Nathalie Bex : « Gand-Wevelgem, ma plus belle victoire »
Il y a quatre ans, jour pour jour, Nathalie Bex remportait la première manche de la Coupe des Nations pour Dames Juniors, Gand-Wevelgem. Un succès qui aurait dû lancer sa carrière, mais en 2018, son corps lâche à cause d'un surentrainement. L'année 2020 aurait dû être celle du retour au premier plan pour la sportive de 20 ans chez Chevalmeire CT, mais en raison de la pandémie de coronavirus, elle est donc privée de compétition. Elle revient avec DirectVelo sur cette saison 2016, sa mauvaise période et de son futur.
DirectVelo : Quand tu repenses à Gand-Wevelgem 2016, quel souvenir te vient à l'esprit ?
Nathalie Bex : La manière dont je l'emporte. Avec la qualité de ce peloton international, ça en fait peut-être ma plus belle victoire.
Dans le final, tu es dans un groupe de 18 concurrentes en compagnie de Lynn Marien. Quelle est alors la stratégie ?
Le fait d'être ensemble dans ce groupe me rassurait. Nous nous connaissions bien et nous nous faisions confiance. Je me souviens du plan que nous avions mis en place : je voulais aller au sprint car je me sentais en état de faire Top 5. J'avais déjà remporté ma première course avec l'équipe nationale (Omloop van Strijen, NDMR) quinze jours auparavant et les autres étaient donc averties. Et je savais qu'il serait dès lors difficile de sortir et de rester devant.
Mais la coach de l'époque Laurence Melys vous demande demande d'attaquer.
C'est pourquoi nous avons convenu que j'essaierais la première. Je reste devant, je gagne. Je suis reprise, elle en remet une. Si elle résiste (normalement plus de chance en démarrant la deuxième), elle gagne. Sinon, je pouvais me préparer au sprint. Ce ne fut donc pas nécessaire.
Tu attaques à neuf kilomètres de l'arrivée...
Sur une portion difficile avec le vent contre, j'ai vu une Italienne, sans doute Elisa Balsamo, faire le forcing pour faire la jonction, mais cela n'a pas marché. Je savais d'après les précédents passages que j'étais forte à cet endroit-là. Le final était quand même haletant. La coach me transmettait les écarts : 7 secondes, 9 secondes, 7 secondes. Ce n'est seulement que dans les deux derniers kilomètres que j'ai eu du champ car les concurrentes se préparaient au sprint de la deuxième place.
LE TITRE NATIONAL MOINS MARQUANT QUE GAND-WEVELGEM
Tu enchaines, douze jours plus tard, en remportant l'avant-dernière étape de l'Healthy Ageing Tour.
Ce jour-là, nous voulions durcir la course et démarrer à tour de rôle en espérant que l'une d'entre nous aille au bout. Cela a marché à 25 kilomètres de l'arrivée. J'ai été rejointe par la Néerlandaise Karlijn Swinkels et l'Allemagne Christa Riffel. Nous avons sprinté à trois. Riffel a pris le maillot jaune et moi la victoire d'étape. A ce moment-là, je ne pensais pas encore au général. Autrement, j'aurais essayé de la lâcher car grâce à cette échappée victorieuse, je remontais à la 2e place du général. J'étais même 2e de tous les classements. Je voulais faire le forcing le dernier jour, mais j'ai connu une mauvaise journée. Cela reste un bon souvenir car ces courses avec l'équipe nationale étaient presque les seules où nous pouvions nous mesurer à des coureuses internationales.
La cerise sur le gâteau : le titre national au chrono et sur la course en ligne. Tu fais même une Remco à savoir terminer avec plusieurs minutes d'avance.
Je ne pouvais que perdre. Je suis évidemment ravie de m'être emparée du titre, en tant que Junior 2, mais je pense que ma prestation à Gand-Wevelgem était encore plus marquante.
C'est donc avec un moral gonflé à bloc que tu effectues ses débuts au niveau UCI chez Sport Vlaanderen-Guill d'Or en 2017 qui deviendra Experza en 2018.
Je voulais surtout apprendre. Lors de la première saison, j'ai pu rouler des belles courses en seconde partie de saison et chez Experza, les classiques du printemps. J'ai ainsi pu gouter à tout. Je voulais surtout progresser, mais je me suis surentrainée. Et j'en ai payé les pots cassés au milieu de la saison 2018. J'ai quand même pu atteindre mon objectif à savoir le titre national chez les Espoirs.
UNE ANNÉE PERDUE EN 2019
Mais l'équipe Experza s'arrête en 2018 et tu redescends d'un niveau chez APB-Rogelli, l'équipe de Servais Knaven.
Un peu obligée et de plus, je n'étais pas encore prête pour ce niveau. Mais, ma santé s'est encore détériorée. Cela a été une année perdue alors que je voulais revenir au top.
Finalement, tu reviens au niveau UCI en signant chez Chevalmeire Cycling.
Une formation plus expérimentée qui pourra m'aider dans la gestion de mes ennuis de santé. C'est sur la bonne voie. Je suis bien guidée. Je dois rester prudente car les hormones mettent du temps à se réparer. Maintenant qu'il n'y a plus de course à cause du coronavirus, je peux encore m'entrainer et me retaper. Rouler les classiques n'était pas prévu pour moi.
Penses-tu encore éclater au grand jour ? Il y a quatre ans, tu bats Elisa Balsamo, qui entre-temps est devenue l'une des filles les plus rapides du peloton international...
J'ai encore du temps. En Belgique, on voit rarement des filles qui explosent directement. Si cela arrive, c'est bien, sinon il faudra que je me tourne vers autre chose. Je n'ai jamais connu une saison complète sans tracas. Cela joue aussi un rôle dans mon évolution. J'espère vraiment montrer ce dont je suis capable les prochaines saisons.