Quentin Simon : « J'ai bien réfléchi »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Quentin Simon veut aller de l'avant. Victime d'une rupture des ligaments croisés à l'aube de la saison 2019 (voir ici), le sociétaire du CC Étupes a décidé de ne pas s’apitoyer sur son sort. Aujourd'hui éloigné des pelotons, le Franc-Comtois a donné la priorité à ses études dans l'optique d'assurer son avenir. Pour DirectVelo, il revient sur sa blessure, ses envies et ses futurs projets.

DirectVelo : Comment va ta jambe ?
Quentin Simon : Je suis ma rééducation avec assiduité. Ça a été long et j'ai été frustré plus d'une fois. J'ai également voulu aller trop vite plus d'une fois. Malgré tout, il fallait être sérieux, ne pas se précipiter et ne pas être trop casse-cou. Après une telle opération, même si les médecins disent que la jambe est plus solide, il y a quand même une appréhension lors de la reprise. Le corps réagit différemment. Dans l'ensemble, je ne peux pas me plaindre, le fait d'être sportif de haut niveau fait que l'on récupère plus vite. Tant mieux, c'est bien de ne pas s'entraîner pour rien.

Comment as-tu vécu cette période ?
Il y a eu une période assez compliquée mentalement parce que j'avais des attentes avant la saison. Se blesser de cette façon, c'est tellement con que je me disais « si seulement tu ne l'avais pas fait ». Forcément, dans cette situation, tu rumines. Du coup, j'ai essayé de ne pas le prendre dans ce sens et d'aller de l'avant. Je suis parti en vacances au Mexique avant mon opération. Ça m'a changé les idées. C'était dépaysant. Ça m'a permis de voir autre chose. Je suis également toujours en études.

« JE VEUX CHOISIR CE QUE JE FERAI DANS LA VIE »

Qu'étudies-tu ?
J'ai intégré un master à l'INSEEC. Je travaille sur le marketing international et tous les cours sont en anglais. L'an passé, j'ai effectué un stage de six mois dans une entreprise. Je m'occupais du marketing. L'équipe était top. Voir et faire autre chose que du vélo permet d'être impliqué différemment et de se fixer d'autres objectifs. J'étais ouvert à autre chose. Je me suis rendu compte que quand tu es sportif de haut niveau, tu es presque égoïste. Tu es obligé de te centrer sur toi-même. Mais du coup, tu loupes des opportunités autour de toi. Quand tu sors de ce milieu, tu te rends compte que le vélo, c'est bien parce que l'on vit des choses qui sont fortes, mais il existe beaucoup d'autres choses tout aussi intéressantes. J'ai bien réfléchi.

Tu sembles avoir pris beaucoup de recul !
Désormais, je vais me concentrer sur mes études. Au final, ma blessure est arrivée au pire moment dans ma carrière cycliste, vu que la dernière année Espoirs est une année charnière. J'avais envie de tout mettre en place pour performer. Par contre, les années passent également au niveau des études et il y a beaucoup d'opportunités dans le monde professionnel. Il faut savoir les saisir sinon d'autres peuvent le faire à notre place. Du coup, j'ai envie de mettre toutes les chances de mon côté pour avoir un bagage solide au niveau des études. Je veux avoir toutes les cartes en main pour décider de mon avenir professionnel. Je veux choisir ce que je vais faire dans ma vie.

« ME DIRE QUE C'ÉTAIT UN MAL POUR UN BIEN »

La compétition te manque-t-elle ?
En tant que compétiteur, forcément il y a un manque. Je le ressens, mais c'est surtout un manque d'objectifs et d'endorphines. Le corps a l'habitude d'être sollicité donc c'est difficile de s'y faire. En plus, l’adrénaline de la compétition est difficilement retrouvable ailleurs. Mais je ne délaisse pas totalement le vélo. Je vais d'ailleurs courir l'Extrême sur Loue en VTT ce week-end. C'est un amusement. Je le prends plus comme du vélo plaisir.

Est-il envisageable de te revoir dans les pelotons ?
Je ne m'interdis rien. Au fond de moi, je pense que c'est l'envie qui me dictera ce que je vais faire, mais je ne serai plus Espoir. Il faut être réaliste, les mecs comme Bouchard qui passent professionnels tard, il n'y en a pas des millions. En étant moyen ou même dans le haut du panier, on ne passe pas professionnel. En tant que « désespoir », il faut écraser pour y arriver. Pour l'instant, je profite du vélo et je me fais plaisir comme je le faisais quand j'étais gosse. Je n'ai plus de contraintes, mais ça ne m'empêche pas de bien rouler. Des fois, j'arrive dans une bosse et je m'improvise une séance d'intensité.

Tu n'as donc pas de regrets ?
Si tu commences à regarder derrière toi en te disant que ça aurait pu être différent, tu subis les choses. Pour ne pas avoir de regrets et me dire que j'aurais dû continuer, je me dis qu'il faut que je travaille à l'école. J'ai envie d'accumuler plein d'expériences pour définir ce que je veux faire. J'espère me dire un jour que c'était un mal pour un bien.

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