Coronavirus : Le CC Nogent craint d'être blacklisté
Le coronavirus se propage d’heure en heure sur le territoire hexagonal. Ce mercredi après-midi, le dernier bilan officiel faisait état de 257 cas de contamination, parmi lesquels 64 dans le seul département de l’Oise. Une situation qui inquiète Nicolas Louis, l’un des deux directeurs sportifs du CC Nogent-sur-Oise, qui craint que son club ne soit plus invité sur les événements à venir. “Depuis plusieurs jours, on parle sans arrêt de l’Oise aux infos et ça pourrait nous poser problème”, concède celui qui a pleinement conscience du côté particulièrement évolutif de cette situation exceptionnelle. DirectVelo fait le point avec Nicolas Louis.
DirectVelo : Comment le club vit-il la situation actuelle ?
Nicolas Louis : Tout le monde sait que l’Oise est un foyer de contagion actuellement et on a ainsi reçu des consignes de la part de la mairie d’annuler tous nos rassemblements collectifs. Ces consignes touchent d’abord nos groupes de jeunes licenciés puisque depuis jeudi dernier, aucune sortie n’a pu se dérouler pour les Minimes ou les Cadets. Chacun roule dans son coin, s’il le peut. Du coup, à terme, il faudra forcément trouver des solutions. La N1 n’est pas véritablement touchée en terme d’entraînement dans le sens où aucun coureur n’habite à Nogent-sur-Oise même, ou ne serait-ce que dans une zone proche. Chacun poursuit donc le programme d’entraînement habituel.
L’équipe est en revanche dans l’incertitude quant à la bonne tenue, ou non, des courses à venir…
Forcément, c’est perturbant. On n’a pas du tout l’habitude de ça dans notre façon de travailler. On a la peur de travailler dans le vent et que tout ce qui a été fait depuis des mois tombe à l’eau. Ce début de saison 2020, on l’a préparé depuis novembre, avec des stages en Espagne, une reprise de la compétition très tôt dans le Var… Mais si les premiers gros événements sont annulés, on aura le sentiment d’avoir fait tout ça pour rien. On aura semé sans rien récolter par la suite et il faudra l’accepter.
« M’ASSURER QUE NOUS Y SOMMES TOUJOURS LES BIENVENUS »
Le CC Nogent-sur-Oise doit prochainement participer au Circuit des 4 Cantons et au Grand Prix de Lillers !
Pour les 4 Cantons, nous avons réservé l’hôtel depuis longtemps et comme souvent, nous n’avons pas d’assurance annulation. Si les courses sont annulées, nous perdrons de l’argent. On a beaucoup de réservations déjà faites bien en amont et nous avons rarement la possibilité d’annuler. Mais ce qui m’inquiète actuellement, ce n’est pas tant que des courses soient annulées mais aussi et surtout que l’on n’y soit plus conviés.
C’est-à-dire ?
Depuis plusieurs jours, on parle sans arrêt de l’Oise aux infos et ça pourrait nous poser problème. C’est bête car nos coureurs n’habitent même pas dans le coin, encore une fois, mais je comprendrais que des organisateurs n’aient pas forcément envie de nous accueillir sur leur course. C’est la raison pour laquelle j’ai rappelé l’organisation du Grand Prix de Lillers il y a peu. Je voulais m’assurer que nous y sommes toujours les bienvenus. On aura toujours la crainte que les organisations reçoivent la consigne de ne pas accueillir des équipes venant d’un département très touché par le coronavirus. Le pire, c’est que si une organisation nous refuse pour cette raison-là, ça pourrait créer un effet boule de neige par la suite. Et nous pourrions être refusés de partout. Nous sommes donc à l’affût de la moindre nouvelle, en ayant conscience que la situation est très évolutive. Mais à l’instant-T, nous ne comptons pas changer nos plans : nous irons aux 4 Cantons puis à Lillers.
« C’EST SANS DOUTE PIRE DE SE RETROUVER EN QUARANTAINE »
La situation ne cesse d’évoluer ces dernières heures puisque plusieurs formations WorldTour viennent par exemple d’annoncer qu’elles ne se rendront pas en Italie pour les courses à venir telles que les Strade Bianche ou Tirreno-Adriatico. Mitchelton-Scott a également annoncé ne pas se rendre à Paris-Nice...
Tout le monde a vu ce qu’il se passe avec les équipes qui se retrouvent en quarantaine aux Emirats. C’est sans doute pire de se retrouver en quarantaine là-bas que de voir des courses annulées et de rester à la maison car, chez soi, on peut au moins continuer de s’entraîner convenablement. Je pense que c’est la raison pour laquelle ces équipes décident de ne pas se rendre en Italie. Elles doivent avoir peur de rester coincées en Italie, ce qui les laisseraient complètement démunies.
Dans ces conditions, comment prendre les meilleures décisions, à la fois d’un point de vue sanitaire, sportif et économique ?
C’est très compliqué. On voit qu’aux Emirats, Marc Madiot en appelle à l’état. Et ce n’est pas facile, alors qu’il a une voix qui porte bien plus que la nôtre. Alors imaginez chez les amateurs… C’est une situation complètement inédite et on ne sait pas trop où elle va nous mener. En attendant, on fait comme si les courses allaient avoir lieu. Sans Plan B, car c’est trop compliqué à anticiper.
« IL FAUDRA FAIRE LES BONS CHOIX ET D’ABORD PENSER À LA SANTÉ DE CHACUN »
Dimanche dernier, Simon Clarke expliquait après sa victoire à la Drôme Classic qu’il faisait des Strade Bianche un rendez-vous majeur de son début de saison (lire ici). Ce mercredi, son équipe annonce qu’elle exerce son droit de retrait et ne se rendra pas en Italie. On imagine qu’il a dû y avoir de longs échanges entre dirigeants et coureurs de l’équipe WorldTour. Qu’en serait-il dans un club comme le CC Nogent-sur-Oise ?
Les “patrons”, ce sont les deux directeurs sportifs, à savoir Arnaud (Molmy) et moi-même. On prendra les décisions qui s’imposent suivant la situation, en concertation avec le bureau de direction du club. On préviendrait les coureurs de nos décisions de ne pas se rendre sur un événements pour des questions de risque sanitaire. Si, par exemple, on apprend demain qu’il y a deux morts de 35 ans dans une zone où l’on doit courir, on ne s’y rendra sûrement pas, c’est net et sans bavure. On sent les coureurs frustrés et inquiets de ne pas courir, mais il faudra faire les bons choix et d’abord penser à la santé de chacun.
Comptes-tu recontacter les organisateurs du Grand Prix de Lillers avant d’envoyer l’équipe sur place ?
Ils nous ont eux-mêmes contactés ce mardi pour savoir si on avait la consigne de rester “chez nous” ou si on était autorisé à se déplacer dans d’autres départements et donc sur la course. Cette situation est inquiétante car on se projette aussi sur l’avenir. Que se passera-t-il si on a l’interdiction de se rendre à Nantes-Segré ? On prendra 90 points de malus au classement de la Coupe de France ? Il y a beaucoup d’inconnu. Pour répondre plus directement à la question ; oui, c’est prévu, je contacterai l’organisation de Lillers. On restera aussi rivés sur les réseaux sociaux pour se tenir informés et je contacterai une dernière fois l’organisateur le matin-même de la course, juste avant que l’on ne prenne la route. En espérant que tout se passe bien d’ici-là.