Audrey Cordon-Ragot s'est testée sous la pluie
Une fois encore, Audrey Cordon-Ragot est de la partie pour les Championnats du Monde et une fois encore, elle représentera l'Equipe de France sur le contre-la-montre comme sur la course en ligne, où elle pourrait être l'une des cartes maîtresses du clan tricolore. Après une édition 2016 marquée par des conditions climatiques très chaudes au Qatar, place à la fraîcheur norvégienne à Bergen. La pluie, le vent et le froid devraient s'inviter sur les différentes épreuves de la semaine : une situation qui n'effraie pas la sociétaire du Team Wiggle High5, qui s'est entraînée dans des conditions similaires en Bretagne. DirectVelo fait le point avec l'athlète de 27 ans.
DirectVelo : Où en es-tu à l'abord de ces Championnats du Monde de Bergen ?
Audrey Cordon-Ragot : La forme est plutôt bonne en ce moment. Je sors du Tour de Hollande (le Boels Rental Ladies Tour, NDLR), une course avec les meilleures mondiales au départ. Faire une place au général (11e) était une belle satisfaction. Il y avait deux chronos dont un prologue où je me suis bien placée (24e) alors que ce n'est pas ma discipline favorite. J'étais pas mal aussi sur le chrono de 17 kilomètres (18e) donc ça m'a mise en confiance pour ces Mondiaux. Pour le reste, on attend de la pluie et ce ne sont pas forcément les conditions sur lesquelles je suis le plus à l'aise. Mais ce sera pour tout le monde pareil.
« UNE SORTIE QUI FORGE LE MENTAL »
On savait depuis des mois qu'il y avait de grandes chances que les conditions météorologiques soient délicates en Norvège. T'es-tu forcée à travailler sous la pluie, par exemple ?
Oui, c'est vrai que c'est mieux de l'anticiper. Il faisait vraiment moche en Bretagne ces derniers jours et c'était les mêmes conditions que celles que nous allons retrouver en Norvège donc c'est impeccable. J'ai notamment pu faire un test mercredi dernier sous des conditions vraiment difficiles : une sortie qui forge le mental et qui permet d'arriver prête psychologiquement.
En roulant sous ces conditions, tu n'as pas eu peur de tomber malade à quelques jours de ce grand rendez-vous ?
C'est sûr que ce n'est pas l'idéal de ce point de vue-là, quand on sait que pendant ce temps, d'autres filles roulaient en Espagne sous le soleil. On se dit que ce serait peut-être mieux mais à l'inverse, je me dis que quand tu débarques en Norvège et que tu prends 15 degrés de différence... Ce ne doit pas être simple non plus. J'ai simplement pris ce qui venait et faire ce test sous la pluie était vraiment une bonne chose. Ça m'a donné de la confiance.
« GARDER EN TÊTE MES DERNIERES PERFORMANCES »
Une fois encore, tu vas donc représenter la France sur l'épreuve chronométrée avant d'enchaîner avec la course en ligne. Le chrono : c'est une discipline que tu apprécies de plus en plus ?
Jusqu'à présent, je n'ai pas forcément été très performante sur les Mondiaux chronos. J'étais toujours un peu en-dessous de ce que je pouvais espérer en terme de résultats. Donner une prédiction sur ce que je pourrais faire ne serait pas une bonne idée cette fois-ci. Je vais simplement essayer de garder en tête mes dernières performances contre-la-montre, mais sans pression. J'ai l'habitude de disputer ce chrono Mondial en effet donc je commence à être habituée. Ça me permet aussi d'arriver en Norvège plus tôt que celles qui ne disputeront que l'épreuve en ligne et je peux donc bien m'imprégner du parcours et de tout ce qui gravite autour. C'est une bonne chose selon moi.
Sur les Championnats d'Europe, tu avais coupée la ligne d'arrivée très frustrée après la médaille en chocolat de Roxane Fournier. Comment imagines-tu la course de l'Equipe de France sur les routes norvégiennes ?
On a un superbe groupe (voir la sélection française). On ne sait pas trop à quoi s'attendre en terme de course. Ce sera vraiment plus difficile que sur les Championnats d'Europe. On aura pas mal de cartes à jouer. Nous avons des filles fortes qui ont fait des résultats dernièrement. Je pense que l'on aura toutes un rôle à jouer et une possibilité d'aller jouer la gagne, sans avoir de réelle leader cette année. On a la chance d'avoir une superbe sprinteuse avec Elise (Delzenne), si elle bascule. Pauline (Ferrand-Prévot) a également montré récemment qu'elle était capable de suivre les meilleures. Personnellement, je peux aussi être-là dans le final. Pourquoi pas avoir Juliette (Labous) dans un coup aussi : elle est toute jeune et elle sera peu marquée. On a vraiment beaucoup de cartes à jouer. Ce sera très intéressant car personne ne sera bloquée à protéger une autre fille.
« ÇA DEVRAIT POSER PROBLEME A PAS MAL DE FILLES »
On te voit régulièrement tenter ta chance dans la dernière heure de course ces derniers mois : c'est ta meilleure chance de décrocher une grande victoire ?
C'est une possibilité en effet et ça le sera sûrement encore ici. Pour le moment ça n'a encore jamais souri mais j'espère que ce sera le cas prochainement. Il suffit d'une fois ! Sur une course d'un jour, on peut s'attendre à tout. On l'avait vu l'an dernier avec Amalie Dideriksen qui avait battue toutes les meilleures mondiales. Mais encore une fois, ça dépendra des conditions.
L'an dernier, tu avais fait part de ta déception d'avoir un Championnat du Monde organisé sous des conditions météorologiques très particulières au Qatar. Tu es contente de te retrouver en Norvège pour cette édition 2017 ?
Oui, ça me botte un peu plus (rires) ! La course va ressembler à ce que l'on retrouve sur les Classiques du printemps et normalement, je m'y débrouille assez bien. J'espère quand même qu'il ne fera pas trop-trop froid ou qu'il ne va pas tomber des cordes pendant toute la course mais c'est bien aussi d'avoir ce type de Championnat, avec des conditions pour durcir la course. Ça devrait poser problème à pas mal de filles qui sont plus à l'aise dans des conditions plus clémentes. Ça change.