Tashkent City : « Nous avons hésité à venir »

Crédit photo A.S.O / Charly Lopez

Crédit photo A.S.O / Charly Lopez

Ce mercredi matin, Gleb Groysman, directeur sportif de Tashkent City, nourrissait l'espoir de voir une ou deux de ses coureuses atteindre l'arrivée à Liège. Son souhait a été exaucé : Yanina Kuskova s'est classée 62e, à 9'38" de Puck Pieterse (voir classement), et sera présente au départ de la 5e étape du Tour de France Femmes à Bastogne ce jeudi. Ce résultat apporte une grande satisfaction au staff du collectif ouzbèke, éprouvée depuis le début de ce Tour de France Femmes. En effet, Asal Rizaeva, Mohinabonu Elmurodova, Madina Kakhorova et Ekaterina Knebeleva ont été contraintes à l'abandon dès le premier jour, tandis que Margarita Misyurina et Nafosat Kozieva ont jeté l'éponge sur les pentes ardennaises ce mercredi.

Cette modeste structure Continentale, manifestement en deçà du niveau de la compétition, a obtenu sa place grâce aux résultats obtenus la saison dernière, puisque deuxième meilleure équipe Continentale au classement UCI de 2023. Or, ASO se devait d'inviter les deux premières équipes, à savoir Cofidis et donc Tashkent City. Au total, Tashkent City a accumulé 1 708 points en 2023, en participant à seulement deux courses professionnelles en Europe. Notamment, en monopolisant l'intégralité du Top 10 du Championnat d'Ouzbékistan, engrangeant ainsi 393 points en une seule course, sans réelle concurrence - les Championnats nationaux appliquent le même barème UCI dans tous les pays dont un représentant a participé au Championnat du Monde Élite -. Dans des courses UCI au pays, pour contourner la règle imposant un minimum de quarante participantes pour obtenir des points, les dirigeants ont engagé dans l'équipe nationale d'autres coureuses issues de leur formation afin d'atteindre ce seuil. 

DES PLEURS TOUS LES JOURS

Cette quête de points avait un objectif clair : les Jeux Olympiques. "Nous avons ainsi réussi à obtenir trois places : une pour le contre-la-montre et deux pour la course en ligne", explique Gleb Groysman, interrogé par DirectVelo. Olga Zabelinskaya et Yanina Kuskova étaient ainsi présentes à Paris. La participation au Tour de France Femmes s'est ajoutée en bonus. "Pour être honnête, nous avons hésité à venir. Il s'agit d'un vol de six à sept heures. De plus, nous disposons de moyens financiers quasi inexistants. La Fédération ouzbèke finance nos billets d'avion. Nous manquons de vélos, de roues, et nous n'avons tout simplement pas de staff professionnel. Nos ressources humaines et matérielles sont extrêmement limitées". Constituer une équipe a d'ailleurs été un véritable défi. "Nous ne comptons que trois coureuses Élites. Les autres sont des U23, comme (Asal) Rizaeva et (Mohinabonu) Elmurodova, qui viennent de sortir des Juniors". Cette situation est éprouvante pour les jeunes athlètes. "Elles pleurent chaque jour. Elles sont conscientes des critiques". 

Néanmoins, Gleb Groysman insiste sur l'importance de cette participation pour le cyclisme ouzbek. "C'est une expérience négative, certes, mais c'est un pas en avant. Lorsque je suis arrivé il y a trois ans, il n'y avait rien. Lorsqu'une coureuse chute, je ne peux pas la remplacer. Je dois attendre qu'elle se rétablisse et tout recommencer. Malgré ce vivier limité, nous avons réussi à nous qualifier pour les JO et le Tour, ce qui est considérable". Il admet cependant avoir tiré le meilleur parti des règlements UCI. "C'est à eux de modifier les règles". C'est chose faite puisqu'une équipe nationale ne peut plus engager des coureurs d'une équipe présente dans la même course. Cette question ne se posera même plus en 2025, avec l'introduction de la catégorie ProTeam, qui réglera ce problème automatiquement. ASO sera alors simplement tenu d'inviter les deux meilleures équipes Continentales de 2024, qui accéderont à la catégorie ProTeam la saison suivante.

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