Eglantine Rayer : « Une saison vraiment pourrie jusque là »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Il y a deux ans, Eglantine Rayer quittait Saint-Martin-de-Landelles en larmes, et plutôt en colère après avoir manque le titre, et même le podium du Championnat de France Juniors après un scénario frustrant. Ce samedi, la coureuse du Team dsm-firmenich PostNL a de nouveau quitté sa Normandie avec la larme à l'œil, mais cette fois pour de bonnes raisons. Sa coéquipière Juliette Labous est devenue Championne de France, alors qu'elles n'étaient que deux à porter les couleurs de la WorldTeam sur l'épreuve. Après un début d'année galère et un Tour de Suisse fantomatique, Eglantine Rayer s'est confiée à DirectVelo sur ce soulagement de retrouver enfin une bonne dynamique.

DirectVelo : Tu exultes comme si tu avais gagné !
Eglantine Rayer : Je suis mélangée entre joie et soulagement. Ça fait longtemps que j'attends, j'ai eu une saison vraiment pourrie jusque là, un mois de mai horrible où je ne pouvais pas rouler, j'ai enchainé les galères et les chutes. Là j'avais besoin d'un truc pour me rebooster et Juliette (Labous) ne pouvait pas faire mieux aujourd'hui. Je lui ai dit pendant la course, à l'avant dernier tour, "franchement, c'est pour toi". Quand j'ai bouché le trou, je ne pensais qu'à elle et au fait qu'elle allait avoir le titre. Je le sentais. Ça m'a fait le même sentiment que lorsque j'ai eu les titres en Junior. On sent quand il y a un truc qui est en train de se passer. Et là je sentais vraiment que c'était pour elle. J'ai trop hâte de la voir avec le maillot bleu-blanc-rouge.

Tu as contribué à ce titre en prenant en main la poursuite !
Quand j'ai vu qu'il y avait 40 secondes et que personne ne voulait rouler avec moi, je me suis dit que ça allait être compliqué. J'avais les jambes, je ne sentais rien. Rien à voir avec le Tour de Suisse où je pétais après deux kilomètres tous les jours. Ça a été vraiment dur mentalement, je me suis remise en question sur beaucoup de choses. Aujourd'hui j'étais vraiment forte, avec le public et tout ça....

« J'AI FONDU EN LARMES »

Le plan était-il défini de la sorte ?
On n'avait pas de plan pour être honnête. On était avec Tanguy Turgis dans la voiture qui a juste briefé Juliette, je suis arrivée au milieu et ils savaient déjà qu'il ne fallait pas me compter dedans parce qu'en Suisse je n'étais pas du tout capable de les aider. Je voulais voir où j'en étais. Et me faire plaisir sur le vélo parce que ça n'a pas été le cas ces derniers mois. Toute ma saison a été compliquée. Mais là, j'ai mon quota de bonheur pour la saison. J'ai l'impression que Juliette a toujours porté du bleu-blanc-rouge, ça lui va vraiment bien (rires). 

Comment as-tu vécu l'arrivée et la victoire de Juliette Labous ?
Au kilomètre, j'entendais des gens dire que Juliette allait être Championne de France. Je me suis dit que le sprint n'était peut-être pas passé, je ne savais pas trop la situation à l'avant. Plus j'avançais, plus on me disait que Juliette était Championne de France. Je ne voulais pas trop m'exciter parce que si j'étais trop contente et que si ce n'était pas le cas, ça aurait été bizarre. Je regardais le tableau, il n'y avait pas son nom. Et en passant la ligne j'ai entendu Marion (Hérault-Garnier, speaker, NDLR) dire qu'elle était Championne de France. Là j'ai fondu en larmes, c'était un pic de bonheur. Elle ne pouvait pas me faire de plus beau cadeau.

Tu en avais donc besoin...
Je partais sur le principe que ma saison allait être pourrie jusqu'au bout. En plus il ne me reste pas tant de courses pour être honnête. J'étais partie sur l'idée que c'était une année sans et que ça allait le rester jusqu'au bout. Aujourd'hui, je suis super contente de ramener le titre et en plus j'avais des bonnes jambes. Donc maintenant, je suis pressée de faire les prochaines courses qui arrivent. Même si je ne fais pas de Grand Tour, j'ai envie de limiter les dégâts après le coup de massue au Tour de Suisse. J'espère continuer sur cette lancée. J'ai un peu de temps à la maison avec une bonne période d'entrainement qui arrive. 

« CE N'EST PAS L'IDÉAL »

Il y a deux ans, ici même, tu avais échoué au pied du podium de la course Junior, battue par les Bretonnes. Tu es réconciliée avec Saint-Martin-de-Landelles ?
Je suis reconciliée à 100% ! Il y avait plein de gens qui nous soutenaient Juliette et moi. Le Mont-Saint-Michel est magnifique, la région est magnifique (sourire). Qu'elle gagne en Normandie, c'est trop bien ! Je n'y ai pas pensé parce que je suis venue complètement sans pression, je m'attendais à faire comme en Suisse. J'ai fait trois jours de récupération sans rien. Et on voyait où ça me menait. Je ne pensais pas au circuit, je n'ai même pas fait la reco. Je voulais seulement m'amuser et retrouver le plaisir. C'est le cas donc c'est cool. 

Comment va s'articuler la suite pour toi ?
J'aimerais bien aller au Tour de l'Avenir en août. D'ici là je n'ai rien de prévu, donc ça va être une bonne période d'entrainement où il va falloir garder la tête hors de l'eau. Ça va me motiver à fond. Puis il y a le Tour de Romandie en septembre, certainement. Mais au-delà de ça, ce sera certainement tout... Ce n'est pas l'idéal, je ne m'entraine pas juste pour m'entrainer. Surtout avec ces derniers moments difficiles. Mais le titre va me faire du bien au moral pour cette période. Ça me servira pour l'année prochaine car celle-ci a été une saison sans. Espoir 3, ça va vite (sourire), mais ce sera de bonnes bases pour l'année prochaine.

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