Maël Guégan : « On ne comprenait pas ce que j’avais »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Il est de retour. Après un mois et demi loin des pelotons et une reprise à l’Estivale Bretonne la semaine passée, Maël Guégan a fait mieux que ressortir le vélo ce dimanche, en s’imposant sur le Grand Prix de Saint-George-sur-Loire (voir classement). Débarqué au Team U Nantes Atlantique cette année, il a connu une saison 2021 très moyenne. La faute à une mononucléose qu’il a mis beaucoup de temps à identifier. Le coureur de 23 ans se livre à DirectVelo sur cette période de galère qu’il a traversée, lui qui était parmi les meilleurs Amateurs la saison passée. Regonflé à bloc et motivé, Maël Guégan espère maintenant finir sa saison de la plus belle des manières.

DirectVelo : Ça y est, tu as signé ta première victoire cette année !
Maël Guégan : Je ne m’attendais pas à un scenario comme ça, j’avais déjà fait cette course. On pensait que ça sortirait tôt. Finalement ça n’a jamais débranché, il n’y a jamais eu vraiment d’échappée. On finit à plus de 44 km/h de moyenne. Ça m’a bien arrangé puisque j’aime les courses usantes, ça s’est fait sur la fin. On est sorti à deux tours et demi (20km environ, NDLR), parce que la course s’était faite par l’arrière. Baptiste (Constantin) avait bien essayé, il a fait deux tours seul en tête. Il nous a bien mâché le travail, parce que quand on l’a repris tout le monde commençait à être bien cuit. C’est là qu’on est sorti sur la partie la plus dure du circuit.

Tu étais avec Killian Verschuren dans le groupe de tête. Comment vous-êtes vous accordés ?
Dans le groupe, pendant plus d’un tour nous nous sommes bien entendus et dans le dernier tour j’ai senti que ça allait attaquer. J’avais bien retravaillé le sprint ces dernières semaines, j’étais bien confiant. J’ai dit à Killian, « va chercher les mecs et ne roule pas ». Il a fait son job à la perfection. Être devant en Espoir 1, ça montre sa forme, et en travaillant en plus, ça fait plaisir pour moi et pour lui. Il m’a lancé aux 600 mètres pour revenir sur un coureur qui tentait de sortir. À trois de l’équipe, on a très bien couru.

« PRESQUE UN SOULAGEMENT QUAND J’AI EU LES ANALYSES »

Cette victoire te fait enfin sortir la tête de l’eau ?
Ça fait plaisir. Je suis passé par tellement de doutes et d’incertitudes jusqu’à ce que je sache que j’avais la mononucléose. Ça a été une moitié de saison très longue dans la tête, on ne savait pas ce que j’avais, on ne comprenait pas. Je n’étais pas à l’arrêt mais jamais excellent non plus, ça faisait vraiment chier. Ça a été long et dur à vivre. Puis ça a été presque un soulagement quand j’ai eu les analyses de sang. On suspectait la mononucléose, et ça a été un soulagement de se dire qu’il y avait quelque chose. J’ai dû faire trois semaines de repos complet sans vélo. Trois semaines à regarder les copains, avec une super dynamique, à gagner des courses, ce n’était pas facile mais ça me faisait plaisir de voir des Nantais sur les podiums quand je consultais DirectVelo. Mais qu’est-ce que j’avais envie d’être avec eux (sourire). Cette victoire est un grand soulagement.

Comment se sont passés ces mois où tu n’y arrivais pas, sans savoir que tu étais malade ?
J’ai fait des analyses au mois d’avril. Février et mars n’avaient pas été exceptionnels. Vu comme je m’entrainais, j’aurais dû être beaucoup plus en forme que ce que j’étais. Donc on a fait des analyses de sang assez complètes en avril, tout était plutôt nickel. On n’avait pas fait les tests virologiques. Donc on s’est remis en question sur l’entrainement, on s’est dit que j’en avais peut-être trop fait, que j’étais sans doute fatigué, donc on a levé le pied. Mais ce n’était pas mieux, voire même pire. Au bout d’un moment, début juin, après la SportBreizh, j’ai dit « là, ce n’est pas possible, il y a quelques chose », c’était de pire en pire. Donc on a rediscuté avec les médecins, on a fait les tests virologiques qui ont mis du temps à arriver, alors j’ai couru jusqu’à mi-juin. Et les résultats ont donné des résidus de virus, j’étais sur la fin d’une mononucléose. Le médecin estime que je l’ai eue fin février/début mars. Donc j’ai fait la saison avec. J’étais à 85% de mes capacités, tout le temps un peu fatigué. Donc après ça j’ai coupé trois semaines, et deux mois sans courses. Et il m’a fallu un bon mois d’entrainement pour revenir avant de reprendre à l’Estivale. C’était long ! (Rires)

