Benjamin Thomas : « Sa roue arrière, c'était le maillot »
Déjà Champion du Monde en 2017, Champion d'Europe en titre, Benjamin Thomas ajoute une ligne à son palmarès de l'Omnium avec un nouveau maillot arc-en-ciel. Le coureur de la Groupama-FDJ a survolé la course qu'il a menée de bout en bout ce samedi. DirectVelo a recueilli ses impressions après le podium et la première Marseillaise de ce Championnat du Monde à Berlin.
DirectVelo : Tu as réalisé une course quasi parfaite...
Benjamin Thomas : Oui, c'était parfait de bout en bout. Je me suis mis dedans bien comme il faut avec les deux premières épreuves (scratch et course tempo NDLR). Les jambes étaient bonnes et je n'ai pas commis d'erreurs. C'était un des Omniums les plus durs que j'ai eu à faire mais quand je n'ai pas de malchance, il faut y croire jusqu'au bout. C'est exceptionnel et pour l'instant je suis sur mon petit nuage. Ce soir, je vais lâcher un bon coup la pression avant de me reconcentrer sur l'Américaine de dimanche.
« LES PREMIERS SPRINTS NE SONT PAS LES PLUS FACILES »
Tu as gagné le scratch alors que c'est une course qui ne t'a pas toujours réussi par le passé...
Ça dépend des partants, du plateau. Il y a des coureurs comme Cameron Meyer, Lasse Norman Hansen qui n'ont pas intérêt à ce que ça arrive au sprint. On se rapproche d'un format où il y a de plus en plus de mouvements, d'échappées. J'ai attendu les douze derniers tours pour porter mon effort avec l'Anglais (Matthew Walls NDLR) en profitant d'un moment d'accalmie après plusieurs attaques. J'essaie de me détacher de ce scénario aléatoire de sprint qui ne me correspond pas. Toute la journée nous avons eu des courses dures, sans course d'attente et c'est ce déroulement qui me correspond le mieux.
Pour la dernière épreuve, quelle était ta tactique ?
Dans la course aux points, j'ai pris l'option de marquer des points rapidement pour me mettre à l'abri. Les premiers sprints ne sont pas les plus faciles, on y laisse du jus. Je faisais attention à ne pas me faire contrer par un Kluge ou un Van Schip. Ensuite je savais que j'avais juste à contrôler le Hollandais (Van Schip) car j'avais un coup d'avance sur tous les autres. Sa roue arrière, c'était le maillot. Il fallait que je la tienne et que je ne le laisse pas partir.
« J'AI AMELIORÉ MON RECORD »
Est-ce ton Omnium le plus abouti ?
J'avais déjà dit ça après Apeldoorn où j'avais maîtrisé la course de bout en bout. (lire ici). Ici c'est pareil. J'ai pris la tête pour ne jamais la lâcher. Si on parle en terme de record, j'ai amélioré mon record !
As-tu senti dès le départ que tu étais plus fort que les autres ?
Non, car je sais que ça peut aller très vite dans un sens comme dans l'autre. Je sentais que les jambes répondaient très bien. Mais avec une erreur, ça peut aller très vite. Dans la course aux points, un moment j'ai rétrogradé et Van Schip a porté une attaque. Si je ne réagis pas dans la seconde, il peut partir, prendre le tour et je suis piégé. Quand j'ai vu que je pouvais boucher les trous sur lui et que je lui mettais la pression mentalement, là j'ai su que j'avais la course gagnée.
« DONAVAN EST PRÊT »
Qu'est-ce que ce titre change en vue des Jeux olympiques ?
C'est un bon pas de fait pour Tokyo mais il ne faut pas relâcher la pression car il y a des Van Schip, des Kluge, des Viviani, des Cameron Meyer qui montent en pression. Aujourd'hui ça tourne en ma faveur mais ça peut très vite tourner dans un sens comme dans l'autre. Je fais ce que j'ai à faire. Je vais essayer d'arriver dans la meilleure condition possible comme j'ai pu le faire aujourd'hui.
Demain ce sera l'Américaine avec Donavan Grondin...
Donavan est prêt, il s'est bien préparé. La journée d'aujourd'hui lui donne encore plus de motivation pour demain. J'espère bien récupérer. J'ai l'habitude d'enchaîner les deux en deux jours comme à Hong-Kong en 2017.