Le coup d'envoi de Remco Evenepoel
Chez les Evenepoel, on connaissait déjà Patrick, le père. Coureur professionnel chez Collstrop de 1992-1994, il a remporté le Grand Prix de Wallonie en 1993. Il faut dorénavant compter avec son fils, Remco. Pourtant, le Junior de Forte Young CT était encore footballeur il y a seulement cinq mois.
Avant d'épingler son premier dossard, le jeune homme de 17 ans évoluait au RSC Anderlecht et rêvait d'une carrière professionnelle dans le ballon rond. Remco a débuté à 5 ans au Sporting avant d'être recruté à 11 ans par le PSV Eindhoven. Il est revenu deux ans plus tard dans la maison mauve. Ce milieu défensif était capitaine de son équipe et des Diablotins. Un scénario parfait jusqu'à ce qu'on lui dise subitement qu'il n'avait plus d'avenir dans le club d'Anderlecht. "Un choc", pour le jeune homme qui "n'a reçu aucune explication de la part des dirigeants", confie-t-il à DirectVelo. "Abattu", il a tenté de se relancer au KV Malines mais "le ressort était cassé. Je n'éprouvais plus de plaisir. C'était terminé et j'ai arrêté. Malines n'a pas insisté."
« J'AI RATE MES DEUX PREMIERS VIRAGES »
C'est alors que le Bruxellois s'est tourné vers le sport de son paternel. Une discipline qu'il a toujours apprécié en parallèle au football. "Quand je jouais au foot, je peaufinais chaque été ma condition grâce au VTT. Je trouvais cela plaisant. Je n'ai rien dit à mes parents. J'en ai parlé avec mon entraineur Fred Vandervennet. Il m'a dit que j'avais le potentiel pour briller. J'ai commencé prudemment sur l'ancien vélo de mon père." Le 2 avril à Zoutleeuw marquait le coup d'envoi de sa carrière cycliste sur une petite course régionale. Cinq jours plus tard, il se faisait remarquer en prenant la dixième place du Championnat Provincial de Contre-la-Montre remporté par Arne Marit. Un résultat encourageant pour sa deuxième course dans laquelle il affichait des regrets. "J'ai complètement manqué mes deux premiers virages. J'ai directement perdu 20 secondes au départ. J'ai également connu des problèmes de chaine. Sans la malchance, la cinquième place était envisageable."
Il tape alors dans l'oeil de Patrick .... Verschueren (et non Michel, l'ancien manager du RSC Anderlecht), ancien collègue de son père sur le vélo et directeur sportif de Forte Young Cycling Team. Il signe directement un contrat dans cette formation. Le début d'un rêve. "Je lui serai éternellement reconnaissant. Il m'a mis un beau vélo à disposition."
UNE PROGRESSION ETONNANTE
Quatre mois plus tard, il remporte l'étape-reine du Tour du Pays Basque et une sur la renommée Aubel-Thimister-La Gleize (2.1). Sa progression étonne l'ancien joueur de foot. "Je n'en crois pas mes yeux. Je n'aime pas l'avouer mais certains me disent qu'ils n'ont jamais vu cela. Ma transformation est incroyable. Je suis passé de 70 à 62 kilos. Il ne reste quasiment plus rien de mes cuisses de footballeur." Pourtant, des tests réalisés le classent comme un coureur de classiques. "Je me considère plus comme un rouleur plutôt qu'un grimpeur. Apparemment, je passe partout", remarque-t-il.
Des bonnes prestations qui ont tapé dans l'oeil du sélectionneur Carlo Bomans car le sixième du Circuit des Trois Provinces figure même dans la pré-sélection du Championnat du Monde en Norvège (lire ici). "Je m'y prépare. Ce parcours me convient. Personne n'est assuré de sa sélection. Je fais tout pour convaincre Carlo Bomans de me choisir. La bosse dans le parcours permet d'éviter un sprint massif. Aubel-Thimister-La Gleize m'a donné beaucoup de confiance pour ce type de tracé."
PERCER DANS LE VELO
Désormais, cet ancien footballeur aspire à un nouveau rêve : devenir coureur professionnel. Il veut prouver qu'il possède bien "ce petit quelque chose pour faire la différence" dans le cyclisme. Pas question de chausser à nouveau ses crampons. "Je suis fier de ce que j'ai accompli dans le foot. Quand je regarde un match, je vibre encore, surtout quand il s'agit du Sporting, même si ce week-end, cela a été difficile contre Saint-Trond (défaite 2-3)", dévie-t-il du sujet avant de se concentrer à nouveau: "Je n'ai plus le besoin de taper dans un ballon. La fin n'a pas été agréable. Je n'y pense plus. Je suis cycliste. Je veux percer là-dedans." Tout en gardant comme ligne de conduite, "le plaisir." "Mon père insiste sur ce point. Il a raison. Je m'amuse comme un gosse sur le vélo. J'aime bien m'entrainer. Les courses sont encore dix fois plus agréables que les sorties en solitaire", glisse-t-il avant de conclure. "Mais pour le moment, la priorité, comme depuis le début, reste les études de sciences et langues", conclut cet éternel supporter des Mauves et Blancs.