Elfarsson, dur comme la glace
En voilà un qui n'allait certainement pas se plaindre des conditions météorologiques de ce week-end, sur les routes des Championnats d'Europe à Herning (Danemark). Le vent, la pluie : l'Islandais Anton Örn Elfarsson sait ce que c'est. A vrai dire, le coureur de 27 ans avait une autre préoccupation en arrivant sur la ligne de départ du Championnat d'Europe, celle de prendre la première échappée. "C'était la première fois que je participais à une course de ce niveau. Mon idée, c'était de montrer le maillot et d'en profiter", explique-t-il auprès de DirectVelo.
UNE PAGE D'HISTOIRE POUR L'ISLANDE
Si Elfarsson tenait absolument à montrer le maillot, c'est qu'il a écrit - à sa façon - un bout d'histoire ce dimanche. Pour la première fois, des Islandais participaient à un Championnat international sur route, "Europe" et Mondiaux confondus. "L'Islande vient tout juste d'intégrer l'UCI, nous avons une toute nouvelle Fédération et c'est la première fois que nous pouvions mettre des athlètes sur un Championnat de ce niveau". S'il y avait également quelques représentants de "la terre de glace" dans les autres catégories, Elfarsson était bien le seul à arborer le maillot "Iceland" sur la course Élites. "En fait, on bénéficait de plus de places mais les gars qui auraient pu venir ne l'ont pas fait pour différentes raisons et du coup, j'étais le seul présent ici. Ça aurait été encore plus sympa d'être un peu plus nombreux mais c'est déjà bien", détaille celui qui se penche déjà sur l'avenir. "Maintenant, j'espère que ce sera l'occasion de donner l'envie à certains jeunes islandais de faire du vélo".
Car jusqu'à présent, on ne peut pas franchement dire que le cyclisme soit le sport national sur cette île que l'on surnomme la terre oubliée par Dieu. "On a quelques coureurs en Islande, mais pas beaucoup. Je dirais qu'il y a sans doute cinq ou six coureurs de mon niveau, puis après, il y a quelques jeunes dont des petites Juniors qui marchent pas mal. L'une d'elles a terminé dans le premier peloton sur ces Championnats d'Europe (Kristin Edda Sveinsdottir 24e, NDLR) . On progresse !".
BANQUIER A COPENHAGUE
Bien que l'on parte de loin, Elfarsson voit tout de même le cyclisme se développer dans son pays. De façon significative, même, depuis quelques mois. "Ca se développe beaucoup d'un coup à vrai dire. Le cyclisme devient populaire en Islande. Plein de jeunes se mettent au vélo. L'UCI nous aide à développer une équipe et on a aussi eu l'occasion de s'entraîner en Suisse au mois de mars avec les coachs de l'UCI (le Centre Mondial du Cyclisme, NDLR). Puis on a fait ces mini Jeux Olympiques à Saint-Marin avec les toutes petites nations mondiales. C'était une superbe expérience d'échanger aussi avec les athlètes des autres disciplines", se félicite-t-il.
En revanche, malgré la bonne volonté de chacun, il est tout bonnement impossible de s'entraîner sur les routes islandaises une bonne partie de l'année. "C'est vraiment compliqué, très enneigé. Pendant tout l'hiver, tu ne peux absolument pas rouler avec un vélo de route. Il faut des pneus neiges (rires). C'est possible avec un VTT ou un vélo de cyclo-cross mais c'est tout. Et puis l'été... il fait 10-15 degrés avec beaucoup de pluie. Sur ces Championnats, on a dit qu'il pleuvait sans arrêt cette semaine au Danemark mais avec ces températures-là, ce serait une belle semaine d'été en Islande", plaisante celui qui réside actuellement... au Danemark, pour profiter pleinement de sa passion. Le coureur y est banquier, à Copenhague. "Je m'entraîne le soir et les week-end uniquement", précise celui qui a également un Masters d'ingénieur.
150 KILOMETRES A L'AVANT
Anton Örn Elfarsson a donc réussi son pari : il a pris la première échappée de ce Championnat d'Europe, en compagnie du Suisse Lukas Spengler et du Biélorusse Nikolai Shumov, se retrouvant aux avant-postes pendant près de 150 kilomètres. "Je connaissais quelques coureurs danois et je leur avais demandé de ne pas suivre mon attaque en début de course. Et c'est bien, ils ne l'ont pas fait (rires). J'étais un peu stressé avant la course à l'idée de pouvoir me retrouver à l'avant du peloton dans les tous premiers hectomètres pour pouvoir prendre l'échappée. Mais tout s'est bien passé !".