Les cafés de Livigno donnent l'arc-en-ciel à Annemiek Van Vleuten
L’attente fut interminable mais l'explosion de joie n’en fut que décuplée. Installée solidement dans le fauteuil de leader du Championnat du Monde de contre-la-montre, Annemiek Van Vleuten a sauté par-dessus les barrières nadar pour s’offrir une chaude accolade avec sa mère. "Je suis tellement reconnaissante envers ma maman, que je voulais en profiter, partager cette émotion avec elle", explique la Néerlandaise.
RELEVÉE
Cette fois-ci, le titre ne lui a pas échappé. Pas comme à Rio où, alors qu’elle se dirigeait vers l’or olympique sur la course en ligne, la Batave a lourdement percuté trottoir dans la dernière descente vers Copacabana. "Ce fut une journée très difficile pour ma famille", rappelle-t-elle, le timbre tremblant. "Ma mère avait suivi ça depuis la maison, le jour de son anniversaire, avec toute la famille. Ce fut vraiment un moment dur à gérer. Alors ici, je dois juste profiter de mes proches, et penser à mon père qui est décédé."
Depuis Rio, plus d’une année s’est écoulée. Treize mois de souffrance mentale et physique pour retrouver son meilleur niveau après plusieurs micro-fractures des vertèbres et une sérieuse commotion cérébrale. "Un mois plus tard, je m’étais relevée. Je devais passer à autre chose, me fixer de nouveaux objectifs. C’est ça, la vie d’athlète : être capable d’assumer les hauts et les bas. De gérer les déceptions pour se fixer de nouveaux objectifs", sourit-elle timidement.
UN RÊVE
Van Vleuten s’était déjà illustrée en juillet sur la Course by le Tour en triomphant au sommet de l’Izoard, puis en concluant victorieusement la poursuite à Marseille. Depuis, le contre-la-montre n’a plus quitté son esprit. "Depuis l’Izoard, je me suis préparée pour arriver à mon meilleur niveau. J’ai bossé dur, j’ai souffert, mais je me suis aussi amusé pendant ces séances d’entraînement. Alors gagner ici, c’est vraiment un rêve qui se réalise. Même si je peine à retomber les pieds sur terre", s’émeut-elle auprès de DirectVelo.
Son effort fut parfaitement géré, avec un peu de prudence car quelques gouttes ont rendu le parcours périlleux. Mais l’essentiel est là, l’arc-en-ciel est collé sur ses épaules pour douze mois. "Je pense que je vais faire beaucoup d’entraînement en chrono maintenant", s’esclaffe la cycliste de 34 ans. "J’ai déjà bénéficié d’un beau soutien d’Orica. Dès mon premier jour de stage, ils m'ont mise dans une soufflerie pour améliorer ma position. J’ai aussi reçu un vélo de chrono à la maison, ce que je n’avais pas dans une équipe néerlandaise. Je roule tout le temps avec mon vélo, même quand je m'arrête boire un café à Livigno ! C’est ce qui m’a permis d’améliorer ma technique. Puis je préfère la mentalité australienne : bosser dur, mais ne pas trop se prendre au sérieux ! Après tout, une cycliste heureuse performe bien mieux !"