Anthony Ravard : « Jouer décomplexé dès le début »
La rentrée approche pour le Team U Nantes Atlantique. À dix jours du coup d’envoi de leur saison, au Grand Prix La Marseillaise, la nouvelle formation Continentale a organisé une conférence de presse, en guise de présentation d’équipe, dans ses locaux. Menés par Anthony Ravard, les Nantais comptent les jours qui les séparent de leur premier dossard professionnel pour certains. Le manager du Team U Nantes Atlantique est revenu sur ce nouveau départ, évoquant les prémices de la saison, le calendrier, mais aussi les contours du projet et l’avenir de l’académie. Anthony Ravard fait le point avec DirectVelo.
DirectVelo : Quel est ton état d'esprit à quelques jours du lancement de la saison ?
Anthony Ravard : On est pressé d'y être, enfin dans le grand bain. Les coureurs ont une certaine excitation mais aussi un peu d'appréhension. On sera là pour les rassurer, mais on sort d'un bon stage, dans des conditions idéales pour bien travailler. On a eu trois blessés aux genoux qui ne feront pas le début de saison. À savoir Léo Danès et Axel Mariault d’abord. Ils sont repartis mais c'est encore récent. Puis il y a Louis Richard qui est toujours embêté. Pour les autres pas de problème, donc on est prêt, on a l'envie et il va falloir jouer décomplexé dès le début.
Est-ce que le travail a été différent cet hiver par rapport aux années précédentes ?
On s'est professionnalisé. Il le faut. Après, on reste un petit budget, on n'a pas un budget de WorldTour. Donc on fait bien les choses sur la performance, pour les mettre dans les meilleures dispositions. Avec un budget plus restreint, on fait des partenariats etc. Le métier reste le même. C'est toujours de faire la course, d'en gagner. En décrocher une chez les pros est notre objectif de l'année. Maintenant ça va être différent, on n'aura pas le statut de leader comme on l'avait en N1, on va être le petit poucet qui tire son épingle du jeu ! Mais sur la Coupe de France on peut espérer jouer les premiers rôles, il ne faudra pas avoir peur, se faire plaisir. C'est hyper important.
« CRÉER DE LA COMPÉTITIVITÉ DANS LE GROUPE »
Tu parlais d'appréhension, beaucoup vont découvrir le monde professionnel et le plus haut niveau...
Quand je les ai au téléphone, je ressens peut-être cette peur chez certains. Mais je n'ai pas eu l'occasion de les voir en stage comme j'ai été positif au covid juste avant. Donc je n'ai pas senti tout ça de l'intérieur. En général j'aime bien aller sur les stages, pour sentir les choses. Je sens cette appréhension chez certains, mais je leur ai dit, encore ce matin pour parler de l'année, qu'il fallait être décomplexé, aller de l'avant et se faire plaisir avant tout. S’ils sont là, c'est parce qu'on les a choisis. Donc ils ont des qualités physiques qui peuvent leur permettre de performer, ils seront présents.
Comment a été construit ce premier calendrier professionnel, avec les demandes d'invitations et les nouvelles épreuves pour l’équipe ?
Ça a été assez simple. Déjà, on a l'obligation de participer à toutes les Classe 1 et ProSeries françaises. Donc ça c'est au calendrier. Puis on a rajouté des Classe 2, pour faire des blocs. On a une première partie jusqu'à mi-avril puis on fait souffler tout le monde, car on n'a qu'un front. Il faut faire attention. On préfère ne pas trop courir, créer de la compétitivité dans le groupe pour que chacun gagne sa place, plutôt que tirer les coureurs pour aller sur les courses. Donc on a onze mecs pour des équipes de six ou sept coureurs sur les courses. On n'a pas voulu trop charger, surtout si on a des blessés en plus, pour prendre le départ en étant dans les meilleures conditions possibles.
« ON SAIT QU’ON AURA DES MOMENTS DIFFICILES »
Par exemple, le mois de mars est une période un peu creuse, comment vas-tu compenser le calendrier léger ?
On a Lillers début mars. Puis on n’a rien et on arrive sur la Coupe de France avec Loire-Atlantique/Cholet. En fonction de chacun, mais il est clair que ceux qui ne seront pas dans l'équipe première les week-ends pourront courir en individuel sur les courses Elites. Et il y en a pas mal dans le grand Ouest. Donc les coureurs pourront aller sur ces courses pour garder le rythme et garder le sens de la compétition. Même si les amateurs ne courent pas comme chez les pros. Ça permet de garder cet aspect rythme, tactique, prendre de la confiance dans un peloton, et jouer la victoire. Cette notion de pouvoir jouer la gagne est importante. En retournant chez les Elites on pourra rejouer devant, parce qu'on sait qu'on aura des moments difficiles. Donc ces courses Elites compenseront le calendrier.
