Fariba Hashimi, l'Afghane qui brise les chaînes

Crédit photo Ronan Caroff - DirectVelo

Crédit photo Ronan Caroff - DirectVelo

Fariba Hashimi aime briser les chaînes invisibles qui la relient au peloton. Lors des deux jours du Grand Prix du Morbihan, la représentante du Centre Mondial du Cyclisme a été intenable. Le vendredi, dans la Classique du Morbihan, elle s'échappe avec Omer Shapira mais elle doit laisser partir la sociétaire de Doltcini O'Shea. "J'ai eu des problèmes de chaine, j'ai pris un nouveau vélo qui ne me convenait pas parfaitement", explique-t-elle après l'arrivée à DirectVelo. Mais loin de baisser les bras, l'Afghane pense alors déjà à repartir à l'attaque. "On essaiera dans d'autres courses, on verra comment ça se passera demain". Et le samedi matin, elle a remis ça en sortant du peloton en contre-attaque derrière Marie-Morgane Le Deunff. Sous son maillot du CMC et cuissard court, elle n'a pas peur de prendre du vent et elle en prend parfois un peu trop quand elle devrait se protéger dans les roues.

Fariba Hashimi est donc née il y a 21 ans en Afghanistan, trois ans après sa sœur Yulduz, elle aussi membre du CMC. Elles ont dû fuir leur pays ensemble en octobre 2021, après le retour des Talibans au pouvoir. "En Afghanistan, la situation n'est pas très bonne ces temps-ci. La politique n'est pas favorable aux femmes, tout leur est fermé", rappelle Fariba.

« MONTRER QUE LES FEMMES PEUVENT FAIRE DU VÉLO, PEUVENT TOUT FAIRE »

Pour s'enfuir de leur pays, les deux sœurs ont pu compter sur l'aide efficace d'une autre cycliste, Alessandra Cappellotto, ancienne Championne du Monde et présidente du CPA féminin. Elles s'étaient rencontrées quelques mois avant à Kaboul pour une course organisée dans le cadre de la journée de la femme. "Alessandra nous a vraiment beaucoup aidées pour venir en Italie, nous en sommes très heureuses, en matière de cyclisme, de vie, d'études. Il y a d'autres cyclistes afghanes qui vivent en Italie", apprécie celle qui s'exprime en italien. "Quand nous sommes venues d'Afghanistan en Italie, nous sommes reparties de zéro". Les sœurs Hashimi font du vélo mais plus que du vélo. "J'ai envie de dire au monde entier d'aider les femmes afghanes, dit-elle avec ses tripes. Monter sur un vélo à l'extérieur, travailler, leur est interdit. Nous voulons montrer que les femmes peuvent tout faire, du vélo et aller de l'avant".

Un an après leur arrivée en Europe, Fariba et Yulduz se sont classées 1ère et 2e du Championnat d'Afghanistan féminin, organisé à Aigle, au siège de l'UCI. Depuis le début de saison 2024, Fariba Hashimi obtient de bons résultats. 2e du Grand Prix Berra Immobilier, une course nationale suisse ou encore 10e du Giro Mediterraneo Rosa au niveau UCI (voir sa fiche DV). "Le cyclisme est un sport différent des autres et plus dur où on peut s'améliorer en s'entraînant, remarque-t-elle. À Aigle, au Centre Mondial, les conditions sont idéales pour s'entraîner avec Anna Wiese". Fariba Hashimi aimerait entretenir la flamme des Afghanes à Paris cet été. "J'espère participer aux Jeux olymiques, pour parler de toutes les femmes afghanes et pour y obtenir de beaux résultats". Mais pour rien au monde, elle ne regrette d'être montée sur un vélo il y a six ans, avec sa sœur, "sur une bicyclette normale. Je suis contente d'avoir commencé le vélo. Le cyclisme est une chose très belle".

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