Lilian Calmejane : « J'ai été malin »
Lilan Calmejane a confirmé d'entrée de jeu. Auteur d'une belle première saison pro en 2016, le coureur du Team Direct Energie s'est imposé ce vendredi, à Bessèges (Gard) lors de la 3e étape de l'Etoile de Bessèges (2.1). Le Tarnais âgé de 24 ans raconte sa joie à DirectVelo.
DirectVelo : Tu lances parfaitement ta saison...
Lilian Calmejane : C'est important de bien lancer la saison. J'étais dans le coup dimanche dernier sur la Marseillaise, ça m'avait donné des garanties. Ici, nous sommes sur une course difficile. Sylvain et moi avions le statut de co-leaders au départ de l'épreuve. Je n'avais pas des grandes ambitions en venant ici mais vu la forme du moment, ça aurait été bête de ne pas en profiter. Hier (jeudi), je n'ai pas été piégé dans les bordures. Aujourd'hui, c'était l'étape-reine. Je ne suis pas fan de la pluie... Mais je me suis dit qu'il fallait tout lâcher pour être avec les meilleurs. Une fois devant, il fallait penser uniquement à la gagne. L'équipe remporte l'étape de Bessèges depuis 2011... C'est un signe du destin. Je me suis dit pourquoi pas moi !
REVENU SEUL
Tu avais manqué la bonne échappée...
J'ai basculé avec les meilleurs mais j'ai eu des difficultés dans la descente. Pour être devant, il fallait être bon grimpeur et bon descendeur... J'ai donc été piégé. J'ai pris la responsabilité de faire rouler mes coéquipiers, Alexandre Pichot et Jérémy Cornu. Ils ont fait un travail formidable. Je leur ai dit de maintenir l'écart au moment du premier passage sur la ligne, à Bessèges (km 42). Il y avait 25'' d'écart, je me sentais capable de faire le saut dans la 2e montée du col de Trélis. Je suis parvenu à rentrer seul.
Avais-tu prévu d'anticiper dans le final ?
Je savais que ça allait bouger. J'ai été malin car j'ai anticipé en partant avant la descente vers Gagnières. Nous sommes partis à quatre. Nous avons réussi à prendre de l'avance même si Hubert Dupont ne roulait pas. J'ai réattaqué sur le circuit final pour faire la bonification. Quentin Pacher m'a accompagné. Il est de ma génération. C'est un vaillant, un attaquant... J'ai insisté. On a pris jusqu'à 28''. J'ai senti que mon coup de pédale était plus puissant que celui de Quentin. C'était délicat de m'en séparer trop tôt car il avait trois coéquipiers derrière. J'ai donc attendu le dernier tour pour le lâcher. J'ai tout donné jusqu'à la ligne, ça a bien voulu sourire. Je me suis fait mal ! Je suis super satisfait.
Comment imagines-tu la suite ? (voir le classement)
Demain, ça peut être compliqué s'il y a du vent comme hier (jeudi). Nous avons une belle équipe pour contrôler la course. On ne va pas lâcher comme ça. J'ai beaucoup bossé le contre-la-montre. Le chrono de dimanche, avec la bosse à la fin, est pour les hommes en forme. Je ne suis pas mauvais en chrono. Si j'arrive à garder demain mon matelas d'avance, j'aurais une belle option au général mais rien n'est acquis... Chava est dans le même temps que Pierre Latour, Tony Gallopin et les mecs de Katusha. Ça peut être aussi lui... Aujourd'hui, j'ai profité du fait que Chava soit plus connu que moi. Les étrangers se méfiaient surtout de lui, j'ai pu en profiter.
JEAN-RENE BERNAUDEAU VEUT DES GAZIERS
L'équipe attend désormais plus de toi ?
Oui, forcément. L'équipe m'a fait signer pour un an de plus. Il y a des attentes autour de moi. J'estime que c'est légitime après ma victoire à la Vuelta car je suis allé la chercher avec les jambes. L'ADN de l'équipe est d'avoir des "gaziers", qui comme dit Jean-René (Bernaudeau) en ont une grosse (rires). Il veut des coureurs avec du panache. Ce succès est loin de celui de la Vuelta en terme d'émotions mais je gagne avec panache. Je recherche cela...
Tu te sens attendu ?
Après ma première année pro, tout le monde attend de me voir confirmer. C'est bien de le faire par un résultat comme celui-là. Il ne faut pas s'enflammer. Il y a un bon niveau mais c'est une classe 1. J'ai d'autres objectifs. Je ne mets pas de barrière. Je pense déjà à Paris-Nice. J'espère que ça va bien se passer... Mon souhait pour vraiment confirmer est de regagner sur le WorldTour. Je vais enchaîner Laigueglia, le Haut-Var, les Boucles Drôme-Ardèche... C'est bien de débuter ici par une course de cinq jours. Hier, Thomas (Voeckler) m'a envoyé des textos pour me dire qu'il se passait toujours des choses le 3e jour d'une course par étapes. Il ne s'est pas trompé. Il y avait des grosses différences de niveau aujourd'hui. Il n'y a pas de surprise. Ça s'est joué à la pédale.
AU DEPART DU TOUR DE FRANCE
Penses-tu déjà au Tour de France ?
C'est la suite logique après la Vuelta. J'espère faire un bon début de saison. Il y aura ensuite les Ardennaises et donc le Tour de France.
Que peux-tu y espérer cette année ?
Je ne vais pas parler d'objectif. J'ai vu le niveau qu'il y avait sur la Vuelta... J'ai envie de découvrir le Tour. Pour le moment, je ne me vois pas jouer le général. J'ai vu sur la Vuelta qu'il y avait des journées difficiles en deuxième semaine. Je ne suis pas prêt à jouer un classement général sur les deux prochaines années. Avec mon tempérament, ça ne m’intéresse pas de m'accrocher pour jouer la 15e place d'un Grand Tour. On verra comment ça évolue... J'ai la chance de côtoyer Thomas (Voeckler). Il m'inspire beaucoup. Je préfère dix fois gagner des étapes du Tour comme il a fait qu’enchaîner pendant cinq ans des places de 15e. C'est ma philosophie.