Damian Wild : « J’avais baissé les bras »
Damian Wild est le nouveau Champion de la région Sud PACA sur route. Le sociétaire du VC La Pomme Marseille a été sacré, dimanche dernier, à l’occasion du Grand Prix de la Saint-Romain, à la Motte, dans le Var (voir classement). Un événement pour le coureur de 29 ans, qui courait après un titre régional depuis de longues années. Une dernière victoire, peut-être aussi, avant de mettre un terme à sa carrière cycliste. Entretien.
DirectVelo : Te voilà enfin sacré sur un Championnat régional !
Damian Wild : J’étais concentré sur ce Championnat régional toute la semaine. Les Championnats, j’ai toujours aimé ça. J’avais déjà terminé 2e d’un Championnat de Normandie derrière Benoît Cosnefroy, en 2e caté, et 2e d’un Championnat de Bourgogne-Franche Comté derrière Julien Souton, et encore 2e en Normandie, battu par Cédric Delaplace cette fois-ci. J’avais dit en rigolant à ma petite-amie qu’il était hors de question que je fasse encore 2e… J’ai réussi à le faire, c’est une belle satisfaction.
D’autant que tu l’as emporté avec la manière…
Le circuit était usant mais pas trop dur par rapport à ceux des courses provençales des dernières semaines. La principale difficulté, c’était le vent, très fort, et de trois-quarts face dans des parties importantes, notamment au sommet de la bosse. On était en prise pratiquement tout le temps. Pour le reste, ça s’est couru comme souvent en PACA : il fallait être devant assez vite pour ne pas se faire piéger. J’ai fait les 55 derniers kilomètres tout seul. Ce n’était pas prévu comme ça mais le scénario de course a fait que je me suis retrouvé à tenter le coup de cette façon-là, et c’est passé.
« J’AI PARFOIS DES PERTES DE MOTIVATION »
Cette victoire semble aussi être une récompense après plusieurs places d’honneur ces derniers week-ends…
En fait, j’ai connu une période compliquée récemment. Lors du Championnat de France, je n’étais pas du tout à mon niveau. C’était incompréhensible. Je me suis retrouvé vidé de toute énergie, d’un coup… Après la course, j’ai dit que c’était fini, que j’arrêtais le vélo. Je travaille dans un magasin de cycles, à Nice, depuis peu, entre 15 et 25 heures par semaine. Je me suis consacré à cette activité-là pendant un mois. Puis j’ai décidé de m’y remettre, sur le vélo, et j’ai fait 4e sur une Toute Caté (le Grand Prix de Pontevès-Elan Varois, NDLR) avant de terminer 2e à Jouques derrière un intouchable Adrien Maire. Puis j’ai encore fait un Top 5 (à Alleins, NDLR). Je sentais que j’étais en bonne forme et que je pouvais gagner ce Championnat car ça revient bien.
Ce n’est pas la première fois de la saison que tu arrêtes de courir pendant quelques semaines. Tu avais déjà fait un premier break entre mi-mars et début mai...
Je suis un passionné, je roule tous les jours… Pour moi, une journée sans vélo ou sans sport est une journée ratée. Même si c’est juste pour faire deux heures, m’arrêter à la boulangerie prendre un petit truc et finir ma sortie tranquillement, j’ai besoin de ça. C’est addictif. Mais c’est une année compliquée pour moi. J’ai parfois des pertes de motivation.
« JE NE SAVAIS PAS TROP QUOI FAIRE »
Comment l’expliques-tu ?
L’hiver dernier, j’étais en contact avec des N1 et ça ne s’est pas fait au dernier moment… Je n’ai pas compris ce qui m’a manqué… C’était frustrant. Depuis, j’ai eu des hauts et des bas. Je me suis demandé pourquoi je n’aurais pas ma place en N1. J’ai 29 ans, certes, mais j’ai commencé le vélo tard… J’aurais pu abattre du boulot pour des petits jeunes. J’aurais déjà pu arrêter à ce moment-là mais Christophe (Gouyon, le nouveau directeur sportif du VCLPM, NDLR) m’a motivé à partir sur cette nouvelle aventure avec lui. Gladys (Verhulst, sa petite-amie, professionnelle au Team Arkéa, NDLR) m’a elle aussi motivé à continuer. C’est important de l’avoir avec moi, ça pousse à continuer car on partage la même passion. Mais il faut aussi être réaliste et raisonnable. J’aurais aimé faire du vélo à 100% mais financièrement, ça devenait compliqué et il fallait se débrouiller. C’est pour ça que j’ai trouvé ce boulot dans un magasin de vêtements à Nice (Gladys Verhulst et Damian Wild se sont installés dans la région en février dernier, NDLR). Niveau vélo, j’avais baissé les bras… Je ne savais pas trop quoi faire, si je devais continuer ou arrêter. C’est toujours le gros dilemme. Il y a des chances que je passe en 35h prochainement et si c’est le cas, alors ce sera fini pour le vélo.
Avant même la fin de cette saison ?
C’est possible. Je prends vraiment les courses les unes après les autres. Je n’ai pas le choix. C’est très flou. Pour les 4 jours des As-en-Provence, par exemple, à moins de bosser à fond de lundi à mercredi, je ne pourrai pas les faire car je travaillerai en fin de semaine. Je n’ai aucune visibilité sur mon calendrier. Alors je ne me projette sur rien au niveau du calendrier. J’arrive peut-être au bout du chemin.