Vélo, boulot et judo pour les Bleues
Les cols s'enchaînent pour l’Équipe de France Féminines. Depuis dimanche soir, onze tricolores sont réunies en stage à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie). Les onze ont la particularité d'appartenir à la catégorie Espoirs (voir la sélection). "Nous sommes dans l’optique de formation, fait savoir à DirectVelo, Julien Guiborel. Depuis deux ans, nous avons établi un programme pour les Espoirs. Nous intégrons par moments des Élites identifiées qui peuvent avoir un rôle de leader ou de capitaine de route sur les courses. Mais le but est d'avoir un maximum d'Espoirs pour les former sur des épreuves internationales. C'est la même chose sur les rassemblements car les Élites ont déjà des stages avec leurs équipes. Elles sont moins disponibles, mais la porte leur est ouverte". L'entraîneur national pense notamment à des filles comme Séverine Eraud, Audrey Cordon-Ragot ou Aude Biannic, mais aucune n'a pas pu être présente en Maurienne.
DONNER « UN ESPRIT BLEU »
La FFC souhaite suivre les athlètes dans la continuité. Plusieurs filles présentes cette semaine en Savoie ont une double activité, piste/route et cyclo-cross/route. Les accompagner est important selon Julien Guiborel. "On ne veut pas qu’une fille qui sorte des Juniors se retrouve dans la nature. Il y a donc du lien entre les différents entraîneurs nationaux. On intègre des filles dans les stages pour leur permettre de progresser. Ça permet d'avoir de leurs nouvelles et de leur donner un « esprit bleu » dans la durée". S'il pensait retenir douze féminines pour ce rassemblement à la montagne, il est finalement parti sur un groupe de onze en raison de l'indisponibilité de certaines. "Je ne souhaite pas sélectionner pour faire le nombre. J'ai choisi les filles qui sont identifiées et qui ont fait des résultats et montrent un certain potentiel", confie-t-il.
Lundi, au lendemain du Grand Prix d'Izernore, les Bleues ont fait tourner les jambes sur home-trainer alors que le mauvais temps s'était installé au-dessus de la « capitale » mauriennaise. Les choses sérieuses ont commencé mardi avec les ascensions des lacets de Montvernier, du Molard et de la Toussuire. "Nous faisons un gros bloc de quatre jours jusqu'à vendredi, avec trois longues sorties de 4h comprenant à chaque fois deux cols, et une sortie courte avec des intensités hautes", détaille le coach. L'objectif premier de ce stage est de permettre à ces filles de bénéficier d'une semaine de préparation avant les objectifs à venir. "Elles ont avec elles un mécano, un kiné, un préparateur mental... Il y a un staff aux petits soins pour elles. Monter des cols aide à progresser physiquement. Ça permet aussi de se connaître pour la gestion de l'effort et de mieux gérer ses braquets".
DU JUDO POUR APPRENDRE À TOMBER
Ce rassemblement est forcément apprécié même si plusieurs d’entre-elles ne sont pas sur leur terrain de prédilection. "Victoire (Berteau) ou Gladys (Verhulst) ne sont pas dans leur élément préféré, mais malgré la difficulté, elles aiment faire ce type d'efforts. Elles ne se disent pas « mince je suis larguée ». Elles savent que ça les fera progresser pour la suite". Les Bretonnes Marie Le Net et Maïna Galand ne sont pas habituées à la montagne, mais elles ont montré des facilités ce mardi dans les montées du Télégraphe et de l'Albanne. "Ce stage permet de faire des beaux petits cols. Quand je suis à Bourges, je ne peux pas en faire, sourit la vice-Championne du Monde Juniors. Ça permet de faire des gros volumes. C'est bien pour la suite". Même son de cloche pour la Championne de France Juniors en titre. "Ça change complètement par rapport à nos entraînements habituels. C'est super. Je me suis même étonnée. Je ne m'entraîne jamais sur ce terrain-là. Comme les autres filles, d'ailleurs, car aucune n'habite à Saint-Jean-de-Maurienne", sourit la Finistérienne.
L'entraîneur national accorde également une importance particulière aux descentes des cols. "Ce stage est important côté technique. On souhaite apporter des solutions à des filles qui ont des freins sur la gestion des émotions et de la peur. Certaines sont peut-être encore marquées par des chutes passées. Armelle Favre (psychologue du sport) bosse là-dessus avec elles. De mon côté, je travaille le côté technique. Elles font des exercices dans les descentes et il y a des retours vidéos. Par exemple, je peux leur dire de ne pas pédaler. Ça permet de ressentir des choses sur le dosage du freinage pour avoir assez de vitesse à la sortie d'un virage. Elles peuvent tester des positions aérodynamiques. Ça se teste à l'entraînement, pas en course". Ce mardi soir, les Bleues ont eu droit à une séance de judo pour apprendre à tomber. "L'idée m'a été soufflée par Armelle (Favre) et Greg (Bucci), notre mécano, qui est judoka. Au judo, on apprend à chuter. On doit enlever aux filles la peur de chuter. Elles auront moins d'appréhension si elles ont appris à tomber", estime Julien Guiborel. Même si les Bleues ne seront jamais Marie-Claire Restoux ou Lucie Décosse, elles auront beaucoup appris au cours de leur semaine mauriennaise.