Nouvelle Aquitaine : Le géant aux pieds d'argile

Crédit photo Guy Dagot - www.sudgirondecyclisme.fr

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Le futur comité de la Nouvelle Aquitaine sera celui du grand écart. Au nord, il s'arrête aux portes de Cholet. Au sud il grimpe jusqu'au col d'Aubisque. A l'est, il pousse jusqu'au Plateau de Millevaches et à l'ouest, il plonge dans l'Atlantique sur les plages des Landes. "Il représentera 1/7 de la France", rappelle Vincent Dedieu, Président du comité Aquitaine. "Nous devons fusionner trois régions et douze départements quand le comité des Hauts de France regroupe deux régions et cinq départements par exemple", ajoute Jean-Serge Grand, Président du Limousin.

Le principe retenu est celui de la fusion-absorption. L'Aquitaine va absorber le Poitou-Charentes et le Limousin. C'est la solution jugée la moins onéreuse car elle permet d'économiser 30 000 euros de frais. La fusion aurait pu avoir lieu l'an dernier mais "nos avocats conseillaient de tenir les Assemblées générales de dissolution un mois avant l'Assemblée constitutive alors que dans les autres régions, elles se tenaient le même jour. Mais avoir pris un an de plus pour fusionner permet de le faire dans de meilleures conditions", rappelle Jean-Serge Grand.

"La fusion nous a été imposée et l'objectif était de la réaliser avant les dates buttoirs", se satisfait le Président du Comité Aquitaine.

LA DISTANCE

Après un démarrage en février 2016, l'opération se terminera dans les temps, le 2 décembre par une Assemblée générale de fusion, à Taponnat, en Charente, à peu près à équidistance des points les plus éloignés du nouveau territoire. Cette distance incompressible est un des problèmes de cette fusion obligatoire.

"Le siège principal sera à Bordeaux mais nous allons conserver des antennes dans les deux anciens comités. Dans le nouveau découpage, le Limousin récupérera la Dordogne. Ces antennes pourront délivrer des licences", décrit Jean-Serge Grand. Pour le premier Championnat régional, les dirigeants vont essayer de privilégier un lieu central. "Sur un plan sportif, ce découpage est une mauvaise chose. Je crains que dans les zones les plus éloignées, des clubs disparaissent", ajoute-t-il.

Ces distances risquent aussi de coûter cher dans le fonctionnement du futur comité au lieu de favoriser les économies. "Les réunions créeront des frais énormes. Quand les commissions organiseront des stages, le coût de déplacement sera un handicap", prévoit-il. "Nous sommes une réunion d'associations de bénévoles", rappelle Vincent Dedieu.

LES FINANCES

L'autre gros problème est celui des ressources financières de ce futur mastodonte. Avant même la naissance, la Région Nouvelle Aquitaine - qui, elle, existe déjà - a sabré les subventions du Limousin et de l'Aquitaine. "La subvention a été diminuée de 60% sans prévenir. Pour donner un exemple, en 2015, la Région Limousin versait autant d'argent au seul comité Limousin que la Nouvelle Aquitaine aux trois comités régionaux aujourd'hui", informe Jean-Serge Grand. La masse salariale des treize employés sera de 350 000 euros. "Nous conservons tous les salariés car la fusion n'est pas une excuse pour licencier". Dans ces conditions, l'activité sportive du nouveau comité est incertaine. "Pour le nombre de CTS rien n'est précisé. On ne sait pas comment nous allons pouvoir mettre en place le projet sportif." Le financement  du Pôle Guéret est assuré jusqu'en 2020 mais après, rien n'est défini. "Nous avons entamé une démarche auprès de la Région pour obtenir un financement suffisant. Ce n'est pas la peine de faire venir les JO à Paris en 2024 si on n'aide pas le sport de haut-niveau dans les régions."

Si la fusion va s'opérer dans les temps, tout n'a pas toujours été simple. Michel Chavanel, Président de la coordination a démissionné. D'autre part, "le point de friction principal était la représentation des Présidents des comités départementaux au Conseil d'Administration du nouveau comité. Nous avons eu gain de cause et ils seront bien présents", assure Jean-Serge Grand. Sur le plan administratif il a fallu harmoniser les conventions collectives et les mutuelles pour les salariés, régler les problèmes immobiliers avec un nouveau siège à Bordeaux, assurer la transition comptable au Jour J. Il faudra aussi harmoniser les tarifications des timbres d'engagements et des droits d'organisation. "Il y a eu des consensus de chaque côté. Il y a eu beaucoup de réunions, de questions, d'interrogation des clubs", rappelle le Président du comité Aquitaine.

"Faire l'unité des mentalités sera difficile", prévoit Jean-Serge Grand. "C'est un passage inévitable, c'est à nous de rassurer les clubs", ajoute Vincent Dedieu.

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