Jérôme Gannat : « Maintenant, on attend un peu plus de performances »
La Groupama-FDJ Conti a débloqué son compteur, juste avant de présenter son effectif à Besançon, ce jeudi, au COP’S. Sur le Circuit des Ardennes, c’est Thibaud Gruel qui est allé chercher une victoire d’étape, lui qui est justement passé dans la WorldTeam plus tôt que prévu. Après une saison 2023 pour prendre des repères, Jérôme Gannat, directeur sportif, attend désormais des siens qu’un cap soit franchi. Peut-être pas pour reproduire l’année 2022 et son cru exceptionnel, mais au moins pour pouvoir envoyer des talents vers la WorldTeam à l’hiver. Jérôme Gannat a fait le point avec DirectVelo sur cette nouvelle saison qui commence pour ses protégés.
DirectVelo : Comment s’est passé le début de saison ?
Jérôme Gannet : C’est un début un peu spécial car on a commencé au Rwanda. Après il y a eu beaucoup de blessés dans la WorldTour, ce qui fait que les coureurs de la Conti ont beaucoup couru en WorldTour sur les ProSeries, Coupe de France etc. Au mois de mars on a eu quatre courses avec le Samyn, Lillers, 100 Communes et la Youngster. C’était spécial cette année, mais l’objectif est que dans les manches de Coupe de France, deux ou trois coureurs intègrent l’équipe.
Il y a eu le passage de Thibaud Gruel plus tôt que prévu…
C’était prévu en 2025 mais ça ne change pas grand-chose. Thibaud avait de toute façon un programme beaucoup étalé entre la WorldTour et la Conti. Notamment les manches de Coupe de France. Ça va plutôt changer dans la deuxième partie de saison puisqu’il va courir davantage dans la WorldTour. Mais il a fait les Ardennes, il va faire Liège, le Baby Giro… Donc ce n’est pas un changement énorme.
Cette année, la Conti a couru à plusieurs reprises en Classe 1. Est-ce que cette tendance va continuer ?
La priorité reste les épreuves de Classe 2 en France, ou en Belgique et Italie. Il n’y aura que trois ou quatre Classe 1 dans l’année. On va faire le Circuit de Wallonie avec aussi des coureurs de la WorldTour. Peut-être l’Arctic Race of Norway également.
« ILS REMPLISSENT BIEN LEUR RÔLE »
Qu’attends-tu de cette année ?
C’est quasiment la même génération que l’an dernier. Il y a huit coureurs qui restent. Ils ont eu une année d’apprentissage et de découverte. Maintenant on attend un peu plus de performances, de la progression car c’est nécessaire. Mais ça reste une année importante pour ces coureurs. Il faut passer un cap. Dans la Conti on n’a jamais vraiment fonctionné avec des leaders uniques, hormis en 2022 peut-être car on avait des coureurs spécifiques dans chaque domaine. L’objectif est que chaque coureur trouve son compte. On ne se focalise pas que sur un gars. On a un Noah (Hobbs) sprinteur, quand il est là on va se concentrer sur lui, un peu pareil avec Brieuc (Rolland) en montagne mais il n’y a pas de leader unique.
Est-ce un poids de reparler souvent de cette génération 2022 ?
L’année 2022 a été exceptionnelle sur tous les points. Sur les victoires, au classement UCI de l’Europe Tour… Ça fait partie de l’ADN. Il a fallu reconstruire un groupe, détecter des nouveaux coureurs. Je ne pense pas qu’il y ait de comparaisons car chaque coureur et chaque équipe sont différents.
Quel est l’état d’esprit des jeunes qui courent avec la WorldTour, souvent en tant qu’équipiers ?
Souvent ils n’ont pas le même rôle qu’avec le Conti. Là il y a justement des leaders donc ils doivent travailler pour l’équipe. C’est important d’évaluer ce travail, ça fait partie du job. Ils y vont plutôt pour la découverte, pas vraiment pour la performance. Ils ont toujours une crainte, comme Titouan (Fontaine) quand il a couru à Denain avec Stefan Kung. Mais à chaque fois ils remplissent bien leur rôle.
Et pour ceux qui descendent du WorldTour ?
Ça arrive moins souvent, même si ça va arriver avec Thibaud cette année. Les coureurs en WorldTour passent de plus en plus jeunes, et parfois c’est bien comme ce week-end avec Eddy Le Huitouze, ils jouent les premiers rôles et l’approche de course est carrément différente. Le coureur, ce qui l’attire, c’est quand même d’être acteur et de jouer les premiers rôles. C’est important de garder ça à l’esprit, d’être toujours attiré par la victoire. Des fois c’est compliqué en WorldTour comme on est moins dans la recherche de la performance individuelle mais plutôt collective.