Florian Barket : « Ça fait du bien de se libérer »
Néo-Calédonien, licencié en Martinique, et maintenant présent en métropole pour courir le Circuit des 2 Provinces au Pertre, Florian Barket n’a pas peur des voyages. Même si depuis le début de la crise sanitaire, tous ces déplacements ne sont pas forcément pour son pur plaisir personnel. Alors qu’il n’a plus mis les pieds sur ses terres d’origine depuis que le Covid est apparu, le licencié au CC Vauclinois chasse les courses où il le peut. Mais outre-mer, les courses sont aussi à l’arrêt après un début de saison consacrés aux contre-la-montre. Alors, présent en Bretagne, sur ses terres d’adoption, Florian Barket se livre à DirectVelo sur ces derniers mois, voire années à jongler entre les territoires et la bataille face aux contraintes sanitaires.
DirectVelo : Te voilà de retour en métropole !
Florian Barket : Je suis revenu en métropole il y a trois semaines. La situation sanitaire a motivé ce choix. L'an dernier, on n'a quasiment pas couru. J'étais revenu faire quelques courses en fin de saison ici rapidement, aux Championnats de France route et chrono notamment, puis je n'avais pas recouru. En Martinique, on a pu faire quatre ou cinq chronos puis tout a été suspendu. Ça devait reprendre au mois de juillet. On a refait deux compétitions mais sans la présence des étrangers qui devaient arriver : les Estoniens, Vénézuéliens, Colombiens... Comme Eduin Becerra ou Roniel Campos, qui a gagné la Vuelta al Tachira en Classe 2. Ils devaient revenir mais n'ont pas pu. À la limite, l'Estonie est en Europe, mais les Sud-Américains, c'est un peu plus compliqué, ce sont des pays à risques, ça prend plus de temps.
Puis tout le monde a été mis d’accord…
Finalement tout a été rebloqué. Alors avec mon club, j'ai décidé de revenir ici pour refaire des compétitions en attendant. Là-bas, c'est mort pour cette année. Le Tour de Martinique, c'est mort, et la Guadeloupe croit encore au report en octobre (22 au 31 NDLR) parce que c'est une Classe 2. Donc peut-être avec le passe sanitaire… mais je n'y crois pas trop. Je profite de pouvoir courir ici. J'ai continué à m'entrainer autant, voire plus que si je courais. C'est un peu embêtant donc ça fait du bien de se libérer.
« LES COUREURS EN ONT MARRE »
En Martinique, comment était l’ambiance sur ces chronos ?
C'est assez sympa. Aux îles, ce n'est pas la même ambiance que les courses en métropole. Il n'y a pas non plus autant de niveau global. Mais il y a une dizaine de coureurs avec un très bon niveau, qui pourraient faire des bons résultats en métropole. Un Cédric Eustache, Boris Carène qui a déjà gagné le Tour de la Guadeloupe. J'ai remporté un chrono, ma spécialité. Puis je me suis toujours bien classé. J'ai une bonne petite équipe donc on a fait des podiums en équipe aussi. Mais j'attendais les courses en ligne. Les chronos c'est bien, mais faire quinze minutes d'effort pour derrière faire quinze séances d'entrainement, c'est un peu long.
On imagine que tes homologues partagent ton avis…
Les coureurs en ont marre, globalement. On aurait pu refaire des chronos, mais pour le comité c'était hors de question, on ne va pas refaire ça tout le temps. Tout le monde veut courir. Moi, j'ai la chance de pouvoir venir là, et quand je suis là-bas je fais du vélo car je n'ai que ça à faire. Mais pour les autres, ils ont plus de tentations extérieures chez eux, donc c'est compliqué. Pour les jeunes qui sont venus au France Espoirs, ça s'est difficilement passé. Mais aussi parce qu’ils n'ont pas couru. Ils sont arrivés deux ou trois jours avant et ils doivent faire 150 bornes de course sans avoir couru de l'année ou ayant deux petites courses de 80 bornes dans les jambes. C'est forcément compliqué.
Quelle était la situation en Martinique quand tu l’as quittée ?
Au moment où je suis parti, on devait courir le week-end, puis enchainer les épreuves à fond. Ça aurait dû être lancé, avec le Tour de Martinique, le Tour de Guyane, etc. Puis tout a sauté. J'ai eu besoin de quelques jours pour digérer car c'est beaucoup d'investissement personnel, du temps sacrifié, pour ça. Donc j'ai attendu un peu et dès le lundi j'ai demandé à mon club de revenir en métropole car ça s'annonçait très mal. Ils ont fait le nécessaire. Alors je suis parti le mardi soir pour arriver le mercredi en métropole.
« ÇA FAIT DIX ANS, IL EST TEMPS DE FAIRE AUTRE CHOSE »
Tu es revenu en Bretagne, une région que tu connais bien…
Je suis arrivé en Bretagne il y a dix ans, le 26 août 2011. J'avais fait quelques années Cadets-Juniors. Puis les années N1, j'étais basé autour de Rennes. Même si j'ai habité un an et demi à Nantes quand j'ai terminé ma Licence et durant les années avec l’UC Nantes. Sinon j'ai toujours été à Rennes, j'habite au Rheu, c'est mon point de chute. En Nouvelle-Calédonie, l'aéroport est fermé depuis mars 2020. Il n'y a pas de covid mais il faut demander des rapatriements. Donc là j'en ai demandé un pour y retourner. J'attends la réponse. Dès que j'ai un avis favorable, je suis prêt à partir deux-trois jours après. Je n'ai vu personne de ma famille depuis deux ans. Mais là ça fait plaisir, je n'ai pas vu de Calédonien depuis deux ans et je vois Rayann Lacheny (Océane Top 16) ! (Rires) J'ai envoyé un message à mes parents « oh il y a Rayann », ça fait plaisir de voir un Calédonien, il se débrouille bien, c'est cool. Il y a aussi Hugo Pommelet qui a marché sur piste aux Europe, et Océane Tessier, championne de France. Ça fait plaisir de voir des Calédoniens comme ça.
Tu comptes rester longtemps en Nouvelle-Calédonie, ou tu as déjà réfléchi à des plans pour l’année prochaine ?
Je pense que je vais y rester un bon moment. Je vais essayer de me poser un peu dans ma vie sociale et ma vie de tous les jours. Après je vais conserver ma licence en Martinique mais je ne pense pas y retourner faire une saison entière. J'y retournerai seulement s'il y a le Tour de Martinique, normalement en juillet. Peut-être le Tour de la Guadeloupe après aussi. Pourquoi pas en juin faire quelques courses en métropole avant pour me préparer, mais je ne pense pas partir pour une saison entière. Ça fait dix ans, il est temps de faire autre chose. J'ai le temps pour trouver chez moi. Puis s’il faut prendre deux mois de vacances ou se débrouiller pour repartir ça va. Mais tout sacrifier comme je l'ai fait là, ça commence à être pesant. À voir aussi la situation sanitaire. Mais j'ai promis à mon club que je ferai un Tour de Martinique avec eux, donc je le ferai. Et si ce n'est pas 2022, ce sera 2023. En 2019, j'ai fait la première étape mais je suis tombé. Donc je n'ai pas vraiment fait la Martinique puis j'ai été enlevé de la sélection en Guadeloupe. Donc je voulais refaire la saison 2020 pour ces deux courses mais il y a eu le covid. Donc je ne voulais pas m'arrêter sur ça alors j'ai voulu remettre ça en 2021. Mais au final ça m'embête, donc on va dire que j'y retournerai pour ces compétitions-là.