Gravel : Fallait-il deux voitures par équipe sur le Tour ?
La drôle de galère de la Championne de Suisse Caroline Baur, qui a attendu très longtemps d’être dépannée jusqu’à risquer le hors-délais (lire ici), est un exemple parmi d’autres, peut-être moins marquants mais tout de même existants. Ce mercredi, lors d’une quatrième étape du Tour de France aussi attendue que redoutée, aussi excitante que stressante, de nombreuses concurrentes ont été victimes d’incidents mécaniques et/ou de chutes, lors des différents secteurs empierrés. Pour cette étape comme pour l’ensemble des huit journées de course de la compétition, une seule voiture de directeur sportif est autorisée par équipe dans la file des voitures. Un choix d’ASO pour rester dans la continuité de ce qui se fait tout le reste de l’année sur les courses du calendrier féminin.
Les équipes auraient-elles souhaité un second véhicule en course ? “Je comprends qu'il y n'y ait qu'une voiture. La durée des gravels n'est pas si longue. On pourrait en avoir deux, mais si le peloton roule tranquille, pour nous c'est plus de problèmes d'avoir deux voitures, plus de vélos, plus de staff... Les filles ne sont peut-être pas encore préparées à ça, mais peut-être l'année prochaine. On a de plus en plus de matériel etc, mais pour le moment c'est plus simple avec une voiture”, tranchait Dirk Baldinger, le directeur sportif de Ceratizit-WNT, pour DirectVelo, au départ de cette quatrième étape. “Avoir une seule voiture, très sincèrement, c'est largement suffisant pour nous qui ne visons pas le classement général avec une leader. Dans notre situation, c'est gérable une voiture pour six filles”, appuie Franck Renimel, le technicien de l’équipe Arkéa.
DES CLEFS ALLEN DANS LA POCHE
Autre son de cloche du côté de la formation Uno-X et de l’ancien pro Lars-Ytting Bak. “Sur une étape comme celle-ci, ça peut être bien d'avoir deux voitures, mais les étapes des filles sont courtes, comparé aux hommes il n'y a pas d'échappées avec des gros écarts. Mais oui, ça pourrait être bien d'autoriser une deuxième voiture qui naviguerait en queue de course si tu as des filles derrière. Certaines peuvent être lâchées dès le premier secteur avec 60 kilomètres restants, mais on accompagne nos meilleures coureuses sur les secteurs”. Et il ne reste alors plus personne à l’arrière, comme dans le cas de Caroline Baur.
“Avoir deux voitures serait intéressant mais il n'y en a qu'une par équipe à ce jour et c'est pour tout le monde pareil. Il faut s'adapter pour une journée comme celle-ci. Mais c'est toute l'année comme ça, on a donc l'habitude. On fait avec. C'est à nous de trouver des moyens pour dépanner les athlètes le plus vite possible. Tout le monde a des clefs Allen dans la poche, au cas où elles en aient besoin”, résume pour sa part Nicolas Marche, directeur sportif de l’équipe Le Col-Wahoo. “Je pense qu’on aura bientôt deux voitures en course, ça va venir, tout évolue au fur et à mesure”, synthétise enfin Stéphane Javalet, le manager de St-Michel-Auber 93.
LES FILLES INVITÉES À… MARCHER
Pour pallier cette absence d’une seconde voiture, les équipes avaient prévu le coup en sollicitant un maximum de monde, staff, bénévoles - proches des athlètes - pour dépanner les filles si besoin, lors des portions clefs de la course. “On a sollicité tous les gens qu'on avait ici sur les sections, on doit avoir neuf personnes sur la route, ça fait deux ou trois personnes par section. Il pourrait y avoir beaucoup de chutes, ça va être nerveux pour être devant dans les sections gravel. Tu ne peux pas gagner le Tour aujourd'hui mais tu peux perdre beaucoup”, imaginait Dirk Baldinger avant l’étape. Du côté du Col-Wahoo aussi, on avait mis le paquet. “Entre les familles et le staff, nous avons douze points pour le ravitaillement et les roues. Nous avons du monde aux entrées et à la fin des secteurs. Les familles ont voulu se prêter au jeu, c'est chouette. Ça rassure les filles”.
“Il y aura plus de monde qu'à l'accoutumée, avec les parents de Pauline (Allin) et plus de staff. Ceux qui vont directement à l'hôtel normalement sont sur les secteurs aujourd'hui. Tous les chemins sont couverts. Ça fait huit personnes sur la course plus du monde à l'arrivée”, explique Franck Renimel pour Arkéa. L’expérimenté Lars-Ytting Bak avait pour sa part anticipé la situation vécue par la Championne de Suisse. Mais que faire ? “On a mis des gens sur tous les secteurs, il y aura des bénévoles, moi aussi en soutien, avec des bidons et des roues. Il y aura sans doute pas mal de crevaisons alors on a mis quatre-cinq personnes sur deux secteurs, et deux sur les deux autres. Ce doit être assez, mais si tu as une crevaison au début du secteur, avec des gens placés à la fin.... Tant pis, je leur ai dit de continuer à rouler jusqu'à la fin du secteur. Ce sera gros chantier, parce que je pense qu'après le premier secteur il va y avoir des coureuses partout. Donc ce sera difficile d'aller dépanner”. Le Danois avait finalement tout résumé.