Valromey : à l’assaut des « Géants du Bugey »
Avant la montagne, Cian Uijtdebroeks est déjà leader de l’Ain Bugey Valromey Tour (MJ 2.1). À la veille du Grand Colombier, l’ogre belge s’est habillé de jaune après sa victoire ce dimache à Morestel (voir classements). Pour une fois, il n’est pas à l’origine de l’attaque décisive. Le coureur du Team Auto Eder a suivi une offensive de Lenny Martinez, dans une difficulté située à 27 kilomètres de l’arrivée. Le leader de l’équipe de France ne voulait pas attendre la montagne pour pointer le bout de son nez. “Lenny a des super jambes en ce moment mais samedi, sur la première étape, il n'avait pas pu se tester, indique son coéquipier Léo Kraemer. On lui a dit qu'il ne fallait pas forcément attendre la montagne, parce que Cian Uijtdebroeks pouvait être très fort. S'il pouvait gagner du temps, il fallait y aller”.
Après avoir écrasé la Classique des Alpes fin mai, Cian Uijtdebroeks est le grandissime favori de l’Ain Bugey Valromey Tour. Son nom revient sur toutes les lèvres. “Il fait toujours figure d’épouvantail alors les coureurs en parlent, reconnaît Julien Thollet, le sélectionneur de l’équipe de France. Je ne pédale pas à côté de lui donc je ne me rends pas compte. Les coureurs me disent « quand il accélère c’est trop dur ! »”. Il essaie d’éviter le sujet avec ses protégés. “Il faut se concentrer sur ce que nous savons faire et après, oui, il faut jouer avec les adversaires mais on ne va pas partir avec des complexes d’infériorité sinon on ne s’en sort plus”.
« SI T’ES FORT, ON Y VA ! »
Et ce dimanche, les tricolores ont montré qu’ils pouvaient faire de belles choses. La veille, sur la première étape, ils avaient pourtant eu du mal à se trouver. “C’est souvent comme ça la première fois où ils portent le maillot. Mais on leur a dit : « Vous êtes capables de faire les mêmes mouvements de course qu’ont pu faire Auto Eder ou AG2R Citroën samedi, donc faites-le ! »”. Les Français avaient envie de mettre Lenny Martinez sur orbite. “Ils ont dit avant l’étape « Si t’es fort, on y va ! » et c’est ce qu’ils ont réussi à faire. C’est bien parce que ça les met en confiance et ils se sentent utiles dans la course”. Une fois le Nivernais parti avec Cian Uijtdebroeks, les autres tricolores étaient confiants. “Quand ils sont partis tous les deux, on s'est dit qu'ils allaient s'expliquer entre costauds, confie Léo Kraemer. On n'avait pas les jambes pour rester avec lui et l'emmener encore plus loin. On l'a laissé faire sa course, on lui faisait confiance. On est très satisfait de sa course et de ce qu'on a fait collectivement”.
Le scénario de cette deuxième journée n’a pas surpris Alexandre Pacot. “J’avais dit aux gars que ça allait être très rapide au vu de la première étape, et que même les favoris allaient attaquer toute la course et c’est ce qu’il s’est passé, observe l’entraîneur d’AG2R Citroën U19 Team. A priori, on rate le bon coup de peu. En tout cas, ils ont l’air usé parce que la journée a été assez dure. Il y avait 47 km/h de moyenne la première heure”.
« CE N'EST PAS NOTRE GENRE D'ATTENDRE »
Place ce lundi au Grand Colombier pour la première des étapes de montagne. “Tout le monde voudra le monter le plus vite possible, imagine Alexandre Pacot. Chez nous, Thomas (Tachot) et Romain (Grégoire) devraient bien se débrouiller. On verra s’ils sont au niveau des meilleurs grimpeurs, mais je ne me fais pas de soucis. Après le Grand Colombier, il y a une grande partie descendante et un peu de plat jusqu’à l’arrivée. Clairement, on a perdu un peu de temps au général et on aura trois étapes pour le récupérer”. L’équipe Juniors d’AG2R Citroën devrait faire une course offensive pour tenter de déstabiliser Cian Uijtdebroeks. “Ce n’est pas notre genre d’attendre”, sourit l’ancien coureur du SCO Dijon. Avec un Lenny Martinez en très bonne position au général, l’équipe de France attaque elle les étapes difficiles en confiance. “Lenny sent qu’il est en forme donc ses équipiers vont vraiment lui faire confiance et ce lundi, ça se fera certainement à la pédale dans la montée du Grand Colombier. Il n’y a pas de raison qu’il ne puisse pas s’exprimer”, pense Julien Thollet.
Les concurrents de Cian Uijtdebroeks sont loin de s’avouer vaincus. “On va tenter de reprendre le temps perdu. Romain l’a déjà battu et on le connaît bien maintenant. Il n’est pas imbattable”, juge Alexandre Pacot. En le devançant dans un sprint à deux le 20 juin dernier en Italie, au Trofeo Dorigo (MJ 1.1), Romain Grégoire a montré la voie. “Ce n'est pas un surhomme, sourit Léo Kraemer, actuellement 7e du classement général. Il a deux bras et deux jambes comme nous. Pour réussir à le piéger, il faut être plus intelligent que lui, parce qu'il est une jambe au-dessus des autres. Il y a des circuits qui l'avantagent plus que d'autres”. Le Grand Colombier semble en faire partie. Mais à ses adversaires de titiller le grand belge avant, pendant ou après le « Géant du Bugey ».