de compétitions, le Breton d'origine a cornaqué 14 athlètes, l'oeil rivé sur la montre, pour que les horaires du petit déjeuner ou du briefing soient respectées. Jusqu'à sa prise de fonction, les coureurs de l'équipe nationale pouvaient dîner au-delà des 22h, dans la villa qu'ils se partagent en banlieue d'Alger. Thèze : "On commence par la discipline".

Après le « Grand Tour d'Algérie » en mars, une série d'épreuves UCI qui atteint les trois semaines, l'entraîneur conduira ses Espoirs sur des épreuves françaises, grâce à un partenariat avec Tours Agglo 37 (lire ici). Ambitions à la hausse, il les amènera aussi sur le ZLM Tour, aux Pays-Bas, manche de la Coupe des Nations. Avec l'objectif de se qualifier pour le Tour de l'Avenir fin août.

La participation à Rio, elle, est acquise. Presque 25 ans après Barcelone, Michel Thèze pourrait faire son retour sur les Jeux olympiques auprès des trois Algériens qui disputeront les épreuves sur route. "Pas sûr de faire le déplacement" à titre personnel, il n'a pas davantage imaginé la suite de sa collaboration avec l'Algérie, en 2017. Il sera peut-être temps qu'il se repose. Ou bien se laissera-t-il "pigeonner", comme il dit. "J'ai toujours autant d'émotion à partager avec les coureurs, dit-il. Ce n'est pas la médaille qui a de la valeur pour moi, mais le travail consenti pour y arriver."

Crédit photo : Pierre Carrey - DirectVelo

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