Vincent Lavenu : « Il ne fallait pas tarder plus »
Tout est prêt pour 2024 du côté de la désormais nommée Decathlon AG2R La Mondiale. Des Juniors à la WorldTeam, en passant par la nouvelle équipe Continentale, la structure dirigée par Vincent Lavenu est au complet pour la saison qui débute, après avoir présenté ses effectifs ce lundi, à Lille. Nouvelle équipe Continentale, nouveau sponsor avec Decathlon, mais aussi fin de collaboration avec le club du Chambéry CF, c’est une nouvelle page qui va s’écrire. À cette occasion, Vincent Lavenu est revenu avec DirectVelo sur cette nouvelle aventure, motivée par la conjoncture actuelle qui donne la part belle à la jeunesse.
DirectVelo : La présentation de toutes les équipes de Decathlon AG2R La Mondiale a eu lieu, quel est le sentiment ?
Vincent Lavenu : J'adore quand on voit les jeunes, les gamins, avec leur bouille, leur fraicheur, leur enthousiasme... Ils ont déjà des étoiles dans les yeux, ils voient leurs grands frères dans la WorldTeam et rêvent d'y passer. On voit Léo Bisiaux qui a tenu un discours très bienveillant, il était très sollicité par d'autres équipes et il a choisi de rester avec nous. Il l'a dit lui-même, il a fait le choix des valeurs développées par l'équipe. C'est plaisant de savoir que le travail en profondeur est reconnu chez les jeunes talents. Léo, on l'a signé quatre ans. Il y a eu l'épisode Romain Grégoire, qu'on a perdu, et c'est comme ça, c'est le marché. Mais ça nous a alertés sur le fait qu'il fallait qu'on évolue, qu'on offre à nos meilleurs Juniors des perspectives de contrat pro. Donc on a conclu cette équipe Conti pour 2024 avec des talents incroyables. Avec (Léo) Bisiaux, (Oscar) Chamberlain qui était sollicité aussi, (Noa) Isidore qui a fait un an à Nantes, comme (Rasmus) Pedersen... On a des garçons de talent. Dès 2024, l'équipe pourra faire mouche sur certaines courses.
« J'AI UNE SENSIBILITÉ POUR TOUT CE QUI SE FAIT À CET ÂGE-LÀ »
C'était clairement le moment de lancer cette machine ?
Oui, il ne fallait pas tarder plus. Tout ça devait se mettre en place avec nos partenaires et ces nouvelles perspectives. Ce n'était pas évident. Mais les planètes se sont bien alignées avec le soutien d'AG2R La Mondiale qui nous a beaucoup aidés pour décrocher ce partenariat avec Decathlon. C'est un travail collectif en toute harmonie. Et aujourd'hui on est fier de présenter trois équipes. On a une offre des jeunes jusqu'au plus haut niveau, c'est formidable.
Tu as toujours suivi les jeunes, notamment dès le CCF. Tu rêvais d’en arriver là ?
J'adore ce que font les jeunes, c'est très valorisant, j'ai une sensibilité pour tout ce qui se fait à cet âge-là. J'adore voir les gamins travailler vers le plus haut niveau. Ils ont des rêves plein la tête, ils sont capables de s'engager et faire des études. Quand on voit ce qu'on a fait avec des Aurélien Paret-Peintre, Benoit Cosnefroy ou Romain Bardet... Ça donne du sens à notre métier et notre sport. On est dans le juste. On permet à des garçons de poursuivre leurs études et d'avoir des valeurs. On en retire du bien et une vraie satisfaction. Si on peut leur offrir les perspectives pour être des champions, c'est super.
« ÇA A ÉTÉ DOULOUREUX POUR TOUT LE MONDE »
Comment as-tu vécu l'arrêt du Chambéry CF ?
Ça a été douloureux. J'étais à l'origine du CCF. Mais le choix était commun. Il fallait qu'on crée une Conti, les relations ont fait que ce n'était pas possible avec le CCF. Je ne porte aucun jugement envers qui que ce soit là-dessus. On a vécu 22 ans avec le CCF, avec des satisfactions incroyables. Mais le modèle a évolué aussi, avec l'effet (Remco) Evenepoel. Tout le monde s'arrache des gamins de 19 ans. Avec les années on perdait ces coureurs-là, on devait réagir par rapport à ça. Est-ce qu'il y avait la place pour une Conti et le CCF à côté ? Il faudra peut-être y réfléchir dans le futur, pour laisser une place à des coureurs qui ont une maturité plus tardive, qui ont besoin de faire des études et ne sont pas au top niveau à 19 ans. Mais ça mobilise des moyens, et des choix ont été faits.
Tu aurais préféré une autre fin ?
Je ne sais pas si c'était inévitable, mais c'était douloureux pour tout le monde. J'ai pensé aux jeunes à qui on a dit de faire des études à Chambéry, et derrière il n'y a plus de perspectives. Mais il y a tellement d'éléments qui rentrent en compte, comme les finances, la nécessité de créer une Continentale... Est-ce qu'il y avait cette possibilité que le CCF devienne une Conti ? Ça a été débattu, mais ce ne sont pas les choix qui ont été faits. C'est comme ça.