Piste : L'heure des choix en Équipe de France
Steven Henry et Herman Terryn ont fait leurs choix. La sélection pour le Championnat du Monde de Berlin est tombée (lire ici). "Je me suis gratté la tête et j'ai passé quelques nuits difficiles, concède le premier nommé à DirectVelo. C'est un problème de riches, il vaut mieux quand c'est dans ce sens là". Sa décision la plus difficile à prendre a été de choisir qui allait accompagner Benjamin Thomas, le titulaire indiscutable, dans l'Américaine à Berlin.
LA VICTOIRE À 60KM/H
Sur la ligne de départ, ils étaient trois : Morgan Kneisky, Bryan Coquard et Donavan Grondin. C'est le plus jeune qui a décroché la timbale. L'entraîneur national de l'endurance expose sa méthode de sélection. "J'avais annoncé que les deux premières manches de Coupe du Monde et le Championnat d'Europe seraient les manches tests. Ils ont chacun préparé leur manche qu'ils ont courue avec Benjamin".
Alors au moment de trancher, la balance a donc penché vers le néo-pro d'Arkéa-Samsic. "Ça ne 'est pas joué à grand-chose. Donavan et Benjamin gagne leur Américaine à Glasgow à 60km/h, ça a joué". La chute de Bryan Coquard en janvier qui lui a causé un trait de fracture à l'omoplate ne l'a pas avantagé. "Il n'a pas pu courir les 6 Jours de Berlin et j'ai eu peur qu'on retombe dans le bilan de l'an dernier où il avait manqué de pratique spécifique piste. Ça s'est joué à des petits détails et il fallait trancher et ça s'est orienté vers Donavan", justifie l'entraîneur national.
« LES QUATRE MEILLEURS CHRONOS HISTORIQUES, C'EST MELVIN LANDERNEAU »
Du côté de la vitesse par équipes, Herman Terryn prend les devants. "C'est le poste 3 qui peut être un peu discuté". Les deux finisseurs retenus sont Quentin Lafargue et Melvin Landerneau. Michaël D'Almeida, double médaillé olympique de la spécialité, doit se contenter sur le kilomètre. "On est toujours nombreux en équipe de France à prétendre à une sélection", rappelle Quentin Lafargue, preuve aussi de la qualité des pistards tricolores.
Pour justifier son choix, l'entraîneur des sprinters s'appuie sur les chiffres bruts. "Si on prend les quatre meilleurs chronos historiques au poste 3, c'est Melvin Landerneau qui les a faits en cinq courses. Les trois suivants sont réalisés par Quentin Lafargue". En effet, depuis le dernier Championnat d'Europe, le pistard de 22 ans aligne les 12"8 et même un 12"7 dans le dernier tour. "C'est à Glasgow, où je réussis la meilleure marque française sur le troisième tour, et où on établit tous les trois le record de France (1)", estime le coureur.
MICHAËL D'ALMEIDA : « JE ME REMETS EN QUESTIONS »
De son côté Michaël D'Almeida a appris sa non-sélection pour la vitesse par équipes "en même temps que tout le monde, dans une réunion, dit-il à DirectVelo. Je ne m'y attendais pas. Je me remets en questions mais quand j'aurai des explications je me remettrai encore plus en questions". Au moment d'analyser le choix de son sélectionneur, il avance, "il m'a peut être manqué de lui procurer plus de confiance". L'entraîneur national est conscient que cette situation n'est pas facile pour celui qui a toujours répondu présent en équipe de France : "Je comprends que par rapport à son parcours c'est forcément compliqué à vivre. Il était titulaire aux deux dernières olympiades et là, au dernier championnat du monde avant les Jeux, il est remplaçant. On le savait en annonçant la sélection. Mais il a été bien entraîné, il a pu faire des stages dans de bonnes conditions". Grégory Baugé, le démarreur du trio, ajoute en parlant de son ami, "c'est un coureur en qui j'ai confiance. Pour moi, on doit mettre le plus performant. Il a aussi les pieds sur terre. On a conscience qu'on est là depuis des années. Il y a des jeunes qui ont les dents longues, s'ils ont fait mieux, ils ont fait mieux".
En cette année olympique, le couperet de la sélection pour le Championnat du Monde a des allures de double peine. Les sélectionnés pour Berlin ont toutes les cartes en mains pour gagner leur place pour Tokyo au mois d'août. "Il y aura une sélection pour les Jeux olympiques un mois plus tard, forcément on prendra en compte leur comportement au Championnat du Monde", dit Herman Terryn. "Si la paire d'Américaine n'est pas concluante à Berlin, ça remet pas mal de choses en questions, je passerai d'autres nuits difficiles...", ajoute Steven Henry.
« BRYAN Y CROIT TOUJOURS »
La porte de Tokyo n'est donc pas fermée à double tour au nez de Bryan Coquard et de Michaël D'Almeida. Ils seront d'ailleurs bien présents à Berlin pour jouer un maillot arc-en-ciel. "Bryan est très motivé par la course aux points, il jouera la médaille. Le fait qu'il ait accepté de venir pour la course aux points, montre qu'il y croit toujours même s'il est déçu", apprécie l'entraineur de l'endurance. La sélection définitive tombera le 30 juin. "Ils font de la route et il peut se passer beaucoup de choses d'ici-là". De son côté, le coureur de l'US Créteil, plusieurs fois médaillé au Championnat du Monde du kilomètre mais jamais encore titré, va à Berlin pour le titre sur la borne. "Je me concentre maintenant sur quoi on me fait confiance". Herman Terryn veut le voir à l'oeuvre : "Michaël aura l'occasion de montrer sa forme sur le kilomètre. Il pourra montrer qu'il est performant et derrière, peut être, profiter d'une situation qui lui sera favorable et des défaillances que je ne souhaite pas pour l'équipe de France car je souhaite le meilleur pour l'équipe".
Pour les sprinters, la sélection pour les Jeux, le dernier choix, tombera le 5 avril et le groupe retenu s'envolera dans la foulée pour les Pré-olympiques au vélodrome d'Izu.
(1) Quentin Caleyron, Sébastien Vigier et Melvin Landerneau ont bouclé les 750 mètres en 42"813.