Margot Pompanon : « Je voulais retrouver un mental de guerrière »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Après six mois à enchaîner les galères, Margot Pompanon a vécu une seconde partie de saison bien plus réjouissante à partir du Tour de France, où elle promet s’être régalée et avoir beaucoup appris. La sociétaire de l’équipe St-Michel Auber 93 a mis un terme à sa saison avec deux beaux résultats sur le Tour de l’Ardèche (6e de l’avant-dernière étape) et le Grand Prix d’Isbergues (6e). L’athlète de 25 ans - installée à Cannes (Alpes-Maritimes) depuis cet été, revient, pour DirectVelo, sur sa première saison professionnelle. Entretien.

DirectVelo : Tu sembles être passée par toutes les émotions cette saison !
Margot Pompanon : Le début de saison avait été compliqué. J’ai traîné des problèmes jusqu’au Championnat de France. J’ai eu la Covid, puis j’ai chuté plein de fois, à Guégon, à la Ronde de Mouscron, à l’Escaut, puis encore en Belgique, et au Championnat… Cinq fois ! Sans oublier aussi une grippe. C’était vraiment une mauvaise période. La saison s’est heureusement mieux finie qu’elle n’avait commencé.

On devine que mentalement, tu ne devais pas être au mieux en juin dernier…
Quand tu enchaînes les contre-performances et les pépins, forcément, c’est dur. J’étais tout le temps loin de mon niveau alors que l’équipe marchait très bien. Quand tu ne sers à rien et que tu pètes tout le temps sur les courses, ce n’est vraiment pas agréable. Mais je me suis mis un coup de pied au cul au moment du Championnat de France. Je voulais retrouver un mental de guerrière, celui que j’avais un peu perdu pendant quelques temps. Après avoir cumulé les problèmes, j’avoue avoir baissé les bras. Je partais battue sur certaines courses alors que ce n’était vraiment pas dans mes habitudes. Puis il y a eu le stage de préparation pour le Tour de France qui m’a mis un bon coup de boost. J’ai senti que ça revenait bien. J’ai été prise sur le Tour et tout s’est bien enchaîné par la suite.

« UN ASCENSEUR ÉMOTIONNEL DE FOU »

Sur le papier, étant donné ce que tu avais vécu les mois précédents, il paraissait pourtant peu probable que tu fasses partie des filles sélectionnées pour ce Tour de France !
Sur le coup, quand je pensais à ma situation, je me demandais ce que j’allais foutre là-bas. Mais je me suis remise dedans comme si je repartais à zéro, en me fixant de nouveaux objectifs. Le coup de pied au cul que je me suis mis m’a fait beaucoup de bien. Je ne voulais pas aller sur le Tour pour y être une simple figurante ou juste pour essayer de finir la course. Je ne voulais pas subir, je voulais vraiment aider l’équipe, retrouver la confiance et me prouver que j’y avais ma place. Le fait d’être passée par des moments difficiles m’a sûrement aidée, en fait. J’ai eu envie de tout abandonner, par moments, en cours de saison, mais le fait d’avoir fait des études de médecine m’a vraiment permis de relativiser et d’avancer. J’avais déjà connu ce type de moments pendant mes études. Il est arrivé que ce soit très dur, que je me dise que je n’allais pas y arriver, mais j’ai toujours su relever la tête. Alors je voulais faire la même chose sur le vélo.

Et tu as finalement prouvé que tu étais à la hauteur sur les routes du Tour de France !
Ça a été un ascenseur émotionnel de fou. Il y avait une ambiance dingue sur les Champs-Elysées puis j’ai eu des merdes, des problèmes mécaniques… Je me suis dit que ça pouvait s’arrêter très vite… J’ai eu des problèmes digestifs, aussi, et un coup de chaud qui m’a coûté cher pendant deux-trois jours. J’ai souffert sur l’étape des chemins mais finalement, tout ça m’a servi. C’était l’une des premières fois que j’évoluais dans un peloton WorldTour, avec les meilleures mondiales. Mon état de motivation était au maximum. Finalement, j’ai bien fini la semaine. J’ai été chercher très loin dans mes ressources mais je suis fière d’avoir tenu la distance. Par contre, derrière, l'enchaînement a fait mal. Sur le Tour des Pyrénées, je me sentais toujours bien physiquement mais mentalement, j’étais vidée. Je n’arrivais plus à me faire mal. Je me suis demandée pourquoi j’étais là (sourire).

La coupure du mois d’août t’a-t-elle fait du bien ?
Oui, j’en avais besoin. J’ai galéré sur mes deux courses de reprise en Bretagne, je n’étais pas terrible. Mais c’est revenu petit à petit. Je me suis retrouvée à enchaîner une nouvelle fois sept jours de course en Ardèche. Sur le coup, je n’y allais pas de bon cœur car ça s’annonçait vraiment difficile mais finalement, je m’en suis bien sortie. Puis j’ai bien fini avec ce Top 10 à Isbergues. C’est bien, je vois que j’arrive à encaisser mes nouvelles charges de travail.  

« JE N’AI PAS ÉTÉ SURPRISE CAR ON A SU GARDER NOTRE NOYAU DUR »

Cette saison 2022 était ta première à ce niveau…
Je n’avais pas trop d’expérience car c’était même ma première vraie saison. Avant, j’étais à l’école en même temps et je m’entraînais vraiment comme une amateur. Je n’avais pas trop le temps de rouler. Cette fois, j’ai pu vraiment augmenter les charges, les doubler voire les tripler. J’ai réussi à prendre un nouveau rythme, progressivement, et ça m’a forcément fait beaucoup de bien.

Et tu sais désormais que tu as, visiblement, de bonnes capacités de récupération !
C’est le point le plus positif de cette saison. J’assimile bien les charges de travail, c’est encourageant pour la suite. Je vois qu’au fil des étapes, je me sens vraiment bien. C’est bon à savoir (sourire).

Ton évolution personnelle est, en quelque sorte, à l’image de celle de l’ensemble du groupe, qui semble avoir passé un gros cap cette année…
Je n’ai pas été surprise car on a su garder notre noyau dur l’hiver dernier et conserver la même entité et les mêmes valeurs du club d’Auber. Je me plais vraiment dans cette équipe qui travaille très bien. Charlotte (Bravard) et Stéphane Javalet ont une façon de travailler et des valeurs qui me correspondent pleinement. Ils font leur recrutement en accordant beaucoup de sens à la personnalité des filles et à la création d’un groupe uni, qui s’entend bien. C’est super important. Sportivement, on a pu compter sur une grande Simone (Boilard), qui va encore continuer de progresser. Je suis très heureuse de savoir qu’elle a voulu continuer avec nous un an de plus, en 2023, malgré des propositions de très belles équipes. On a aussi compté sur l’expérience de Coralie (Demay) qui s’est surprise en jouant avec les meilleures grimpeuses, notamment en Ardèche. Le groupe est solide et ça promet pour la suite. Je crois qu’on s’est toutes surprises et ça va nous donner beaucoup de confiance pour l’année prochaine.

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