Clément Venturini : « J’étais à la rue, je suis dégoûté »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Cela restera à n’en pas douter l’une des grandes images de ces Championnats de France de cyclo-cross 2018 à Quelneuc (Morbihan). Grand favori pour l’épreuve Elites ce dimanche après-midi, Clément Venturini a coupé la ligne d’arrivée au ralenti, le regard vide, l’air totalement perdu… Sonné, K.O debout, le néo-sociétaire d’AG2R La Mondiale n’aura fait illusion que quelques minutes (voir classement). “C’est le genre de journées que l’on veut éviter de vivre dans une saison et malheureusement, pour moi c’est tombé aujourd’hui”, concède-t-il le plus simplement du monde auprès de DirectVelo, quelques minutes après l’arrivée. “Je n’ai jamais été dans le coup. Techniquement, j’étais à la rue. Je n’arrivais pas à piloter mon vélo sur ce terrain-là et physiquement, je n’étais pas au rendez-vous”, ajoute celui qui se contente d'une plus qu'anecdotique 6e place. 

« CA M’A COMPLÈTEMENT LÂCHÉ »

Le constat est net et précis. Dans un jour sans, le tenant du titre n’a jamais véritablement imaginé pouvoir conserver son titre. Si ce n’est avant le départ sur le circuit breton. “Je pensais aborder ce Championnat dans de bonnes conditions et au final, ça a été l’inverse… Je n’ai pas trop de mots… Ça m’a complètement lâché”.

Un temps aux avant-postes, l’ancien coureur du Team Cofidis a mis le clignotant lorsque Steve Chainel a décidé de tenter un coup de poker après quinze minutes de course (lire ici). “Quand il a accéléré, je pouvais juste constater qu’il était au-dessus et qu’il fallait le laisser partir. J’étais incapable de le suivre. C’est vraiment une contre-performance, une désillusion. Je suis dégoûté”.

« JE N’AVAIS QU’UNE ENVIE, C'ÉTAIT DE M’ARRÊTER »

Comme vidé de ses forces, Clément Venturini aurait même préféré rentrer aux stands et se mettre à l’abri sans terminer l’épreuve. Il ne l’a pas fait, simplement par respect pour sa nouvelle formation. “Je me suis quand même posé la question de l’abandon à un moment donné. Après, je me devais de faire honneur à AG2R La Mondiale qui m’a accompagné ici. Je ne pouvais pas faire ça... Mais je n’avais qu’une envie, c’était de m’arrêter. Je me suis même demandé si j’étais bien dans la réalité : c’était un véritable cauchemar !”.

Les mots sont forts. A la hauteur ou presque de la déception, de ce coup de massue pour un coureur pour qui rien n’est allé comme il l’avait imaginé. “Hier pourtant, ça allait encore. Je pensais que suite à mes changements de vélo récemment, j’allais pouvoir m’adapter sur ce type de terrains. Mais là, tous les tours, je demandais de dégonfler un peu plus les boyaux au mécano… Mais ça ne le faisait pas”.

« IL FAUT VITE QUE LA PAGE SE TOURNE... »

Une journée galère qui n’est pas sans lui rappeler un lointain souvenir. “Ca se rapproche de ce que j’avais vécu à Lanarvily en Juniors, où ça s’était mal passé aussi… Mais là vraiment… C’était mon septième cyclo-cross de la saison, j’aurais dû m’arrêter au sixième…”.

Déboussolé, le coureur de 24 ans n’en oublie pas pour autant qu’il a fait de la saison sur route sa grande priorité de l’année. Et d’ailleurs, il compte bien passer à autre-chose le plus vite possible. Cela tombe bien, il rejoindra, comme convenu, ses nouveaux équipiers d’AG2R La Mondiale à Calpe (Espagne) dès ce lundi. “J’ai hâte de les retrouver. Ca va être dur ce soir mais ça va m’aider de les retrouver en Espagne. Je dois vite repartir sur la route. De toute façon, c’était mon choix. Mais bon, le cross, c’est quand même la discipline que j’ai toujours pratiquée. La pillule est donc dure à avaler. Il faut vite que la page se tourne malgré tout…”.

La tête baissée, depuis le début de la course jusqu’à la zone d’arrivée, voilà Clément Venturini qui lève enfin les yeux au ciel, furtivement. Il lance alors : “Le ciel est gris aujourd’hui. Demain je retrouverai le soleil”. Un soleil espagnol qui, il l’espère, pourra lui réchauffer le coeur.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Clément VENTURINI