Paul Brousse : « Je ne m’arrête pas qu’aux résultats »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

La sélection est tombée ce mardi. Victoire Berteau, Audrey Cordon-Ragot et Juliette Labous représenteront la France lors des courses sur route des JO de Paris. Contacté par DirectVelo, le sélectionneur de l’équipe de France Paul Brousse explique ses choix et notamment l’absence d’Evita Muzic. 

DirectVelo : Comment as-tu construit ta sélection pour ces JO de Paris ?
Paul Brousse : Il y a deux choses à prendre en compte, le chrono et la course en ligne. Au départ, on se demandait si on allait jouer nos chances ou non sur le chrono. On s’est vite dit que oui. Avec Juliette (Labous), on a la 5e du dernier Championnat du Monde. Elle est constante et en progression dans cet exercice. L’écart avec la médaille se réduit. Il ne faudra rien s’interdire, surtout à Paris devant le public français. Concernant Audrey (Cordon-Ragot), le parcours lui convient. Elle est très bien sur un effort de 40 minutes. Au dernier Championnat d’Europe, elle n’est pas loin de la médaille d’argent (à quatre secondes, NDLR). On va aussi jouer sa carte à fond pour le chrono. 

« IL PEUT Y AVOIR 10 000 SCÉNARIOS »

Il a fallu faire des choix forts pour la course en ligne… 
Les JO, c’est atypique. Il y a 90 partantes et des équipes de quatre filles au maximum, il n’y a pas les oreillettes. C’est une épreuve très particulière, bien sûr c’est une course de vélo mais ça n’a rien à voir avec un Mondial, un Championnat d’Europe ou une WorldTour. C’est un événement planétaire, ça dépasse largement le monde cycliste. Je ne croyais pas trop à tout ça jusqu’à Tokyo en 2021. Il peut y avoir 10 000 scénarios sur cette course. On l’a d’ailleurs vu à Tokyo avec la victoire d’Anna Kiesenhofer, partie dès le kilomètre 0. Tout peut se passer.

Le contexte des JO a donc pesé dans ta sélection… 
Il fallait construire une sélection très complémentaire pour répondre à tous les scénarios. Pourquoi ne pas prendre une échappée au long cours où il y aurait des grandes nations, pourquoi pas aussi jouer dans un final un peu punchy. Ça ressemblera à une Classique avec la bosse pavés de Montmartre. Victoire (Berteau) sait aller vite après une course difficile, elle peut attaquer très fort à quelques kilomètres de la ligne. Audrey aura le rôle de capitaine, capable grâce à son expérience d’être un vrai relais. 

Pour le moment, elle semble plutôt en retrait… 
Il faut voir le rôle qu’elle a dans son équipe (Human Powered Health, NDLR). Sa formation joue souvent la carte de Daria Pikulik et plusieurs fois, ça a fait mouche. Audrey bosse beaucoup pour les autres. Je ne m’arrête pas qu’aux résultats. Comme je l’ai dit, l’idée est d’avoir une équipe complémentaire.

« ON NE PEUT PAS COURIR TOUS LES LIÈVRES À LA FOIS »

L’absence d’Evita Muzic peut surprendre...
Elle a prouvé de très belles choses. Sur la Vuelta, elle a battu Demi Vollering sur une arrivée au sommet. C’est une des meilleures grimpeuses du monde, il n’y a aucun doute là-dessus. Elle a aussi amélioré ses qualités de puncheuse mais j’ai souhaité resserrer les rangs et miser sur une fille dans le final. On ne peut pas courir tous les lièvres à la fois, on doit savoir qui on doit remonter. Avec seulement trois filles, il faut faire des choix. On voit sur le Tour des Flandres que Victoire est avec les meilleures dans les bosses. Elle sait aussi aller vite. Bien sûr, ce sont des choix difficiles à faire. Avec quatre places, ça aurait été différent. 

Victoire Berteau devrait aussi participer aux épreuves sur piste…
La sélection piste ne sort que fin juin. Là, je sélectionne Victoire pour participer à la course en ligne, pas pour les quotas de la piste (avec sa présence, la France pourra ainsi retenir cinq filles en endurance, NDLR). Ce n’est pas lié du tout à ça. Et il suffit de regarder la saison que fait Victoire sur la route… 

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