David Lappartient : « Il n'y a rien de centralisé dans le vélo »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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En septembre denier, il était beaucoup question de la fusion entre Jumbo-Visma et Soudal-Quick Step. En octobre, l'arrêt des négociations entre ces deux équipes hégémoniques a été annoncé. Durant cette phase de pourparlers, le président de l'UCI David Lappartient a mené des discussions avec les deux parties. Bien qu'il garde le mystère sur les motifs de cette fusion avortée, il souligne que, du point de vue sportif, cette divergence est un mal pour un bien. "On parle d'un rapprochement de la 2e avec la 3e équipe en 2023. Il y a cinq équipes qui dominent le WorldTour et on a un deuxième peloton qui suit derrière. Si le premier peloton se concentre sur lui-même, on risque d'avoir une différence absolument énorme", avertit-il au micro de DirectVelo.

Cette histoire met en lumière la fragilité économique des équipes. "Même les meilleuresC'est une question qui nous alerte. Cela illustre les éléments stratégiques des actionnaires qui souhaitent voir évoluer leur investissement dans les équipes". C'est d'ailleurs en partie dans cette logique que l'idée de « Super League » a vu le jour. Pour rappel, le projet est parti de cinq formations WorldTour dont Jumbo-Visma et INEOS Grenadiers, qui désirent se réunir pour créer une ligue privée afin de reprendre le contrôle sur le calendrier et les droits TV dans les prochaines années. "J'y vois le prolongement des discussions que nous avons avec les équipes et les organisateurs. On n'est pas dans la logique de la Super League de foot qui voulait être en opposition à la Ligue des Champions. C'est un souhait des équipes d'être davantage acteur au niveau économique et de tirer davantage de dividendes de leur investissement. Ce qui ne semble pas être illogique. De plus, il y a des éléments dont on a parlé avec eux qui ne semblent pas incompatibles avec l'UCI".

« QUAND ON SAUCISSONNE LES DROITS, ÇA CRÉE MOINS DE VALEUR »

C'est pourquoi, dans son agenda 2030 (lire ici), le président avait émis le souhait de créer une nouvelle compagnie intégrant les droits commercialisables de toutes les parties sur la base d’un accord entre elles pour créer de la valeur. "Cette Super League part de la même réflexion. Comment créer de la valeur commune ? Il n'y a rien de centralisé dans le vélo", déplore-t-il. Le Breton prend l'exemple des classements UCI. "Ils appartiennent à l'UCI mais ils ne sont pas commercialisés. Les équipes ont des data sur ces classements et nous aussi. Trouver un partenaire représentant le WorldTour pourrait faire partie d'un pot commun. Les équipes vont dire que c'est elles qui participent au WorldTour et les organisateurs nous diront que ça se passe sur leurs courses, mais le WorldTour appartient à l'UCI. On ne pourra rien commercialiser sans accorder nos violons. Sinon, ça va être la guerre".

La commercialisation en blocs est une priorité pour le président de l'UCI. Le raisonnement est identique pour les droits télé. "À part ASO, RCS et Flanders Classics, aucun organisateur n'a la taille critique pour négocier des accords de manière individuelle. Rassemblons-les pour générer plus de revenus. Quand on saucissonne les droits, ça crée moins de valeur". Pour qu'un nouveau modèle économique puisse voir le jour, les acteurs devront donc fusionner leurs intérêts personnels.

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