Un arc-en-ciel et des nuages pour la Belgique

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

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De l'élimination en qualifications de la poursuite par équipes à l'or de Nicky Degrendele au keirin, en passant par la médaille d'argent de Jolien D'Hoore sur le scratch et le remplacement de dernière minute de Lotte Kopecky par la jeune Shari Bossuyt à l'américaine, la semaine belge sur le Championnat du Monde sur piste d'Apeldoorn fut contrastée. "Nous sommes passés par tous les sentiments", synthétise Peter Pieters. Au bilan chiffré, la Belgique repart avec deux breloques, soit trois de moins que l'an dernier à Hong-Kong.

Le temps fort restera l'or de Nicky Degrendele au keirin. Disqualifiée en repêchages au Championnat d'Europe de Berlin, l'athlète de 21 ans revient de loin. "C'était totalement inattendu", s'exclamait-elle à l'arrivée. "J'étais très déçu de sa prestation à Berlin, je ne l'ai jamais caché, mais elle a réagi de la plus belle des manières", se réjouit le directeur de Belgian Cycling Jos Smets. L'occasion pour Nicky Degrendele de lancer un appel direct après la course: "A quand une vitesse par équipes en Belgique ?", la balle est dans le camp de la fédération.

LA MÉDAILLE DE JOLIEN D'HOORE

Autres points positifs : le record personnel d'Annelies Dom en poursuite, battu de quatre secondes (3'40"792) mais qui reste à 20" du record du monde, et la médaille d'argent de Jolien D'Hoore au scratch le premier jour. "Je ne me suis jamais sentie aussi bien sur un Championnat du Monde", soulignait-elle. Malheureusement, la suite fut moins prolifique pour la sociétaire de Mitchelton-Scott. Sa coéquipière de l'Américaine Lotte Kopecky, blessée au coude, a été contrainte de renoncer. Elle a laissé la lourde tâche de la suppléer à Shari Bossuyt. La jeune femme de 17 ans a souffert du premier au dernier tour mais a engrangé de l'expérience pour le futur.  Sur la course aux points, un mauvais choix de braquet a empêché la Championne de Belgique sur route de briller. "De toute façon, j'aurai été trop courte pour la victoire", avouait-elle.

S'ajoute à cela le manque d'audace sur l'Omnium de Linsday De Vylder, déploré par le coureur lui-même. "Je ne veux pas que mes coureurs roulent pour compléter le peloton. Lindsay a progressé durant l'hiver sur cette discipline. Nous y avons passé du temps et de l'énergie. C'est frustrant d'entendre dire qu'il n'a pas osé", peste Peter Pieters.

POURSUITE PAR ÉQUIPES : LE COUP DE POKER DU BRAQUET

La déception est venue de la poursuite par équipes masculine qui n'a pas continué sur sa lancée de la cinquième place sur la manche de Coupe du Monde à Manchester. C'est surtout le choix du braquet qui est au centre des discussions. Kenny De Ketele a opté pour un développement plus grand une heure avant le départ et l'a signalé à ses coéquipiers. Moreno De Pauw, Robbe Ghys et Lindsay De Vylder ont emboité le pas de leur capitaine et ont fait la même chose. Résultat : un temps de 4'03"367.

"Nous n'étions pas bons, point à la ligne. Nous devons être à même de rouler sur ce braquet et ce n'était pas le cas", affirme Moreno De Pauw. "Si nous avions roulé avec un développement plus petit, nous n'aurions pas été plus rapides pour autant", soutient Kenny De Ketele. Le tout sous le regard lointain du staff et du coach Peter Pieters. "Ils étaient dans le box, ils ont laissé faire. Ils ont aussi leur responsabilité. C'était un choix personnel mais je suis fier de l'audace de mes garçons", déclare Kenny De Ketele dans un discours proche d'un sélectionneur. Logique car il est depuis juin 2017 entraineur d'endurance chez les Juniors. "Loin de moi l'idée de vouloir doubler le staff, c'était un pari et un coup de poker. Nous débrieferons ce Championnat du Monde ensemble à tête reposée."

TROP DE SIX JOURS ?

Selon Peter Pieters, la préparation est la cause principale de cet échec. "Le temps réalisé n'était pas bon. Soyons honnêtes, mais il ne faut pas noircir le tableau. Gerben Thijssen a arrêté la piste il y a quinze jours, Robbe Ghys était malade pendant dix jours à Anadia, Sasha Weemaes aussi avant d'arriver à Apeldoorn. Nous n'avons pas pu nous entrainer correctement." Point de vue prolongé par Kenny De Ketele sur Twitter: "N'est-ce pas une tendance actuelle de notre société à exiger la perfection à 100% de tout le monde ?"

Ou est-ce dû à l'accumulation des Six Jours ? Cet hiver, Moreno De Pauw et Kenny De Ketele ont enchainé les Six Jours de Gand, Berlin, Rotterdam et Copenhague. "Nous avons le salaire minimum et les Six Jours sont un moyen de bien gagner notre vie. Si cela peut gêner la préparation pour le Mondial ? Sans doute.  Cameron Meyer a eu l'occasion de s'entrainer au soleil. Attention, nous parlons du top mondial. Cependant, sur l'Américaine, Moreno et moi avons le niveau pour lutter avec les meilleurs. Nous l'avons déjà prouvé, même si tout doit être parfait ce jour-là", réalise-t-il. "Je n'interdis rien à mes coureurs. Ils ont une préparation différente des autres. C'est leur choix mais j'attends d'eux qu'ils soient présents au bon moment", conclut Peter Pieters.

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