Huub Artz : « Cette fois, je veux savourer »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Huub Artz réalise décidément une sacrée saison. Pour sa dernière année dans les rangs Espoirs et avant de rejoindre la WorldTeam Intermarché-Wanty en 2025, le Néerlandais - actuellement dans l’équipe réserve - a remporté, samedi dernier, la septième étape du Tour d’Italie Espoirs (voir classement). Un résultat qui confirme l’excellente première partie d’exercice 2024 du lauréat de Gand-Wevelgem U23. “Il est vraiment solide. Ce qu’il a fait sur cette étape du Giro est impressionnant car il a failli abandonner après une chute. Il a cru que c’était fini mais il a montré de grosses qualités mentales en plus de sa grande force physique”, synthétise son directeur sportif, Kévin Van Melsen. Présent sur les routes du Giro Next Gen toute la semaine, DirectVelo en a profité pour faire le point avec un coureur très complet et qui semble encore loin d’avoir exploré tout son potentiel. Entretien.   

DirectVelo : Tu as vécu une sacrée journée samedi lors de la 7e étape du Tour d’Italie Espoirs !
Huub Artz : Je suis tombé lourdement dans une descente en début d’étape. Mon Giro aurait vraiment pu se terminer à ce moment-là. J’étais très déçu car c’était une chute malheureuse alors que je me sentais vraiment bien. J’ai cru voir mes derniers espoirs de performer sur cette course s’envoler. Mais je me suis battu et j’ai pu rentrer sur le peloton.

« J’AI DÛ ATTAQUER PLUS TÔT QUE JE L’AVAIS IMAGINÉ »

Avant d’attaquer peu de temps après…
Je suis resté une petite demi-heure dans le peloton et j’ai fait le bond sur l’échappée. En quelque sorte, cette chute et ce moment de stress m’ont donné beaucoup d’adrénaline. Je me suis dit que tout était possible. Je savais que cette étape était très intéressante pour moi, l’échappée pouvait aller au bout. Je n’ai pas lâché et ça a payé.

As-tu rapidement compris que c’était la bonne échappée ?
Oui et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai tâché de ne jamais mettre un coup de pédale en trop dans ce groupe de tête. Puis dans la montée finale, comme ça ne montait pas très vite, j’ai eu peur que le groupe des favoris ne revienne sur nous alors j’ai dû attaquer plus tôt que je l’avais imaginé. Mais j’ai pu tenir jusqu’au bout et j’en suis très heureux.

Tu remportes donc une étape difficile du Giro Next Gen à Zocca après avoir gagné Gand-Wevelgem et terminé, entre autres, dans le Top 10 à Roubaix et Liège. Tu sembles être capable de briller sur tous les terrains !
Je ne sais pas encore vers quoi me spécialiser. Avec mon entraîneur, on essaie simplement de continuer sur la lancée de ce que l’on fait depuis le début de saison car ça marche très bien. J’essaie de toucher à tout, de progresser dans tous les domaines. Je vais rejoindre la WorldTeam l’an prochain et ce sera assurément une année de découverte durant laquelle je vais encore beaucoup apprendre. Ensuite, à partir de 2026, il sera sûrement temps de se spécialiser mais j’ai encore du temps devant moi pour ça.

« CIBLER DES COURSES OU DES ÉTAPES »

Mais y’a-t-il tout de même des types de course que tu préfères à l’instant-T ?
Pas vraiment. Je m’amuse sur tous les terrains. J’ai envie de devenir plus fort, prendre de la masse, quelques kilos. Ce ne sera peut-être pas l’idéal pour la montagne mais je crois pouvoir briller sur les Classiques à terme. Si j’arrive à trouver un équilibre physique qui puisse me permettre d’être toujours plus performant sur le plat et les Classiques tout en étant encore capable de grimper convenablement, ça pourrait être super intéressant pour moi. Typiquement, cette combinaison-là m’a permis de gagner cette étape du Giro. J’ai pu garder de l’énergie sur la première partie de course, malgré la chute, et j’ai ensuite pu pleinement m’exprimer dans la dernière montée.

Ce doit être sacrément plaisant de pouvoir jouer devant toute l’année peu importe les profils !
Oui (rire). C’est sympa mais à l’inverse, ça peut aussi devenir compliqué dans le sens où j’ai besoin de me fixer des objectifs précis, de cibler des courses ou des étapes lors d’une course par étapes. Il ne faut pas se disperser non plus.

Cette année, tu as aussi brillé avec les pros en terminant 3e d’étape au Tour d’Oman et 11e du Tour de Norvège, juste avant ce Tour d’Italie Espoirs. T’attendais-tu à réaliser une telle saison ?
Pas vraiment. J’étais ambitieux mais je n’imaginais pas gagner Gand-Wevelgem, encore moins de cette façon-là. J’étais vraiment aux anges. Gagner de cette façon, en solitaire… Je ne l’avais pas imaginé une seule seconde. Tout se passe très bien depuis le début d’année. En fait, tout s’enchaîne si vite que je n’ai même pas véritablement le temps d’apprécier tout ça. J’ai quand même connu un moment difficile lors de ma chute au Tour de Bretagne. J’ai dû me faire violence pour revenir à la compétition au plus vite à un bon niveau. J’apprécie peut-être plus cette victoire d’étape au Giro que Gand-Wevelgem car après m’être battu pour revenir au niveau, je prends plus conscience des efforts que ça demande. Cette fois, je veux savourer. Gagner ici est une fierté. 



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