E3 : L’éclatant doublé des Jumbo-Visma

Crédit photo Pascal van de Putte

Crédit photo Pascal van de Putte

C’est une nouvelle démonstration de force qui va, assurément, marquer les esprits. Un scénario qui n’est pas totalement sans rappeler celui de la première étape du dernier Paris-Nice (2.UWT). Bien sûr, les divergences sont nombreuses et la comparaison a donc ses limites. Mais qui n’a pas (re)pensé au triplé des Jumbo-Visma à Mantes-la-Ville, le 6 mars dernier, au moment de voir Christophe Laporte et Wout van Aert filer tous les deux à quelque 40 kilomètres de l’arrivée de l’E3 Saxo Bank Classic (1.UWT) pour ne plus jamais être revus par un groupe de poursuivants impuissant, avant de franchir la ligne côte-à-côte, dans une belle et franche accolade ? Déjà lauréat du Circuit Het Nieuwsblad (1.UWT) lors du week-end d’ouverture outre-Quiévrain, le Champion de Belgique s’est une nouvelle fois imposé tandis que le Varois continue d’impressionner sous ses nouvelles couleurs (voir classement). “C’est toujours quelque chose de fou de faire 1 et 2 de cette façon mais ça ne sort pas de nulle part. On a contrôlé toute la course avec l’équipe et on a exécuté le plan que l’on s’était fixé à la perfection. On a rendu la course difficile dès le début puis on a toujours été en surnombre”, se félicite auprès de DirectVelo le lauréat de l’épreuve.

WOUT VAN AERT A ATTENDU CHRISTOPHE LAPORTE


Une fois seul en tête avec son coéquipier français, Wout van Aert a imprimé un tempo soutenu qui n’a jamais permis au groupe de poursuite de réduire véritablement l’écart. Au contraire : dans les vingt derniers kilomètres, l’écart n’a cessé d’augmenter entre les deux premiers échelons de la course. “On avait Tiesj (Benoot) dans le contre et c’était une situation parfaite”, se réjouit celui qui a vite compris que son compatriote ferait son maximum pour museler toutes les tentatives de contre-attaque. Une fois en tête avec Christophe Laporte, Wout van Aert admet avoir eu l’impression de revivre le scénario de la première étape de Paris-Nice. “C’est vrai que j’y ai pensé au sommet du Paterberg. C’était quand même très dur mais au moins, tactiquement, c’était super simple. Il n’y avait pas à hésiter, simplement à rouler à bloc jusqu’au bout”.

Dans les toutes dernières difficultés, Wout van Aert a semblé plus fort que Christophe Laporte mais le Flamand n’a pas insisté pour ne pas décrocher le Varois. “La meilleure tactique était évidemment de rester tous les deux ensemble. On a discuté sur le fait de monter un tout petit peu moins vite mais en réalité, on est quand même monté très fort (sourire). On a parfaitement dosé notre effort”.

UN CAP MENTAL POUR CHRISTOPHE LAPORTE

Christophe Laporte revient lui aussi sur ce moment où il a bien failli perdre la roue du Flamand, dans le Quaremont. “Je lui ai dit que j’étais à bloc. C’était important de rester ensemble pour la suite car c’était long jusqu’à l’arrivée. Je me suis donné au maximum et je suis très content du résultat. Wout était le plus fort, il mérite de gagner”. Le Varois assure que dans la voiture, le staff leur a laissé la possibilité de décider qui allait franchir la ligne en premier. “Mais je lui en devais une et en plus, c’était le plus fort donc je ne me suis pas posé de questions. Je lui ai vite dit que c’était pour lui”, précise l’ancien coureur de l’AVC Aix-en-Provence puis de la Cofidis.

Très marqué par l’effort et la voix particulièrement rocailleuse après l’arrivée, Christophe Laporte avait encore du mal à trouver les mots pour décrire ce qu’il a vécu sur cette épreuve. “C’est assez incroyable et dur à réaliser, même pour nous. On voulait durcir la course dans le Taaienberg puis faire la plus grosse sélection possible. Mais de là à imaginer n’être plus que deux, c’était impossible à imaginer”. Depuis qu’il a rejoint la Jumbo-Visma, l’athlète de 29 ans semble être un autre homme. “Physiquement, je me sens mieux. Ce n’est pas un cap énorme mais c’est surtout le groupe, le matériel, la nutrition, l'entraînement… C’est un tout avec cette équipe. Et mentalement, être entouré de ces coureurs-là… Je repousse mes limites depuis le début de saison, c’est ce que je cherchais”. Et s’il allait, désormais, chercher une victoire sur l’une des prochaines grandes Classiques du calendrier ? “On sait que ce sont des courses ouvertes. Je peux essayer de profiter de l’observation de certains pour essayer de gagner un jour”. Tous les espoirs sont permis.

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