Vicente Rojas, le seul espoir du Chili

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Il a été l’un des principaux acteurs du Tour du Val d’Aoste (2.2U). 6e puis 3e d’étapes après avoir longtemps cru qu’il allait pouvoir l’emporter à Champoluc, Vicente Rojas a perdu gros le dernier jour : sa place sur le podium final - il termine 4e - et le classement de la montagne, cédé au Colombien Guillermo Juan Martinez à égalité de points (56 chacun). “Je me souviendrai quand même en bien de cette course. Il s’est passé tellement de choses ! C’était le moment le plus intense pour moi sur une course européenne, jusque-là. L’année dernière, j’avais fait de bons résultats mais c’était au niveau national, en Espagne. Là, c’est la première fois que j’ai touché la victoire du doigt sur une course internationale, d’un tel niveau. J’ai adoré ce moment-là”, se réjouit le néo-pro de la formation VF Group-Bardiani CSF-Faizanè au moment de tirer le bilan de sa semaine italienne.

« LE CYCLISME CHILIEN EST PRESQUE MORT »

Pour le Chilien, tout est encore nouveau ou presque, comme il avait pris le temps de l’expliquer à DirectVelo depuis son hôtel de Montjovet, quelques minutes avant le repas du soir, entre les quatrième et cinquième journées de compétition. “Mes parents sont tous deux professeurs de sport à l’école. J’ai toujours fait beaucoup de sport depuis tout gamin ; football, course à pied, escalade… Puis quand j’ai essayé le cyclisme pour la première fois, ça a été le coup de foudre, tout simplement. Ça s'est fait assez tard, à 15 ans”, raconte-t-il en revenant sur son parcours. Au Chili, le cyclisme sur route est un sport mineur. Malgré sa passion, Vicente Rojas n’a pas pu enchaîner les compétitions comme il l’aurait aimé dans les jeunes catégories. “Dans les années 90 et 2000, le cyclisme avait plus d’importance au pays. Le Tour du Chili était un bel événement qui rassemblait beaucoup de monde, de passionnés. Des formations italiennes venaient ici. Mais depuis, le cyclisme chilien est presque mort. Il y a très peu de compétitions”.

Ainsi, lorsqu’il participait à des compétitions en Juniors, il n’affrontait généralement qu’une grosse quinzaine de coureurs de son âge. “Du coup, on nous mettait aussi avec les plus grands pour que ça fasse un peloton plus important. On était une cinquantaine en tout, généralement”. Désireux de faire de sa passion son métier, le petit grimpeur de poche comprend rapidement qu’il doit traverser l’Atlantique. Il se lance l’an passé en rejoignant un club espagnol, Supermercados Froiz, en Galice. “J’ai une grande reconnaissance envers les membres du club. Ils ont tout fait pour moi. J’avais un appartement, on me payait les courses… Je n’avais aucune dépense. On ne me demandait qu’une chose : m’entraîner et courir, c’est-à-dire ce que j’aime le plus !”. Il assure qu’à 20 ans, quitter le nid familial et son Continent n’a pas été trop difficile. “En Espagne, ça reste la même langue et de toute façon, je n’avais pas de petite-amie au Chili”, plaisante-t-il.

« J’AVAIS DU MAL À Y CROIRE »

En Espagne, Vicente Rojas enchaîne les bons résultats et gagne plusieurs courses. Le tout alors qu’il avait d’ores-et-déjà été repéré par la ProTeam de Bardiani dès le mois de janvier 2023. “J’ai disputé le Tour de San Luis avec l’équipe nationale du Chili et je me suis plutôt bien débrouillé avec une 15e place au général. C’est là que j’ai eu un premier contact avec la Bardiani. Au début, j’avais du mal à y croire”. Le staff des vert-et-blanc suit l’évolution du Sud-Américain tout au long de l’année puis se décide à lui faire signer un contrat pro. “Je n’avais pas vraiment de plan de carrière même si je sais que tout peut aller très vite maintenant. Franchement, en arrivant en Espagne, je n’avais pas prévu de passer pro dès l’année suivante. Je suis le seul Chilien professionnel actuellement, c’est très spécial pour moi”.

Désormais, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. “Je veux continuer de progresser, bien sûr, mais sans trop me projeter ou établir de plan à moyen et long termes. Le but pour l’instant, c’est de devenir le coureur le plus complet possible”, précise le grimpeur. “J’adore la montagne mais je ne veux pas devenir un pur grimpeur. J’aimerais jouer le classement général des courses par étapes et pour cela, il faut être bon partout”. Et notamment en contre-la-montre. “Je suis monté sur un vélo de chrono pour la première fois pour la première étape du Giro Next Gen. Il va falloir que je m’y mette un peu plus souvent à l’avenir, sourit-il. Je serai quand même toujours plus à l’aise dans les cols”.

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