Lilian Calmejane : « À nouveau bien dans mes baskets »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

C’est l’heure du second souffle pour le désormais trentenaire Lilian Calmejane. Après une expérience de deux ans au sein du collectif d’AG2R Citroën qui n’aura pas été une franche réussite, l’Albigeois a pris l’option de rejoindre, pour la première fois de sa carrière, une formation étrangère en signant chez les Belges d’Intermarché-Circus-Wanty. 4e à Majorque, deux fois dans le Top 20 aux Boucles Drôme-Ardèche puis 11e du Trophée Laigueglia, il a réalisé un début de saison plus que correct. “Je suis content de ma préparation et de mon intégration dans l'équipe. En rugby ou en foot, on parle de sang-neuf quand tu fais rentrer un joueur… Je ressens la même chose avec cette nouvelle expérience. Je me sens à nouveau bien dans mes baskets. C'est un bon début de saison, même si une fracture au poignet m'a empêché d'aller à Oman, une course où j'aurais été ambitieux”.

« JE CONNAIS MES LIMITES »

La semaine passée, l’ancien coureur de l’école Bernaudeau - Vendée U puis DirectEnergie - a participé à Paris-Nice, une épreuve sur laquelle il faisait son retour puisqu’il l’avait disputée tous les ans au sein de la structure vendéenne - cinq fois d’affilée - mais n’y avait jamais participé avec AG2R Citroën. “Je misais beaucoup sur l’étape de vendredi. Sur le papier, c'était l'étape qui convenait le mieux aux baroudeurs”. Mais cette étape avait finalement été annulée en raison de très fortes rafales de vent dans le Var et les Alpes-Maritimes ce jour-là. “Il n'y avait rien à dire là-dessus. Lors de la Drôme Classic, on avait déjà eu des conditions similaires et c'était très dangereux”.

Sur ce Paris-Nice, Lilian Calmejane avait un objectif très précis en tête : jouer une victoire d’étape, même s’il se doutait que les chances de réussite des attaquants ne seraient pas légion. Il pensait ainsi à l’étape de vendredi, donc, et potentiellement à la dernière, dimanche à Nice. “Je pense que le maillot à pois était aussi un objectif réalisable. Mais je n’étais pas venu pour ça cette année”, expliquait-il auprès de DirectVelo en fin de semaine, sur la Promenade des Anglais. “Je me doutais que ce serait contrôlé par les favoris et qu’il n’y aurait pas trop de place pour les baroudeurs, mais j’arrive à un stade de ma carrière où je veux vraiment retrouver le plaisir de gagner”.

Cette envie de lever les bras dépasse donc largement le cadre de la « Course au Soleil ». “En WorldTour, c'est très compliqué de jouer un général maintenant, peu importe la course. Je connais mes limites. Mais je peux encore jouer des victoires d'étapes”. Et s’il y a bien une course sur laquelle il rêve par-dessus tout de gagner, c’est sur la plus belle et prestigieuse d’entre elles, le Tour de France. Comme pour Paris-Nice, il devrait profiter de son changement d’équipe pour y faire son retour en juillet prochain. “Ce sera mon plus gros objectif de la saison, après l’avoir loupé pendant mes deux années chez AG2R Citroën. Tous les voyants sont au vert et la suite s'annonce bien”, se réjouit-il d’avance.

« IL N’Y AURAIT RIEN DE PLUS BEAU »

Lilian Calmejane n’a pas encore la certitude d’être sur le Tour. Mais dans son esprit, c’est pratiquement tout comme. “Ce n’est pas comme dans les équipes françaises. Ici, on n’est déjà que dix candidats pour huit places. Entre les blessures et les maladies, ça te garantit pratiquement déjà une place si tu es bien”. Vainqueur à la station des Rousses en 2017, il part s'entraîner tous les jours avec à l’esprit cette envie de doubler la mise dans quelques mois. “L'équipe n'a encore jamais gagné sur le Tour. Offrir ça à ma nouvelle équipe et regagner en juillet, il n’y aurait rien de plus beau”. Après être passé par les Ardennaises et le Tour de Romandie, il se concentrera donc sur la préparation de la « Grande Boucle » en altitude.

D’ici-là, comme lors de Paris-Nice, il continuera de courir après un succès, lui qui n’a plus gagné depuis une étape du Tour du Limousin, il y a trois ans et demi. “Je n'ai pas gagné depuis longtemps. J'aurais été content de gagner à Majorque et je serais super content de gagner n’importe où”. Pour ce faire, il compte sur l’excellente dynamique de son équipe, avec un Rui Costa qui, à 36 ans, semble retrouver ses meilleures jambes, ou un Kobe Goossens impressionnant depuis le début de l’année. Parmi d’autres. “J'ai déjà connu ça chez DirectEnergies. Il y avait beaucoup de joie et d'enthousiasme dans l'équipe. Dans le monde du travail, peu importe le milieu, ça joue beaucoup, notamment sur la motivation”.

Il considère donc retrouver sensiblement la même chose chez Intermarché-Circus-Wanty cette année. “L'équipe s'est énormément professionnalisée, elle a comblé pas mal de retard par rapport à ces dernières années. Et elle a un recrutement juste ! Beaucoup de gens s'étonnent de voir des coureurs comme Rui Costa, Louis Meintjes ou moi-même retrouver un bon niveau mais il ne faut pas oublier qu'on parle de coureurs qui ont gagné de grosses courses. Rui Costa a été Champion du Monde, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il puisse gagner à Majorque ou à Valence”. Bridé chez AG2R Citroën, pas franchement dans son assiette, il se sent lui-même retrouver des ailes. “Si les coureurs sont heureux et que vous les mettez en confiance, ça marche. Mais quand ces coureurs-là sont cantonnés à un rôle d'équipier toute l'année dans certaines WorldTeam, ils ne peuvent pas exploiter leur plein potentiel. Ils sont à 80%”.

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