Les coureurs reviendront sur des courses Elites en individuel, mais est-ce que Nantes s'alignera en équipe sur certaines épreuves amateurs ?
On devait commencer par les Plages Vendéennes, mais avec nos blessés, on a préféré annuler. Avec Florian (Richard Andrade) qui coupe à cette période, et les trois blessés... ce n'était plus viable. Ça veut dire que derrière les coureurs restants enchainent tout le mois de février. Et il y a quand même des courses importantes. Par rapport à nos partenaires, on a prévu de faire le Tour de Loire-Atlantique, ce sera structuré, mais en fonction des blessés... on n'aura pas forcément le choix. Si on fait deux fronts, ça va très vite, donc ce sera beaucoup en fonction des blessures. On aura aussi trois ou quatre coureurs sur le Circuit de la Vallée de la Loire fin février, chez nous. Mais sinon ce sera de l'individuel pendant qu’on ira sur les Classe 2 comme le Tour Alsace et d'autres.
« C’EST UNE ANNÉE DE TRANSITION »
Au départ, le projet devait être consacré aux Espoirs, puis finalement on retrouve une majorité d'Elites. Est-ce que les idées ont changé, ou revenir aux Espoirs est toujours d'actualité ?
L'objectif de l'académie est d'avoir les jeunes dès les Juniors, même Cadets 2. Et avoir le double projet chez nous. Et donc, l'équipe Continentale avec deux fronts. Un front plutôt axé sur la formation, avec des courses Espoirs comme Paris-Roubaix, Liège, Baby Giro... Et un front plus destiné à courir contre les cadors. Comme sur le mois de février où les cadors sont là tous les week-ends. L'idée est d'avoir un calendrier adapté à chacun, avec 14 à 16 coureurs et là on sera dans notre objectif d'académie, avec au moins huit Espoirs. Pour le moment on en a quatre. Mais on est resté fidèle à notre projet et notre ADN. On veut créer une académie, même si on n'est qu'à onze, on a toujours idée de former des jeunes. On a Mathias (Le Turnier) ou Emmanuel (Morin) pour l'expérience, des tout jeunes comme Florian (Richard Andrade) ou Tom (Paquet). On a de tous les profils, des coureurs du territoire, donc c'est ça aussi l'idée, former des gars du coin et les accompagner dans leurs études en plus. On a très légèrement dévié de l'idée de base, mais je dirais que c'est une année de transition.
Une idée de ProTeam à l'horizon 2024 ou 2025 a été évoquée, est-ce que le projet va prendre un autre virage encore, ou l'idée d'académie va perdurer ?
Quoiqu'il arrive, notre ADN reste la formation. On est parti du centre de formation en premier, depuis 2015. L'idée est de rester sur ce projet de base. Après on verra, si d'ici trois ans on veut consolider tout ça et féminiser la structure… On est déjà en train d'y travailler mais on y reviendra plus tard pour les projets à venir.
« LOUKA PRENDRA SA DÉCISION AU FUR ET À MESURE DE LA SAISON »
Pour prendre un cas particulier, Louka Lesueur est suivi par la Groupama-FDJ. Comment te positionnes-tu par rapport à cette double casquette ?
C'est simple, Louka est venu chez nous l'année dernière, alors qu'on avait encore un statut amateurs. Ce qui a changé maintenant, c'est le statut professionnel, donc on est concurrent de la Conti Groupama-FDJ. Il faut se dire les choses. Louka était déjà avec la fondation quand il est arrivé chez nous, ça ne nous posait pas problème comme on était amateurs. Maintenant, il est clair que c'est différent. Mais on ne peut pas non plus lui dire de quitter le club ou la fondation. Il a commencé comme ça donc on reste comme ça cette année, on laisse passer la saison. Il est chez nous, il a juste un suivi matériel et il fait des stages avec Groupama-FDJ. Mais on peut aussi lui prêter du matériel pour performer. Son entraineur est extérieur à la FDJ aussi. Donc Louka fera son année, et on fera le point. Il prendra sa décision au fur et à mesure de la saison. Mais là il doit se consacrer à son année, et nous on va l'accompagner pour qu'il performe. On le suit aussi au niveau scolaire. Il est au Team U Nantes Atlantique, il porte nos couleurs, c'est un produit du club.
L'objectif sera donc une première victoire professionnelle dès cette année...
Oui, jouer décomplexé, montrer le maillot, aller de l'avant, et jouer les premiers rôles sur la Coupe de France Pro. Et évidemment, remporter notre premier succès chez les pros, en Classe 1 ou ProSeries.