Du jaune, du brouillard et des vaches pour les tricolores
La France a attiré tous les regards ce lundi midi à Espalion (Aveyron). Difficile en effet de passer inaperçu avec le maillot jaune dans ses rangs... Un plan a été établi pour permettre à Simon Guglielmi de garder sa tunique acquise, la veille, après une longue échappée. "On veut filtrer une échappée. Soit un coup avec des gars pas dangereux au général, soit un groupe avec Nicolas Prodhomme ou Mathieu Burgaudeau. Alan Boileau et Aurélien Doléatto doivent maintenir un bon tempo dans la première bosse pour montrer que nous sommes là, confie Pierre-Yves Chatelon alors que les coureurs devaient affronter le premier GPM dès le début de course. Mais on ne veut pas non plus se dépouiller. On verra en cours d'étape s'il faut se battre ou si on laisse totalement filer une échappée".
« ON PEUT LAISSER TROIS MINUTES À L'ÉCHAPPÉE »
Après un début de course extrêmement rapide, le peloton lève le pied quelques instants vers le 20e kilomètre. Simon Guglielmi choisit de faire une pause-pipi. "C'est monté à bloc. J'avais des bonnes jambes. Je suis content", dit-il à son sélectionneur. Pierre-Yves Chatelon en profite pour donner les premières consignes à Aurélien Doléatto. Trois hommes sont alors en tête mais le peloton reste secoué par des attaques. Elles condamnent les fuyards et le bon coup part finalement au 41e kilomètre, avec quatre hommes. Tout se déroule alors parfaitement pour les tricolores. "On ne laisse pas trop de cartouches. Je pense que les Anglais voudront tenir le peloton pour Pidcock", pense l'entraîneur national qui apprécie de voir vers le 50e kilomètre le « bloc Equipe de France » se mettre en place.
Dix bornes plus loin, Mathieu Burgaudeau vient aux nouvelles. "On peut laisser 3' à l’échappée", l'informe Chatelon. "Alan est bien dans les bosses", répond l'habituel puncheur de Total Direct Energie. "Alors faites le rouler dans les côtes et Aurélien gère les autres parties", demande le sélectionneur.
SIMON GUGLIELMI PIÉGÉ
Le maillot jaune se fait une belle frayeur au kilomètre 85, après la zone de ravitaillement. Simon Guglielmi commet en effet l'erreur de descendre à la voiture chercher une veste. Des attaques secouent le peloton à ce moment-là et il se trouve piégé à une vingtaine de secondes, avec Aurélien Doléatto comme seul équipier. "Il n'aurait jamais dû descendre maintenant", regrette son directeur sportif. Mais tout rentre rapidement dans l'ordre.
Au pied du troisième GPM, long de treize kilomètres, Mathieu Burgaudeau revient une seconde fois à la voiture. "On est en train de laisser des plumes. Personne ne roule avec nous", peste-t-il. "Vous faites monter la bosse à Alan et vous faites le point en haut", lui indique Chatelon. "Le maillot jaune est extrêmement dur à défendre sur le Tour de l'Avenir, surtout sur un terrain comme celui-là, confie-t-il. Et puis ce sont des équipes de six coureurs avec deux gars protégés pour le général. Si les autres ne viennent pas nous relayer, on ne pourra pas réduire l'écart".
« LES VACHES ONT LE CUL SALE ICI »
Après un bel effort, les Bleus font passer l'écart de 4' à 2'40''. L'Américain Matteo Jorgenson n'est alors plus leader virtuel. A Goudet, kilomètre 126, la situation est parfaite pour les tricolores. Plusieurs équipes se mettent en tête de peloton et le rythme s'accélère dans le dernier GPM. "Aurélien a bien bossé", apprécie Pierre-Yves Chatelon au moment où il aperçoit son coureur distancé par la meute. Un peu plus haut, la voiture double Alan Boileau. "C'est bien Alan".
Malgré la pluie et le brouillard, le final se déroule sans vraiment de stress pour le clan français. "C'est le temps d'une classique ça !", glisse le coach qui prend le temps de regarder les bas-côtés. "Les vaches ont le cul sale ici", se marre-t-il en voyant un troupeau de bovins. Avant de revenir sur la course : "Nous avons bien bossé. Je suis content des gars". Grâce au travail de ses coéquipiers, Simon Guglielmi s'élancera ce mardi de Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire) pour une deuxième journée en jaune.