« J’ÉTAIS SCOTCHÉ AU CANAPÉ »

Comment as-tu vécu la période moralement ?
Je ne me suis jamais blessé, jamais rien cassé, je touche du bois. Je n’ai jamais été arrêté en cours de saison, c’était la première fois. Ça n’a pas été facile à vivre mais j’ai bien relativisé en pensant au cas de Louis (Barré) ou Killian (Verschuren), qui se sont fracturé la rotule. Tu te dis que finalement ce n’est pas plus mal d’être sur le canapé à se reposer, plutôt que d’avoir un genou dans le plâtre. Je n’ai pas couru pendant deux mois, Louis ça a été quasiment un an. Tu te dis que tu ne t’en sors pas si mal, que tu vas prendre ton mal en patience et te remotiver. Le plus dur, c’est de se dire que j’ai arrêté les études il y a deux ans pour me consacrer au vélo, et j’ai eu une année de Covid et une de mononucléose. C’est frustrant, mais la forme est revenue, il reste une belle fin de saison à faire.

As-tu tourné en rond ces dernières semaines, ou as-tu réussi à profiter d’autres choses que le vélo ?
La première semaine, quand j’ai coupé, j’étais dans un état de fatigue vraiment intense. Ça doit s’expliquer physiologiquement, mais je pense que je tenais le coup à la motivation et l’adrénaline. En continuant de m’entrainer j’arrivais à tenir, mais quand j’ai tout arrêté, tout s’est écroulé et j’étais scotché au canapé. Je dormais tous les après-midi, j’avais l’impression que c’était de pire en pire en juin. Puis j’ai profité de vacances, ça fait bizarre en plein été (rires). Pour aller à la plage, se balader, profiter de la copine et la famille. Quand j’ai repris, j’ai senti que c’était un autre Maël, j’étais tout nouveau et frais. On a repris doucement, en roulant un jour sur deux pendant dix jours. Pour ne pas accumuler de fatigue avant de faire de nouvelles analyses. Puis je sentais que ça allait, donc je suis reparti très professionnel dans ma façon de faire, acharné sur l’entrainement, et ça paie donc ça fait plaisir.

« JE RELATIVISE PARCE QUE JE CONNAIS LES RAISONS DE CETTE MÉFORME »

Tu devais rester sur ta faim cette année…
C’est sûr ! C’était ma première saison avec Nantes, j’avais envie de gagner assez tôt avec ce maillot. Se dire que ça n’arrive qu’au mois d’août, ça fait bizarre. Maintenant je relativise parce que je connais les raisons de cette méforme. Ça me rassure, ça ne venait pas de moi. Parce que pendant un moment je me mettais à cogiter, je ne comprenais plus. Maintenant il reste de belles choses à faire, on a un super groupe, une bonne ambiance, une bonne dynamique. Il reste deux mois, on va se faire plaisir.

Maintenant que tu es débarrassé de tes problèmes, tu dois avoir le couteau entre les dents !
Je suis remonté ! On a un super groupe donc il va falloir aussi que je remplisse mon rôle d’équipier, comme je sais très bien le faire. C’est vrai que ce n’est pas le meilleur moyen de se montrer, mais j’aime ça aussi. Je l’ai fait à l’Estivale. Je sais que Louis (Barré), sur une course par étapes comme les Trois Jours de Cherbourg, peut être vraiment fort. J’aurai sans doute à travailler pour lui. Personnellement il y a des courses d’un jour comme Le Pertre, Plouay… Des courses usantes que j’aime bien. J’attends ça avec impatience. Puis pour l’équipe, l’objectif sera le Tour de Bretagne, c’est la plus belle qu’il nous reste à faire. Surtout pour les non-Espoirs, parce que les Espoirs ont encore un beau programme, mais pour moi c’est fini (rires). Donc collectivement on se focalise là-dessus.

Tu disais que tu cogitais, as-tu pensé à ton avenir dans le peloton ?
Je ne réfléchis pas à la suite. Pendant la première partie de saison où j’étais vraiment mal, ça cogitait et je me disais que c’était la dernière année. Parce que j’étais à la ramasse et que je ne comprenais pas d’où ça venait. Un moment, je me suis dit que ça ne servait à rien de continuer si c’était pour se faire taper dessus tous les week-ends. Cette période est passée depuis que j’ai su ce que j’avais. J’ai toujours envie de faire du vélo. On va voir ce que ça donne en fin de saison, en attendant je ne me projette pas à plus long terme.

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